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REDEMPTION

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la eréation à saint Paul. Il faut réfuter cette prétention.

Nom distinguerons trois groupes dans les écrits apostoliques :

g i. Evangiles synoptiques.

§ a. Epitres de saint Paul.

S 3. Autres écrits du NT.

§'

Evangiles synoptiques

Avant de trouver dans les épltres de saint Paul son plein développement, le mystère de la Rédemption avait été clairement énoncé par le Christ en personne ; l’Evangile en fait foi. Mais les allusions à ce mystère sont relativement rares et fugitives dans les premiers temps de la viepublique du Christ ; au contraire, à dater de la confession de saint Pierre, elles deviennent fréquentes et précises. Nous le montrerons brièvement, en commençant par cette dernière période.

A. Dernière période du ministère de Jésus. — a) La confession de Pierre est suivie immédiatement d’une allusion explicite à la mort violente de Jésus, allusion consignée dans les trois évangiles synoptiques, Mt., xvi, 21 =zMc., viii, 31 = Lc, ix, aa.

A cette première allusion, succèdent plusieurs autres, également communes aux trois synoptiques :

Alt., XVII, 32. 23r=.'V/c, IX, 3 I =£< :., IX, 44

Mt., xx, 18. iq = : Vc, x, 33. Zlt = Lc. t iviii, 31-33.

Mt., xxvi, 24 — Me., xiv, 21 =tc, xxii, 22.

Si l’on s’attache à un seul évangéliste, on en trouve un plus grand nombre ; par exemple pour le seul Me, viii, 31 ; îx, g-13 ; 30-32 ; x, 32-34 ; 38-40 ; 45 ; xiv, 6-8 ; 18-21 ; a4-27 ; 42. Les textes ont été cités, d’après saint Marc, à l’article Jésus Christ, t. II, i ^2 1 -i 423, et nous sommes heureux d’y renvoyer. Tel de ces textes vise expressément l’oracle d'/s., lui, ia ; voir Lc, xxii, 37 : « Il faut que s’accomplisse en moi cette Ecriture : « Il a été mis au rang des malfaiteurs, t Car ce qui me concerne touche à sa tin. »

Notons encore la parabole des vignerons infidèles, commune aux trois synoptiques, parabole transparente où les Princes des prêtres devaient se reconnaître et puiser une haine implacable contre Jésus : Aff., xxi, a3-46=iiVc., xii, i-12 = Lc., xx, 9-19. Cet épisode doit être rangé parmi les prophéties de la Passion.

Des textes si nombreux, si explicites, ne se laissent pas arracher sans violence de la trame des évangiles. Nous sommes donc fondés à affirmer que, tout au moins dans cette période finale de sa vie, Jésus annonça maintes fois sa passion, par laquelle U devait consommer la Rédemption du monde.

b) Une attention spéciale est due à une prédiction qui se lit chez deux évangélistes et qui renferme la mention expresse du dessein rédempteur : Mt., xx,

28 = Mc, X, 45 : 'OYii ; rcrj codpb’iT.Gj si* r, /6tv S « xxovrjSf, von yj’j's OtkxOi’ffvai r.x’i B’iwa.t rr, -j pvyr.j airsi /ùrpov à.vri ve/i.Siv.

« Le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi, 

mais pour servir et donner sa vie comme rançon d’un grand nombre. Le verset n’est nullement suspect au point de vue critique, ni obscur au point de vue exégétique ; et il a fallu toute la force du préjugé rationaliste pour lui opposer une On de non -recevoir. Chr. Baur a, l’un des premiers, rejeté l’authenticité de ce texte, dans ses Vorlesungen ûber die NTlickê Théologie (1864), en attribuant son origine à l’activité des premiers chrétiens, inspirée de /s., lu. lui. Bien des critiques lui ont fait écho. Les uns y voient l’expression d’une tradition anonyme (IlvnXACK, J. Hoffmann, Eichhorn…) ; d’autres y ont dénoncé l’influence de saint Paul (J. II. Holtzmann, Pflbidbrbr, Loisy…). Le prétendu pauli Tome IV.

nisme de saint Marc n’a rien à voir ici ; ceux qui le font intervenir devraient bien commencer par expliquer deux choses : 1" pourquoi la forte personnalité de l’Apôtre se fait par ailleurs si discrète, que sa théologie de la Rédemption n’a laissé dans l'évangile de saint Marc d’autre trace que cette allusion rapide ; a° pourquoi le seul des trois synoptiques à passer sous silence une parole si caractéristique est précisément celui qui eut avec Paul les relations les plus intimes et les plus prolongées, le plus vraiment paulinirn, à savoir saint Luc. Par ailleurs, cette sentence du Seigneur se présente très naturellement chez saint Matthieu et chez saint Marc, comme conclusion de l’avertissement donné aux fils de Zébédée. Quant au sens des mots Soùscu rw <pny_r, v '/.ùrpov èartl nous », il ressort de l’usage biblique, et particulièrement de l’usage du NT. Il s’agit de rançon, et donc d’acquisition à titre onéreux. Que l’on consulte E. Hatch et A. Rkdpath, A Concordance ofthe Septuagint… (Oxford, 1790), au mot X-Jrpov. On verra que ce mot se présente ao fois dans l’AT. Il répond 6 fois au mot Kôpher (Ex., xxi, 30 ; xxx, 12 ; Num., xxxv, 31. 32 ; Prov., vi, 35 ; xiii, 8) ; 5 fois à la racine gâal (Lev., xxv, a4- 26. 51. o2 ; xxvii, 31) ; 7 fois à la racine phâdâh (Ex., xxi, 30 ; Lev., xix, 20 ; Num., m, 46. 48. 49- 51 ; xviii, 15) ; 1 fois à la racine mehir (/s., xlv, 13) ; cequi éclaire parfaitement le sens. Voir d’ailleurs Josèphb, A. /., XIV, vii, 1 : Xùrpo » àvrl iteivTuv. Le mot kirpov ne se lit pas dans /s., lii, 13liii, 12 ; mais l’idée de rédemption par la souffrance résume, très exactement le sens de ce passage capital, etl’on ne peut douter qu’une réminiscence d’Isaïe ne soit à la base de M 't., xx, 28 ; Me., x, 45 La conclusion est corroborée par la présence de la préposition « vn, qui marque, dans le NT., substitution, Mt., ii, 22 ; xvii, 27 ; Le., xi, 1 ; I Cor., xi, 15 ; Heb., xii, a ; lac, iv, 15 ; ou rétribution, Mt., v, 38 ; Io., 1, 16 ; Rom., xii, 17 ; I Thés., v, 15 ; Heb., xii, 16 ; I Pet., m, 9. Rapprocher, quant au prix de la vie, ou à la vie comme valeur d'échange, Mc, vOi, 3^ : T « yè.p Srj miSpuTTot ; cr.vTà))x-//j.<x rf, s <p-jyfj : v.ùtcîi ; Sur ce point de lexicographie, consulter l’article exhaustif de A. Médbbibllb, La vie donnée en rançon, dans Biblica, 1923, p. 4-40- — Voir encore ci-dessus, art. Jésus Christ, 14 19-1/122.

c) L’idée de Rédemption, sous la forme particulière de sacrifice propitiatoire, se représente avec une grande force dans les documents relatifs à l’institution de l’Eucharistie ; soit qu’on s’attache à la tradition des deux premiers évangiles (Mt., xxvi, 28 :

T5ÛT9 -/dp 'eirtv ri « t]uâ jxoj rf& otaû/ixrn ri nepi ito'/l&v ixynjjvi/j.sv^v s<$ "aj>î7Cï dfia.priOv — cf. Mc, XIV. 24) soit

qu’on s attache à la tradition paulinienne(I Cor., xi, 24.25 : Toûrd fi.o> 'ejTtK ri sû/iot ri ùnip ùfi&v… Toûto ri vorrjpio-j h xæv/) StixSrjxr) iorîv Iv rû sp-Cb atfiKri — cf. Le.,

xxii, 19.20). Ces textes ont déjà été étudiés ci-dessus (art. Eucharistie, t. I, 1549-1552et 1563-1567). Nous n’y insisterons pas, sinon pour souligner l’idée de sacrifice propitiatoire, impliquée dans ces mots : we/ji TO//ÛV… ùnkp ùpûv, et rehaussée parle contexte, qui met le sacrifice du Christ en parallèle avec les sacrifices de l’ancienne Alliance.

B. Première période du ministère de Jésus. — Nous reviendrons maintenantenarrière pour relever, dans la première période du ministère de Jésus, les traces, assurément plus rares et plus fugitives, du mystère delà Rédemption douloureuse. Cet effacement relatif, de la pensée qui inspira toute la conduite de Jésus, s’explique par des considérations d’ordre général sur lesquelles nous n’avons point à nous appesantir : dessein pédagogique du Sauveur à l'égard de ses Apôtres ; il s’agisstit de les amener par degrés à des dispositions dont ils étaient d’abord fort éloignés, de

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