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REFORME

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XXIX à LXXXV1I de la collection, Brunswick, 1863-io, oo, — Herminjard, Correspondance des réformateurs dans les pays de langue française, 9 vol. Genève, Paris, Baie, Lyon, 1866-1897, — Mémoires de l’Institut national, de Genève, — Mémoires de la Société d’histoire et d’archéologie de Genève, — Bulletin de l’Institut national, Genève. — Bulletin de la Société d’histoire du protestantisme français. — Bonnet, Lettres de Jean Calvin, 2 vol. Paris, 1 8">4 (c’est à ce dernier recueil que nom avons emprunté le discours de Calvin mourant aux pasteurs).

b) Ouvrages à consulter. — Emile Doumergue, Jean Calvin, les hommes et les choses de son temps, 5 vol. Lausanne, 1899-1917, ouvrage de haute érudition, mais déparé par un ton de panégyrique trop continu et un style très négligé. — Abel Lefranc, La jeunesse de Calvin, 1888. — lios sert, Vie de Calvin, Paris, 190$. — Kampschulte catholique) Johann Calvin, seine Kirche, und sein Staat in Genf, 1869 — August Lang, Zwingli und Calvin, Bielefeld und Leipzig, 1913. — Heyer, L’Eglise de Genève, esquisse historique de ses diverses constitutions, avec la liste de ses pasteurs et professeurs, Genève, 1909. — Georges Goyau, Une Ville-Eglise : Genève, 2 vol. Paris, 19 19. — J. Ant. Gautier, Histoire de Genève, 9 vol. Genève, 1898-1914, — J- Gaborel, Histoire de l’Eglise de Genève, depuis le commencement de la Réformalion, jusqu'à nos jours, Genève, 3 vol. 1850-18(')2. — Alfred Franklin, Vie de J. Calvin par Th. de Bèze, (avec une préface très intéressante), publiée et annotée, Genève, 1859. — Abraham Ruchat, Histoire delà Réformation de la Suisse, 6 vol. Genève, 1727. — Florimond de Ræmond. La neissance, progrez et décadence de l’hérésie de ce siècle, , 6 5. — Théodore de Bèze, Histoire ecclésiastique des Eglises réformées au royaume de France. — La vie de Calvin par Bèze se trouve dans le tome XXI des Opéra Calvini, en trois rédactions, datées de 1564, [566, 1575. — M. Doumergue a repris son panégyrique de Calvin dans une brochure intitulée : Le Caractère de Calvin, Paris, éditions de foi et vie, 192 1.

L. Cristiani.

VI. — LA RÉFORME EN ANGLETERRE LES ORIGINES (1 509-1 645)

I. _ Henri VIII sépare l’Eglise d' Angleterre de Rome, 150q-1547. — II. Le protestantisme est introduit sous le règne d’Edouard VI, 1 547-1 553. — III. Marie Tudor essaye de rétablir le catholicisme, 15531558. — IV. Elisabeth et l’Eglise anglicane, 15581603. — V. Les vicissitudes de l’Eglise anglicane sous les Sti.a-ts jusqu'à l’exécution de l’archevêque Laud, 1603-1645.

I. Henri VIII sépare l’Eglise d’Angleterre de Rome (150g 1547). — i° Les premiers mouvements réformistes. — La révolution religieuse qui a été commencée par Henri VIII pour des motifs personnels peu avouables, complétée et organisée par ses successeurs ou avec leur assentiment, a éclaté à un moment où nul ne pouvait la prévoir. Il ne faudrait pas croire, pourtant, qu’elle fut un accident isolé et sans précédent dans l’histoire du peuple anglais. La révolution a eu ses précurseurs, hommes d’Etat et hommes d’Eglise, dont les idées exercèrent une influence considérable sur les principaux acteurs de ce long et douloureux drame, qni aboutit à la destruction de la vieille religion nationale, puisa l'élaboration du dogme et de la discipline de l’Eglise anglicane.

On sait combien les rapports entre l’Eglise et les puissances temporelles se tendirent vers la fin du Moyen -Age. Les conflits ne furent nulle part plus fréquents et plus graves qu’entre l’Angleterre et le Saint-Siège. A lalinde salongue luttecontre Alexandre III, Henri II, vaincu et abandonné de ses sujets, avait été contraint de s’agenouiller sur la tombe de l’héroïque Thomas Becket ; Jean sans Terre, déposé par Innocent III, avait reçu la couronne en fief de la main du pape. Bien qu’il fût un mauvais prince, la nation anglaise avait vu avec peine l’humiliation de son roi.

Ces conflits provoquaient dans toute l’Europe d’ardentes discussions. Les légistes, amis ou ministres des princes, trouvèrent, pour leur lutte contre la papauté, des alliés précieux dans les universités les plus célèbres de ce temps, parmi les docteurs et le clergé. Auxive siècle, un moine, Guillaume d’OcCAM, né dans le comté de Surrey, posait, dans un dialogue entre un soldat et un clerc, la question, singulièrement hardie à cette époque, de la primauté du SaintSiège. La « Vision de Pierre le laboureur » écrite probablement parun clerc, était très goûtée du’nienu peuple et des paysans. Or l’auteur, qui s’attaquait à toutes les classes de la société, s’acharnait particulièrement contre le pape et les prêtres.

Qnelques-unes des idées doctrinales essentielles de l’Eglise anglicane sont clairement exposées, dès le xiv' siècle, dans les écrits de John" Wyclïfi-, les prédications des « pauvres prêtres », ses disciples, et les théories communistes des Lollards. Wyclyff rejette l’autorité du pape et de l’Eglise et reconnaît l’Evangile pour l’unique loi du chrétien. Toute la doctrine sur les sacrements, exposée dans les xxxix articles de 1562, est un germe dans ses écrits authentiques. Les opinions de Wyclyff et de ses amis menaçant l’Etat autant que l’Eglise, le gouvernement s'émut ; les efforts combinés du roi et du pape réussirent à briser les forces des réformateurs. Leurs doctrines subirent une longue éclipse sur le sol de l’Angleterre. Mais Jean Huss les reprenait dans l’Europe centrale. Plus tard Jérôme de Prague, Luther, Calvin, Zwingle y feront de larges emprunts. Par leur intermédiaire et celui de leurs disciples, elles feront leur rentrée en Angleterre dans les dernières années de Henri VIII et surtout sous les règnes d’Edouard VI et d’Elisabeth. Les Anglicans appellent Wyclyff « l'étoile du matin de la Réforme ». Ils ont raison ; car c’est à lui que remonte ; par des voies tant directes qu’indirectes, la paternité première de l’anglicanisme.

Dans les premières années du règne de Henri VIII, trois humanistes éminents, unis par une étroite amitié, travaillèrent sans le vouloir au succès de la révolution religieuse. Ils sont connus sous le nom de

« Réformateurs d’Oxford ». Passionnés de justice, de

liberté, de tolérance, ils ont rêvé d’une Eglise purifiée, large, dégagée des querelles dogmatiques, réunissant les peuples chrétiens en une fraternelle communauté. L’aîné d’entre eux, John Colbt, doyen de Saint Paul, avait été, à Florence, le disciple du philosophe néo-platonicien Marsilc Ficin, et l’admirateur de Savonarole. Il 01, à l’Université d’Oxford, des leçons sur les Epitres de Saint Paul. Elles eurent un succès éclatant, le professeur protestait contre la théorie de l’inspiration verbale des saintes Ecritures et négligeait entièrement les commentaires des docleurs scolastiques. Erasmk, de Rotterdam, élève de l’université de Paris, se trouvait parmi ses auditeurs. C’est lui qui écrira, quelques années après, dans la maison de Thomas More, la satire mordante, souvent injuste, qu’est 1' « Eloge de la Folie », destinée à un immense retentissement. La Folie, coiffée du bonnet