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PURGATOIRE

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Oa ne reprochera pas à Ohkhînb de n’avoir pas connu ni professé la doctrine d’une expiation dans

1 au delà, lui qui a cru pouvoir étendre le bienfait de* peines purifiantes à tous les grands pécheurs. Kien de plus exact que ses enseignements sur la rémission des péchés véniels clans l’autre vie d’après la doctrine de l’Apôtre (I Cor., ni). Si quelqu’un vient à mourir avec des fautes légères, il est condamné au feu qui consume les matériaux légers et prépare l’âme au royaume des cieux où aucune impureté n’entrera. « Car si vous avez bâti sur le fondement du Christ un éditice non seulement d’or, d’argent et de pierres précieuses, mais de bois, de foin, de chaume, à quoi doit s’attendre votre àme au sortir du corps ? Entrerez-vous dans le ciel avec votre bois, votre foin, votrechaume, pour déparer ainsileroyaumede Dieu ? Ou bien, en raison de ces obstacles, resterez-vous dehors sans recevoir de récompense pour votre or, votre argent, vos pierres précieuses ? Ce ne serait ju te ni d’un côté ni de l’autre. Il reste donc que vous’Livré au feu qui consumera les matériaux légers… Ce feu ne détruira pas la créature, mais ce que la créaturea elle-mêmeédilié, bois, foin et paille. Il est manifeste que ce feu détruit le bois de nos transgressions et nous remet alors en possession de la récompense de nos bonnes œuvres, tin Jerem., ii, 3, P. G., XIII, 443. 448. —Cf. A. Michel, Origcne et le dogme du Purgatoire, dans les Questions ecclésiastiques, p. 40, Lille, 1913.

Saint Cyrille db Jkrusalr.m atteste l’efficacité des suffrages, surtout du saint sacrifice, pour le soulagement des âmes souffrantes. « Nous avons confiance

« l’apporter un très grand secours aux âmes des défunts, 

en priant pour elles pendant que la victime sainte et redoutable est sur l’autel, ftlquoiqn U n i * * » Tttareieirttt ni¥j3.i nûç LjyyÂi. Nous ne tressons pas de couronnes pour 1er, morts ; iuais nous offrons à Dieu pour eux nos prières ; nous offrons surtout le Christ immolé pour nos péchés, et par là nous apaisons pour eux et pour nous Dieu qui aime les hommes. » Catech. mvstag., v, 9, P. G.. XXXIII, 1 1 i">.

Les expressions de peines purifiantes, de feu purificateur, ttvo xaOttpKMÔ », de purgatoire, jguptoi y.v.OKpt*f/.sj . se retrouvent à cette époque dans le commentaire sur Isaie conservé sous le nom de saint Basile, chez seint Grbgoipk db Nysse, dont les témoignages ne peuvent être plus déci-ifs. Cf. Saint Basil., In /*., /’. o., XXX, a30, 3’13, 37Ô, 43."), Ô19. « Quand l’Ame a quitté le corps, dit saint Grkgoirb db Nyssiî, et que la balance est établie entre la vertu et le vice, ellene peut approcher de Dieu avant que le feu purificateur n’ait enlevé toutes les souillures dont elle est contaminée. » Il faut donc expier ses fautes ou bien dans cette vie par la prière et une conduite sage, ou bien dans l’autre parle feu, Or. pro mortuis, P. G., XLVI,

02 t, ">2.">. Parlant despécheursqui viennent de quitter la terre, saint Jkan Ont ysostome insiste pour que l’on prie pour eux. « Il faut, autant qu’on le peut, leur porter secours, non par des larmes, mais par des prières, des supplications, des aumônes, desoraisons. Car ce n’est pas sans raison que ces pratiques ont été instituées, et ce n’est pas en Tain que, dans nos saints mystères, nous faisons mémoire de ceux qui ne sont plus. » Ilom., xlii, in I ad Cor., iv, /*. G., LXI, 36 1.

Au reste, la foi de 1 Eglise était alors aussi fermement établie que publiquement affirmée et défendue, puisque l’erreur d’Aérius niant l’efficacité des suffrages était condamnée aussitôt comme hérétique, et que la question des suffrages implique essentiellement l’existence d’une expiation temporaire dans l’autre ▼ie. Cf. saint Epipuanb, Huer., lxxv, 3, P. G., XLII,

.’. l4 sq.

h) Le témoignage de la Liturgie. — L’usage de prier

pour les morts au Saint Sacrifice de la messe remonte aux premiers jours de l’Eglise. Tbrtullien, loi : ci/., et saint Cyimukn, loc. cit., dans l’Eglise latine le vénèrent comme un usage consacré par les Apôtres. L’offrande du Saint Sacrifiée pour les défunts apparaît dans les Acta loannis, composés entre 160 et 170, Acta apostolica apocrypha, Leipzig, 1898, t. I, p. 186.

Saint Jban Chrysostomb invoque également pour son Eglise la tradition apostolique. « Ce n’est pas en vain que le diacre s’écrie : Pour ceux qui reposent dans le Christ. Ne l’oublions pas et songeons au soulagement qu’il est en notre pouvoir d’obtenirpourles morts. Cen’estpas en vainque les Apôtres eux-mêmes ont établi qu’il serait fait mémoire des trépassés pendant le Saint Sacrifice. Lorsque tout le peuple est assemblé et qu’il prie, les mains élevées vers le ciel et que la victime trois fois sainte est là sur l’autel, comment notre voix ne s’élèverait-elle pas avecconfiance vers Dieu en faveur des défunts ? » Ilom., xxi, in Act., 4, P. G., LX, 170.

Le Mémento des morts, sous les formes diverses, mais toutes concordantes, que nous lui connaissons au moins à partir du iv’siècle, se retrouve, en effet, dans toutes les liturgies. Après la lecture des diptyques qui renfermaient les noms des évêques et des fidèles morts dans la paix du Christ, le célébrant récitaitl’oraison dite Oratio posl nomina, par laquelle prêtre et assistants demandaient à Dieu pour ces âmes le repos du ciel. Cf. Duciiesnk, Les origines du culte chrétien, p. 214, Paris, 1908.

La formule romaine du Mémento, que Luther et tous les moines défroqués de son entourage avaient si longtemps récitée, garde dans sa concision tout l’élan de la prière. « Souvenez-vous aussi, Seigneur, de vos serviteurs et de vos servantes (suivent les noms). A eux et à tous ceux qui reposent dans le Christ, que le lieu du rafraîchissement, de la lumière et de la paix soit concédé par votre indulgence, nous vous en supplions par le Christ notre Seigneur. » De ce que le Mémento des défunts manque dans quelques anciens exemplaires du canon, par exemple dans celui du Sacranientaire gélasien, on ne saurait arguer d’une divergence dans les usages. L’omission provient, vraisemblablement, de ce que cette formule servait de cadre aux diptyques des morts, que l’on récitait sur un texte spécial, un rouleau ou autre chose de ce genre. Duchksnb, op. cit., p. 185. Cf. Sacram. Gelas., P. /.., LXXIV, ia35.

Les formules orientales sont identiques pour le fond. Un très précieux fragment de l’ancienne liturgie copte, publié en 1897 par M. Hyvbrnat, contient cette commémoraison plus développée, mais dont les analogies de forme avec le Mémento romain ne sauraient échapper. « A ces âmes, Seigneur, et à toutes les âmes dont nous faisons mémoire, et aussi à celles dont chacun garde le souvenir dans son cœur, daigne accorder le repos dans le sein d’Abraham, d’Isaac et de Jacob ; donne-leur le rafraîchissement dans ces riantes régions du paradis de la paix, où il n’y a plus ni trouble, ni gémissement. Accorde-leur les biens que tu as promis, et que l’œil n’a pas vus, que l’oreille n’a pas entendus. Bien qu’ils aient péché par égarement ou par oubli, étant des hommes vivant dans le monde et portant le poids de la chair, toi qui es le Dieu bon, l’ami des hommes, daigne leur pardonner. Car il n’est personne qui soit pur de tout péché, même s’il ne passe qu’un jour sur la terre. Reçois, Seigneur, toutes ces âmes dans ce séjour ; donne-leur le repos et qu’elles soient dignes de ton royaume céleste. » Rômische Quarlnlschrift, 1897, p. 330 sqq.

Dans l’Eglise grecque, même pitié pour les âmes souffrantes, mêmes inspirations de charité. « Exau-