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RÉFORME

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de la destruction des autels qui, par ordre royal, furent partout remplacés par dos tables, placées, en gênerai, au bas des marches conduisant au sanctuaire.

Les croques licnriciens, à leur tête Gardiner et Bonner, avaient proteste contre ces destructions ; à la lin de l’année 1 55 1, cinq d’entre eux étaient déposés, deux autres contraints de démissionner. Les sièges vacants furent donnés à des hommes peu recommandables, franchement acquis aux idées luthériennes ou calvinistes. Le plus intéressant de ces nouveaux évoques est John Hoopku, qui a mérité le titre de père des non-conforiui- tes », en poussant à l’extrême l’austérité calviniste.

Le Iluok of common prayer lit des martyrs, comme les six articles d’Henri YIM, et servit à persécuter la princesse Marie. En ib’n, il était corrigé sous rinlluei.ee toute-puissante des théologiensallemands et suisses. On maintenait, malgré l’opposition violente de Knox, la coutume de recevoir la communion à genoux ; mais cette rubrique, la fameuse rubrique noire, était imprimée sans autorisation du Parlement. Edouard VI était très malade. Le conseil écarta du trône Marie, fille d’Henri VIII etde Catherine d’Aragon, parce qu’elle était catholique, et désigna lady Jaxk Gruv, petite nièce de Henri VIII, qui avait pour elle l’épiscopat et une partie de la noblesse. Edouard VI mourut le 6 juillet 1553, et lady Jane fut proclamée reine ; mais la nation en masse acclama la princesse Marie, qui entra à Londres le 3 août iô53.

III. Marie Tudor essaye de rétablir le catholicisme (1553-1558).

i » Les débuts du règne. — Les débuts furent heureux. Marie pratiqua une politique de tolérance. Elle pardonna aux rebelles qui avaient proclamé lady Jane, se bornant à livrer au bourreau trois de leurs chefs : Northumberland, JohnGates et Thomas Palmer. Elle refusa d’envoyer à la mort Jane Grey. Les évêques d’Edouard VI furent emprisonnes et les évéques henriciens rétablis sur leurs sièges. Gardiner devint chancelier de l’université de Cambridge, Cranmer fut simplement déposé ; on allait fixer sa pension, quand il protesta contre les « horribles sacrilèges de La messe ». Là-dessus, on le mit à la Tour. Le Parlement abrogea en bloc toutes les lois établies sous les deux règnes précédents et qui instituaient de nouveaux crimes de haute trahison, et même toute la législation religieuse d’Edouard VI. Malgré l’opposition de Gardiner, la reine épousa le 01s de Charles-Quint, le futur Puilippk IL Ce fut une lourde faute politique, car ce prince était suspect aux Anglais. Un jeune seigneur que Marie avait délivré de la Tour, Edouard Cochtbnay, en prit prétexte pour tramer des complots contre sa bienfaitrice ; le plus sérieux fut celui de Wyatt, qui faillit s’emparer du château royal et n’échoua que grâce à l’intrépidité de la reine. Soixante rebelles furent exécutés, dont Jane Grey et son père. L’exécution de cette jeune fille de dix-sept ans, qui n’avait joué qu’un rôle passif, fut certainement une nouvelle faute.

La révolte de Wyatt eut pour conséquence de pousser le gouvernement à des actes d’énergie pour i istaurer la religion romaine. La moitié de l’épiscopat fut renouvelée en moins d’une année, les prêuariés furent privés de leur emploi ; Cranmer, Latimer et Ridley jouissaient néanmoins d’une certaine liberté à la Tour ; tout un lot de prédicateurs luthériens et calvinistes, qui avaient été en grande faveur sous Edouard Vf, furent enfermés dans li : sprisons de Londres. Il restait à réconcilier le royaume avec le Saiut-Siège. Tache dillicile, parce

que, depuis trente ans, l’autorité du pape avait été oubliée et calomniée ; les possesseurs de biens ecclésiastiques craignaient d’être obligés de rendre gorge. Le pape et la reine ayant déclaré qu’ils ne seraient pas inquiétés, la Convocation du clergé et le Parlement acceptèrent l’autorité du pape. La réconciliation solennelle eut lieu le 30 novembre 15.Vj, à Westminster : le cardinal Pôle représentait le pape. Cet acte servit de prétexte à un petit groupe de luthériens ardents, pour calomnier Marie et commettre des attentats qui alarmèrent le gouvernement.

a* Retour à la politique de répression contre l’hérésie. — Marie régnait depuis une année et demie et personne n’avait été mis à mort pour ses opinions religieuses. Mais, pendant tout ce temps, hérétiques et traîtres avaient conspiré ensemble contre la reine. Le Conseil, inquiet, parvint à persuader la souveraine, qui détestait la persécution, de la nécessité de faire revivre les anciennes lois de Richard II, Henri IV et Henri V, sur l’hérésie, qu’elles punissaient du bûcher. Elles entrèrent en vigueur le 20 janvier i.j55. Dès le surlendemain, une commission composée d’évéques et de membres du conseil fit comparaître dix prédicateurs luthériens enfermés à Newgate. John Taylor et l’évêque Barlow se rétractèrent partiellement et furent renvoyés en prison. Hooper, Rogers furent dégradés et brûlés, ainsi que John Bradford, Roland Taylor et Laurent Saunders.On y joignit six hérétiques moins connus, du comté d’Essex. Les trois évêques Ridley, Latimer, et Cranmer étaient en prison depuis avril 1554 ; les deux premiers furent jugés le 28 septembre 1555 par trois de leurs collègues, et !e 16 octobre suivant montèrent sur le même bûcher. Le procès de Cranmer fut plus long. Convaincu d’hérésie, d’adultère et de haute trahison il fut brûlé à Oxford, le 21 mars 1556. Le malheureux, dans l’espoir de sauver sa vie, avait écrit jusqu’à sept rétractations d’où toute dignité était absente. Sur le bûcher il se ressaisit, revint sur ses rétractations et mourut avec courage.

La loi contre les hérétiques aboutissait à des actes qui répugnent particulièrement à notre époque. Le 6 février 1557, les corps des professeurs hérétiques Bucer et Fagins furent exhumés et brûlés sur la place du Marché, à Cambridge ; à Oxford, celui de la femme de Pierre Martyr, une ancienne religieuse morte depuis des années, fut jeté sur un tas de fumier. Pôle, ordonné prêtre le jour même de la mort de Cranmer, puis créé primat de Cantorbéry et légat du pape, avait hérité de l’influence de Gardiner, mort en 1555. Il essaya en vain d’arrêter la souveraine et son Conseil sur le chemin dangereux de la politique de sévère répression. Il en devint même suspect au pape Paul IV. Celui-ci avait, d’autre part, vu avec peine l’alliance de l’Espagne et de l’Angleterre, qui contrecarrait sa diplomatie, et il en marquait quelque froideur à Marie. La pauvre reine souffrait de l’absence de son mari, retourné en Espagne, de plus elle attendait un enfant ; ses espérances furent déçues. Sa santé déclina rapidement ; le 17 novembre 1558, elle s’éteignit doucement, soutenue jusqu’au dernier jour par les messages quotidiens de Pôle, qui mourut douze heures après sa souveraine. On l’a appelée Marie la sanglant ?. L’opinion publique a été émue par le supplice de 300 hérétiques, et les historiens protestants les plus connus l’ont accusée d’avoir été cruelle et vindicative. La publication des papiers d’Etat et des correspondances des ambassadeurs a été bonne pour sa mémoire. Marie avait un caractère élevé, beaucoup de droiture ; elle se résigna à regret, et après avoir