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QUIÉTISME AU XVII » SIÈCLE

tju’il se dirige. Son procès d’ailleurs a clé versé au dossierde Pelrucci et deMolinos ; et comme Romiti joignait à ses idées sur l’oraison des libertés suspecvec ses pénitentes, sa condamnation a eu son influence dans la cause des deux docteurs dont il dépendait.

7. Quiétistes romains (1685-iGcj8). — En 1685, ont lieu à Rome le procès des deux frères Leoni, l’un marchand, l’autre prêtre ; celui de Pierre Pefia, secrétaire de Moliuos : tous trois sont férus du molinosisme. Parla suite, de nombreuses condamnations suivirent encore, sur lesquelles il faudrait, pour être éclairé, communication des dossiers du SaintOlfice.

Deux religieux augustins déchaux, le P. Benigno et le P. Pietro Paolo, de Rome, furent poursuivis et punis, un peu plus tard (1698), pour pseudo-mystique et immoralités rivalisant avec celles de Molinos.

8. Ouvrages italiens condamnés comme quiétistes (1687-1690). — Il convient de signaler quelques ouvrages italiens mis à l’index, à la suite de la condamnation de Molinos.

Paolo Rocchi, oratorien. Pas de l'âme par le chemin de pure foi (1677), condamné le 15 mai 1687.

Benedetto Bischia, oratorien. Brefs documents pour les âmes (1682) ; Jésus, miroir de l'âme (1680) ; Enseignements spirituels (1680) ; condamnés le 5 février 1688.

Tomaso Menghini, dominicain. L'œuvre de la divine grâce (1680), condamné le i « r avril 1688.

Sisto de Gucchi. Chemins de la contemplation, condamné le 7 juin 1690.

C) En France

1. Guérinets de Picardie (1634). — Par la Flandre et l’Arlois, qui devinrent français sous Louis XIV seulement, le quiétisme des Pays-Bas espagnols — que nous avons mentionné plus haut — pénétra en Picardie sous le règne de Louis XIII. On les découvrit, dit Pluquet, en 1634 ; et le roi de France donna contre eux des ordres si sévères qu’ils ne tardèrent pas à disparaître.

2. Jban dk Bkrnikrbs, Benoît db Canfrld, Hbnri Boudon (1659-1675). — Jean de Bernières-Louvigny, trésorier de la généralité deCæn, morten 1669, a laissé des écrits que ses amis firent imprimer. Ces Œuvres spirituelles et aussi le Chrétien intérieur public par le P. Louis d’Argentan, ont été mis à l’index, les premières le 1 1 décembre 1690, le second le 26 juillet 1689.

De même la Règle de perfection réduite au seul point de la volonté divine. Ce livre de Benoit de Canfeld, cet Anglais devenu capucin en France, fut condamné le 21 avril 1689.

De même le Dieu seul d’Henri Boudon, le saint archidiacre d’Evreux, paru en 1674, fut condamné le 9 septemlire 1688.

Ces ouvrages, dus à la plume d’hommes d’une haute piété et d’une vie exemplaire, ne sont devenus suspects qu’après les ravages opérés par la Guide. La similitude de quelques expressions n’empêche pas que ces écrivains n’eussent une spiritualité plus active et infini nient plus saine que celle de Molinos.

3. Jkan Drsmakbts di< Saint-Sohlin (1658). — Ce Parisien, l’un des fondateurs de l’Académie française, n’a pas seulement composé des vers sur des sujets de morale et de religion, mais en outre un livre singulier, Les Délices de l’esprit (1659), où il a développé ses idées sur le Christianisme, et encore sur la vie intérieure. Nicoi.k l’a beaucoup discuté dans les Visionnaires ; pour un peu, il le tiendrait pour le

plus coupable des « homicides spirituels » qui fuient jamais. En réalité, la spiritualité de ce laïque était

meilleure que celle de Port-Royal, quoi qu’il en soit de la bizarrerie du livre et de certaines opérations où Dcsmarets fut entraîné par son zèle religieux.

4. François Malaval (1664-1670). — Ce laïque marseillais fut de son temps, en son pays, une sorte d’oracle ecclésiastique. Sa piété, sa vertu, son savoir lui valurent un crédit extraordinaire. De bonne heure, il lit un traité en latin sur l’oraison, qui jamais ne fut imprimé. En 1 66/j, il publia la Pratique facile pour élever l'âme à la contemplation. En 1670, le volume s’augmenta d’une préface et d’une deuxième partie. La première partie avait été rééditée en 1666 et en 1668 ; l’ouvrage entier le fut en 1685 elen 1687. Il y eut, en plus, comme il a été dit plus haut, des traductions italiennes.

L'édition française de 1679 est dédiée au cardinal Bona. L’illustre cistercien et le laïque marseillais furent encorrespondance. Ce haut patronage et le succès obtenu n’empêchèrent pas la Pratique facile d'être combattue, menacée d’une condamnation. Dès qu’il se vit en péril, Malaval tâcha de prévenir le coup, d’abord par ses amis de Rome, le prélat Fabroni, l’oratorien Baldncci, le professeur de la Propagande Giovanni Pastrizio ; puis directement par des mémoires envoyés au Saint-Office et au cardinal Lauria. La condamnation de la Guide entraîna celle de la Pratique facile (24 mars 1688).

Bien qu’il ait été en relations épistolaires avec Molinos, auplus tard en 1681, Malaval est unhomme de mœurs pures et d’intentions droites. Il n’a de commun avec l’hérésiarque espagnol, que l’effort pour rendre la contemplation facile et aussi générale que possible et une notion fausse de la contemplation continue. Il distingue cinq catégories d’hommes qui ne sauraient entrer dans la voie de la contemplation : les impétueux, les malades, les grossiers, les faibles et les pécheurs. Tous autres sont capables de l’oraison de quiétude. L’usage de la méditation est récent. Le plus grand nombre de ceux qui méditent pourraient contempler, s’ils le voulaient, ou s’il y étaient autorisés par des directeurs plus souples en leurs méthodes de prière.

5. Les PP. Joseph Sunm et Fhançois Guilloré, jésuites (1662-1675). — Le Catéchisme spirituel du P. Surin a été mis à l’index, en 169.5. Pour voir à quel point celle condamnation tient aux circonstances, il suffit de se souvenir que ce Catéchisme enseigne une doctrine toute pareille à celle des Fonde ments de la vie spirituelle, livre de Surin, approuvé par Bossuet. Il paraît peu probable que Bossuet ait donné sa voix à un auteur quiéliste.

Les livres spirituels du P. Surin sont nombreux. Presque tous ont été publiés après sa mort. Dans son Traité de l’amour de Dieu, dans ses Dialogues spirituels, dans les Fondements de la vie spirituelle aussi bien que dans son Catéchisme, il revient, sans cesse et sous toutes les formes, à cette condition d’un * cœur vigoureux », indispensable à une vie intérieure digne de ce nom. Il est impossible qu’un disciple fidèle du P. Surin s’endorme dans la paresse spirituelle, même avec le prétexte de laisser faire Dieu.

A cause d’une page sur le sommeil mystique, ou des éloges qu’il a donnés à Malaval, dans un chapitre des Progrès de la vie spirituelle (1675), on a cru parfois pouvoir rapprocher Guilloré des quiétistes. Nicole, nous le savons par une lettre de lui, le vise, bien qu’il ne le nomme pas, dans son Traité de l’oraison. Le P. Guilloré esta lui-même son meilleur défenseur. L’endroit des Progrès où il recommande la Pratique facile de Malaval, contient une nette protestation contre les quiétistes. Dans ses Conférences spirituelles (1683), en parlant de l’oraison de