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les psaumes nationaux (par ex., lxxix.lxxxiii etc.), où l’on a en vue, non les adversaires d’un particulier, mais les ennemis du peuple élu. Car le nationalisme n’esl-il pas déjà une forme de l’altruisme ? Et le sort de la religion elle-même ne dépendait-il pas du sort du peuple hébreu ? Dans la conception ancienne, l’ennemi du peuple de Iahvé était bien l’ennemi de Iahvé lui-même.

L’inspiration, d’ailleurs, loin d’être inconciliable avec ces malédictions, leur confère deux caractères particuliers, qui leur enlèvent ce qu’elles paraissent avoir de haineux.

D’abord, ces hommes inspirés par Dieu, en prononçant ces imprécations, se faisaient l’organe de la justice de Dieu, déclaraient ses jugements ou ses menaces. Puis, les menaces passant en faits, les malédictions se traduisaient en prédictions, telles que les ont considérées ordinairement les Pères de l’Eglise et S. Pierre lui-même (Act., , 20). L’usage public de ces psaumes imprécatoires, loin d’êlreimmoral, devait plutôt maintenir dans le peuple l’horreur pour le crime. Ces terribles malédictions contre les méchants devaient faire sur l’esprit des auditeurs une impression analogue à ces malédictions, non moins terribles et plus nombreuses encore, prononcées dans le Pentaieuque contre les transgresseurs de la Loi (Lév., xxvi, 14-4"j ; Veut., xxviii, 15-68).

C’est bien dans cet esprit de justice, de zèle, d’horreur pour le crime, que même des lèvres chrétiennes peuvent encore réciter ces Psaumes, sans contrevenir aux recommandations de leur divin Maître, gardant pour le péché toute la rigueur de l’ancienne Loi et nourrissant pour le pécheur toute la douceur de la nouvelle.

Bibliographie. — La plupart des questions ici traitées se trouvent développéesdans les Manuels d’Introduction spéciale à l’Ancien Testament, dans les Dictionnaires de laBible(art. Psaumes) etdansles Commentaires des Psaumes. Parmi ces derniers signalons Bossuet (Dissertatio de Psalmis), Calmet, Patrizi (Cent Psaumes, Paris, 1890), Lesêtre (Sainte Bible de Lelhielleux), Petit (Sainte Bible, Arras). De môme dans les suivants :

Ouvrages généraux (Les auteurs non catholiques sont marqués d’un*) : Card. Meignan, David roi, psalmis te, prophète. Paris, 1893. — Vigouroux (F.), Les livres saints et la critique rationaliste, vol. V, sec. 2. — Thein (J.), The Bible and rationalism. Part. II (S. Louis, 1901). — *Pinfold (J. T.), Songs of the Jewish Church. Lond., igi 3.

— *Sharpe, Sludent’s Handbook to the Psalms. Lond., 1894.

Etudes spéciales : sur I, d : Goossens (E.), Die Frage nach Makkab. Psalmen. Munster, 1 g 1 4 ; — sur IF (Doctrine) : J.Konig, Die Théologie der Psalmen. (Frib. enB., 18Ô7) ; sur If, 2 : *Balla E., Das Ich der Psalmen’, Gottingue.igi 2. — Atzberger(L.), Die Christ. Eschatologie… im A. u. N. Test. (Frib. en B., 1890), p. 40-58 ; — Durand (A.), La rétribution de la vie future dans les Psaumes (Etudes, lvxi, p.3283’|8 ; — sur II, 3 : Schilling, Vatic’niia Messiana, vol. IL — Caillard (V.), Jésus-Christ et les prophéties messianiques d’Israël, p. i.’i-ioo (Paris, iy"">).

— Corluy, Spicilegium dogmatico-biblicum, vol. II. — *Gindraux (J.), Les espérances messianiques d’Israël (Lausanne, 1900), II, p. 9-1. r >o. — Maas (A. J.), Christ in type and prophecy, 2 vol. Xew-York, 18g3. — Lagrange (J. M.), Notes sur le messianisme dansles Psaumes(Rev. Bibl., 1900, p. 3g ss. ; 188 ss.).

A. Vaccari, S. J.


PURGATOIRE

I. Existence du Purgatoire.

A. Le dogme du Purgatoire et l’hérésie luthérienne

B. Les fondements dogmatiques de la croyance au Purgatoire :

1. Les données scripturaires.

2. Antiquité de la tradition et du culte.

  • a) Témoignages traditionnels.
  • b) Témoignage de la liturgie.
  • c) Documents épigraphiques.

3. La critique protestante devant le fait traditionnel.

C. Le dogme du Purgatoire devant la raison.

1. Accord de la doctrine du Purgatoire avec les données rationnelles.

2. Convenances morales du dogme du Purgatoire.

II. Le feu du Purgatoire.

A. Controverse avec les Eglises orientales.

B. La question du Purgatoire dans l’Eglise romaine.

1. Le feu du Purgatoire et le dogme catholique.

2. Le feu du Purgatoire et l’enseignement théologique.

  • a) Le texte de saint Paul, I Cor., iii, 1 i-15.
  • b) La patristique.
    • 1) dans l’Eglise latine,
    • 2) dans l’Eglise grecque.

C. Degré de certitude de cette doctrine.

La doctrine catholique sur le Purgatoire a été Uxée par l’Eglise au concile de Florence (i^38) dans le décret d’union des Grecs, et au concile de Trente (3 décembre 1563) dans le décret sur le Purgatoire, sous les formules dogmatiques suivantes :

« Quant aux fidèles vraiment repentants qui meurent

dans la charité avant d’avoir satisfait par de dignes fruits de pénitence pour les fautes commises et pour leurs omissions, leurs âmes sont délivrées de toute souillure après la mort par des peines purificatrices (poenis purgatoriis… purgari) ; et au soulagement de ces peines servent efficacement les suffrages des fidèles vivants, à savoir les sacrifices des messes, les prières, les aumônes et autres œuvres de piété que les fidèles ont coutume d’offrir pour les autres fidèles suivant les pratiques de l’Eglise. » Decretum unionis Græcorum, dans la Bulle d’Eugène IV, Lætentur cæli.D.B., 693 (588) ; Mansi, Ampliss. Coll. Concil., t. XXXI, p. 1660.

« Si quelqu’un affirme que pour tout pécheur repentant, 

après qu’il a reçu la grâce de la justification, la faute est si entièrement remise et la condamnation à la peine éternelle si complètement efficace qu’il ne lui reste plus aucune dette de peine temporelle à acquitter soit dans ce siècle, soit dans l’autre au purgatoire, avant que puisse s’ouvrir à lui l’entrée du ciel, qu’il soit analhème. » Sess. xxv, Decretum de Purgatorio. D.B., g83 (85g).

De ces définitions il résulte que l’existence du Purgatoire, admise par l’Eglise catholique comme vérité de foi, implique ce triple élément :

i » un état de souffrances temporaires dans lesquelles sont retenues, avant de jouir de la vision intuitive, les âmes des justes morts en état de grâce, mais non indemnes des restes de leurs péchés, c’est-à-dire tenus encore à payer quelque chose à la justice divine pour la satisfaction intégrale soit des péchés véniels non remis, soit de la peine temporelle qui reste due par le pécheur après rémission des péchés mortels. Cetélat est donc un état inter-