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REDEMPTION

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Il est écrit : Pour cou », nous sommet livret à la mort tout le jour, on nout a regardes comme des brebis destinées à l’abattoir (Ps., xliii, 22). Mais dans toutes ces épreuves nous triomphons largement, par Celui qui nous a aimés. J’ai l’assurance que ni la mort, ni la vie, ni les anges, ni les principautés, ni les choses présentes, ni les futures, ni les puissances, ni la hauteur, ni la profondeur, ni quelque autre créature ne pourra nous séparer de la charité de Dieu en Jésus-Christ Notre Seigneur.

c) Portée religieuse de la Rédemption. — Au regard de Dieu, la mort du Christ a le caractère d’un sacrifice propitiatoire ; au regard des hommes, elle est la source de biens nombreux dans l’ordre du salut.

Rom., iii, a5 : « Dieu l’a présenté comme victime propitiatoire, aux yeux de la foi, par son sang, pour manifester sa justice par le pardon des péchés. » iv, 25 : « Il a été livré pour nos péchés, il est ressuscité pour notre justification. » v, i : « Justifiés par la foi, nous avons accès vers Dieu par lui. » — I Cor., v, j :

« Il est la victime de notre Pàque. » Cf. II Cor., 

v, 15.ai ; Gal., i, 4 ; ii, 20 ; Eph., i, 7 ; 11, 13 ; v, 2. 25.26 ; Phil., 11, 8 ; Col., i, 20.22.

L’épltre aux Hébreux développe ex professo l’idée du sacrifice rédempteur.

Adressée à des cbrétiens sortis du judaïsme et tentés de regarder en arrière vers leur ancienne observance, elle leur présente trois motifs pressants de n’espérer de salut qu’en Jésus-Christ, trois supériorités décisives de la Loi chrétienne sur la Loi mosaïque. Ce sont : i° l’avènement d’une économie meilleure ; 2 la médiation d’un Pontife plus auguste ; 3° un sacrifice d’un plus grand prix.

Et d’abord, l’avènement d’une économie meilleure, Heb., i-iv. L’ancienne économie, promulguée par des hommes, laissait l’humanité douloureusement consciente de l’intervalle immense qui la sépare de Dieu. L’économie nouvelle, promulguée par le Fils de Dieu en personne, comble l’abîme, par le fait d’une condescendance ineffable de Dieu envers l’homme. Désormais, ce ne sont plus des anges qui ont la charge de l’univers : le Fils de Dieu, abaissé un peu au-dessous des anges, voit l’univers sous ses pieds. Cependant, il s’en faut encore que tout lui soit pleinement soumis : c’est afin d’achever cette conquête qu’il a voulu souffrir la mort pour tous. Ainsi conduira-t-il à la gloire d’innombrables enfants de Dieu.

Ici intervient la médiation de Jésus-Christ, Pontife de la Nouvelle Alliance (Heb., v — vin). Tout pontife, pris d’entre les hommes, est médiateur d’office auprès de Dieu. Il doit présenter les dons et les sacrifices pour les péchés ; d’ailleurs, il doit savoir compatir à l’ignorance et à l’égarement, étant lui-même environné de faiblesse. Ilest pontife, non par choix, mais par vocation divine : tel Aaron, appelé par Dieu à l’honneur du sacerdoce ; tel, à plus forte raison, le Christ, à qui Dieu dit : « Tu es mon Fils ; je t’ai engendré aujourd’hui » ; et encore : « Tu es prêtre à jamais, selon l’ordre de Melchisédech. » Melchisédech, roi de Salem, prêtre du Très-Haut, roi rie justice selon l’étymologie de son nom, roi de paix selon le nom de sa terre, apparaît dans la Genèse comme la plus haute personnification du sacerdoce : Abraham, vainqueur de Chodorlahomor, lui offre la dime de son butin. La loi mosaïque devait consacrer le principe de la dlme, que les prêtres, issus de Lévi, prélèvent surle peuple. Or Abraham, père de la tribu lévitique, s’était incliné lui-même devant la majesté sacerdotale de Melchisédech, en lui offrant la dîme. Par là, on peut mesurer de quelle hauteur le sacerdoce de Melchisédech surpasse le sacerdoce lévitique. Et l’on comprend la

déchéance de ce sacerdoce, lié à une loi d’ordonnance charnelle. Comme cette loi elle-même, il a fait son temps ; mais le sacerdoce de Melchisédech possède la vigueur d’une vieindestruclible ; il demeure àjamais, pour introduire les hommes près de Dieu. Jésus-Christ est vraiment le Pontife qu’il nous fallait : saint, innocent, immaculé, séparé des pécheurs, élevé au-dessus des cieux, il n’a pas besoin, comme les prêtres lévitiques, d’offrir chaque jour des sacrifices pour ses propres péchés, en même temps que pour ceux du peuple : par l’unique oblalion qu’il a faite de lui-même sur la croix, il a consommé à jamais l’œuvre de sanctification.

Et ici apparaît le prix incomparable du sacrifice rédempteur, propre à la Loi nouvelle (Heb., ix, x). L’Ancien Testamentavait son tabernacle, comprenant le Saint et le Saint des saints. Dans la partie antérieure, appelée le Saint, les prêtres entrent en tout temps pour accomplir leur ministère ; dans le Saint des saints, le grand prêtre seul pénètre une fois l’an, après s’être couvert du sang qu’il offre pour ses fautes et pour celles du peuple. Survint le Christ, Pontife des biens attendus : couvert, non plus du sang des boucs et des taureaux, mais de son propre sang, il a pénétré, une fois pour toutes, dans le Saint des saints, c’est-à-dire dans le ciel, et consommé une rédemption éternelle (Heb., ix, 12). Ce que ne pouvait pas le sang des boucs et des taureaux, le sang du Christ le peut : il purifiera nos consciences des œuvres de mort, pour nous faire dignes adorateurs du Dieu vivant, il nous mettra pour jamais en possession de l’héritage promis.

Au terme de cette exposition, toutes les idoles du judaïsme charnel sont tombées successivement aux pieds de Jésus-Christ : Moïse et la Loi, Abraham et son peuple, le grand prêtre et le temple, toutes ces choses surannées sont abattues, le christianisme purement spirituel peut s’établir sur ces ruines : c’est le triomphe de la Rédemption de Jésus-Christ. Telle est, dans ses grandes lignes, la théorie de la Rédemption, que saint Paul ne cesse de ramener dans sa prédication et qu’il développe avec toute son âme, mais qu’il se défend d’avoir créée ; d’autant qu’il rapporte expressément à la tradition le fondement sur lequel tout repose, c’est-à-dire la valeur rédemptrice de la mort du Christ, I Cor., xv, 3 : « Je vous ai transmis tout d’abord l’enseignement que j’ai moi-même reçu, à savoir que le Christ est mort pour nos péchés, selon les Ecritures. » Cf. I Cor., xi, a3 : « J’ai reçu du Seigneur l’enseignement que je vous ai transmis. » Gal., 1, 12 : « L’Evangile que je vous ai prêché n’est pas de l’homme. Je ne l’ai pas reçu de l’homme par voie d’enseignement, mais par révélation de Jésus Christ. » Ces paroles semblent bien signifier que l’Apôtre se réclame d’une révélation immédiate ; néanmoins elles n’excluent pas la tradition commune des Apôtres, avec laquelle il prit la peine d* confronter sa propre doctrine’Cal., 11, 2), et à laquelle sa parole fait souvent écho.

Cette doctrine renferme, à titre de partie intégrante, l’idée que le Christ a voulu prendre, lui innocent, la place du genre humain coupable, et, comme chef du genre humain, acquitter personnellement la dette du péché. Cela résulte de textes tels que I Cor., XV, 3 : X/51rrè{ àmiOcnitu i/TÙp tCiv è.uapTt&v ii/i&v xoctk t<*< F’py.- T « i. La préposition iirip signifie proprement : en faveur de. Elle implique entre le Christ et les rachetés une solidarité qui s’affirme dans tout l’enseignement de saint Paul, soit qu’il emploie ùrtip, Rom., v, 6. 7. 8 ; viii, 32 ; xiv, 15 ; I Cor., 1, 13 ; xi, 24 ; II Cor., v, 15. 21 ; Gal., 11, 20 ; iii, 13 ; Eph., v, 2 ; I Tint., 1, 16 ; TH., 11, 14.", ou mpl : I Thes., v, 10…, soit qu’il recoure à des tournures équivalentes :