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PURGATOIRE

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suggéréeque par voie de déduction, en observant que l’erreur origéniste, qui attribue au feu de l’enfer une vertu purificatrice, témoigne en faveur d’un feu réel.

Le terrain est plus ferme avec saint Basile, qui parle comme d’une réalité du fou purificateur, .j xx9xprtx ; j isvpit, du lieu assigné à l’amendement des âmes, où l’ange a pris le charbon dont il purifia les lèvresd’Isaïe, ^wi : j xettaftr/ueG -^jyù-j. In Is., vi, G, P. G., XXX, 435 ; ix, lii, ibid., col. 51q.

Saint GnéooiM dk Nazianzr explique le texte de Mint Paul, 1 Cor., iii, [3-l6, en l’appliquant au feu du Purgatoire, sans se prononcer toutefois sur sa nature. Or, 111, Adeosqui ipsum acciverant nec occurrerant, P. G., XXXVI, 5a4. Mais la pensée de saint Grégoire dk Nyssb est tellement manifeste que les Grecs, au Concile de Florence, ont été réduits, pour défendre leur thèse du feu métaphorique, à rejeter comme apocryphes les textes invoqués par les Lalins. Or.pio mort., P. 6)..XLYI, 5a5. Nous avons à nous purilier de nos péchés, soit pendant notre vie, soit après notre mort, dans la fournaise du feu purificateur, ciy. r< ; i t’ji, /.v&olç.’iCoj T.’jpiz ganii’ocg.. Cf. De Ctmsolaiione etpost mortem, stalu anim., P.G., L, <)~, 100 ; Or. de infant., P. G..XLVI, 168.

Des témoignages favorables seraient fournis également par saint Isidore dk Pklisk, Epist., I, cccl, Lampetio, P. G., LXXVIII, col. 381, et par Basile db Sklf.ucib, Or. xviii, In David., P. G., LXXXV, aa5. 11. n’en est pas moins vrai que le témoignage de la tradition grecque reste incertain dans son ensemble et ne fournit qu’un argument probable en faveur de la réalité du feu du Purgatoire.

2. Dans l’Eglise latine. — Le point d’appui est ici plus solide. Dès le 111e siècle, Tbrtullibn, en rappelant la vision de saintePerpétue, fait allusion au feu puriticateur, par lequel ceux qui meurent dans le Christ gagnent l’entrée du ciel. De anima, lv, P. L., 11, 7/42. De son langage métaphorique, il serait vain de tirer aucune conclusion relativement à la réalité de ce feu ; il n’an est pas moins remarquable que l’idée de feu soit ainsi associée dès l’origine à l’idée du Purgatoire et revienne comme naturellement en d’autres passages de ses écrits. Cf. Apol., xlvii et XLviii, P. L., I, 519, 5a5 ; De anima, lviii, P. L., II, jho. — Saint Cypribn en parle comme d’une chose bien connue de tous, et rien n’insinue qu’il ne s’agisse point d’un feu réel, purgari diu igné. Ep., ad Anton., P. /.., IIL786.

Pour saint Hilairb, c’est le feu du jugement qui purifie en brûlant, qui consume toutes les fautes légères, feu véritable d’après le contexte. Mais de quel jugement ? Même s’il s’agit du jugement dernier, il est encore intéressant, pour la question présente, de noter cette purification des fautes légères par un feu réel. In Ps., cxviii, 3, P. Z,., IX, 5 19. Voir la préface de l’édition bénédictine, n. 8, ibid., col. m. — La pensée de saint Ambroisb se dégage avec netteté. Pour entrer au ciel, il faut passer par le glaive de feu qui brûle, mais ne consume pas : allusion, d’ailleurs fréquente chez les Pères, à l’épée flamboyante de l’archange gardien du paradis(Ge «., m, 25). Mais plut loin, l’explication obvie est donnée :

« Tous nous avons à passer par les flammes ».

In Ps., cxviii, 3, P. /.., XV, 1229 ; ibid., 20, 1487. Ailleurs :

« Tous nous serons éprouvés par le feu, et si

nous ne sommes pas entièrement consumés, nous ne serons pas toutefois sans brûlures », In Ps., xxxvi, a6, P. L, XIV, 980. Cf. Or. in Theod., P. L., XVI, 138ô. — Saint Jeromb, In Is., xviii, 46, P. t., XXIV, C78, n’est pas moins explicite, surtout si l’on tient compte de la correction apportée par le codex ambrosien.

« Et sicut diaboli et omnium negatorum atque

impiorum… credimus aeterna tormenta, sic pecca tuium ctiam christianorum, quorum opéra in igné probanda s uni atque purgando, moderatam arbitramur et mixtam clementiac sententiam judicis. » Mais cette croyance n’est pas du tout donnée comme adhésion à une vérité de foi.

La question de la réalité du feu du Purgatoire se pose très nettement avec saint Augustin. Au début, l’hésitation est grande. Cf. De (ide et oper., xvi, 29, L. P., XL, 217. Puis la pensée se précise et s’affermit. Les écrits contre les Manichéens ne font ressortir aucune distinction de nature entre le feu de l’enfer et celui du Purgatoire : « vel ignem purgationis, vel poer.am aeternam ». De Gen. adv. Manich., II, xx, 30, P. L., XXXIV, 21, où il déclare que la peine du feu, au Purgatoire, dépasse tout ce que l’on peut souffrirsur la terre, P. /.., XXXVI, 397. Cependant, loin de faire de cette question une question de foi, le saint docteur émet sa pensée comme une pure opinion, Enchiridion, lxix, P. L., XL, 265. Il se garde bien de l’imposer. « Certains iidèles seront-ils après cette vie condamnés à passer par une sorte de feu qui les purifie, per ignem quemdum purgatorium, il n’y a rien là d’incroyable et l’on peut très bien s’enquérir de ce qu’il en est, se faire une opinion arrêtée, comme aussi rester dans le doute », De octo Dulc. quæst. 12, P. L., XL, 1 55. Cf. De Civ. Dei, XXI, xxvi, P. L., XLI, 746. Mais le sentiment d’Augustin n’est pas douteux. Les Grecs en convenaient eux-mêmes au concile de Florence, tout en accusant ce grand docteur d’avoir imaginé cette doctrine pour combattre plus efficacement l’origénisme et détourner une grave erreur par une erreur moindre. Révoltante et piteuse défense, dont lit justice aussitôt l’indignation des Latins. Voir Mgr Petit, op. cit.. Documents, iv et v. Plus franchement, les Protestants ne font plus difficulté de reconnaître que la doctrine actuelle des catholiques sur le Purgatoire ne diffère pas de celle de saint Augustin. Harnack, Lehrbuch der Dogmengeschichte, Berlin, t. III, p. lia.

A partir desaint Augustin, il est fait mention couramment du feu du Purgatoire, dans les écrits des Pères, sans que les textes indiquent, en quelque manière que ce soit, qu’il s’agit d’un feu métaphorique et non d’un feu réel : Saint Paulin de Nolb, Epist., xxviii, P. L., LXI, 510 ; Epist., ad Paulam vin, P. /,., LXI, 722. De même saint Césaire d’Arles, Hom., viii, P. L., XXXIX, 194. Saint Grégoire lb Grand paraît en faire un objet de croyance : « De quibusdam levibus culpis esse ante judicium purgatorius ignis credendus est. » Dial., lV, xxxix, P. L. LXXVII, 3g6. Une formule équivalente se retrouve dans saint Isidorb de Sévillb, à propos d’un péché véniel : « Hoc deliclum per ignem purgatorium, potins quant perpétua flamma, puniri credendum est. » Mais la signification dogmatique du verbe credere ne ressort ni du mot lui-même, ni du tour de phrase, ni du contexte : il faut l’entendre dans le sens général d’admettre. De ord. créai, , y.iy, 8, P. L., LXXXIII, 9 48.

Parmi les innombrables témoignages subséquents, qu’il suffise de citer : saint Eloi de Noyon, Hom., vin, P. /.., LXXXVII, 618 ; saint Julien de Toledb, Progn., i, 19, P. L., CXVI, 483 ; Alcuin, In. Ps. Poen., vi, P. L., C, b^b ; Rabais Maur, De Clerie. inst., 11, 44. P. L., CVII, 387 ; In Matth., 1, P. L., CVII, 773 ; Haymon d’Halbbrstadt, In Ps., vi, P. L., CXVI, 204 ; De var. libr., 111, 1, P. L, CXVIII, 9 33, g36 ; Paschasb Radbert, In Mat., 11, 3, P. L., CXX, 1 65 ; Gérard dk Cambrai, Acta Synodi Atreb., ix, P. /.., CXLH, 1299 ! Ansrlmb dr Laon, In Ma., xii, P. L., CLXH, 1363 ; Rupkrt, Invpoc, P.L., CLXIX, 1201 ; Hildbbbrt du Mans, Serm. LXXXV, P. L., CLXXI, 741 ; Othlon, Lib. vision., xiv, P. L.,