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475 PSAUMES 478

3. Le Messie :

A] Universalisme de la religion ;

B] Eschatologie sociale ;

C] La personne du Messie.

III. Morale :

1. Idées dominantes :

A] Culte et religion ;

B] Vertus individuelles ;

C] Vertus sociales ;

2. Objection : Psaumes imprécatoires.

IV. Bibliograhie.

I. Dates et auteurs

Dans la discussion de la date des Psaumes, il est recommandable de commencer par l’examen du livre tel qu’il se présente à nous, et de remonter le courant de l’histoire.

i. Formation du Psautier. — Dans le texte hébreu, le Psautier est divisé en cinq livres, ainsi partagés (numérotation de l’hébreu) :

ie’, Ps., i-xli ; a « Ps., xlii-lxxii ; 3* Ps., lxxiiilxxxix ; 4’, Ps., xc-evi ; 5’, Ps., cvii-cl.

Cette division n’est pas marquée dans la Bible grecque ni dans la Vulgate latine, ni approuvée par tous (voir la préface de S. Jérômb à sa version d’après l’hébreu, dans Migne, P. L., XXVIII, 1 1 a3) ; mais elle est clairement indiquée dans le texte lui-même par une doxologie qui clôt chaque livre et le sépare du suivant (la doxologie manque à la fin du Ve livre, mais là elle n’aurait aucun but). Voici par exemple celle du premier livre : Béni soit lahvé le Dieu d’Israël, d’éternité en éternité ! Amen.’Amen.’Les autres ont des variantes entre lesquelles il importe de relever seulement celle du IV" livre : Béni soit lahvé, le Dieu d’Israël, d’éternité en éternité ! Et que tout le peuple dise : Amen ! Alléluia !

Ces doxologiesse lisent déjà dans la très ancienne version grecque, dite des Septante, qui probablement a été faite vers la On du ni « siècle avant J.-C. La division en cinq livres doit par là même être plus ancienne. Mais nous pouvons remonter plus haut.

L’auteur du livre des Chroniques ou Paralipomènes, qui vivait vers £oo av. J.-C (Pblt, Histoire de l’A. T., 6’éd. II, p. 304 jVigouroux, Diction, de la Bible, IV, a140)cite au premier livre, xvi, 36, le derdernier verset du Ps. evi avec la doxologie, qui le suit et marque la Un du IV livre.

Cela montre que la division en 5 livres était alors un fait accompli. Il est fort possible qu’elle soit l’œuvre de Néhémie, dont on nous dit qu’il « fonda une bibliothèque et y recueillit les récits concernant les rois, les écrits des prophètes et de David et les lettres des rois de Perse » (II Mac h., ii, 13). Les

« écrits de David » ne sont autre chose que nos

Psaumes.

Ce recueil avait d’ailleurs derrière lui déjà une longue histoire. Car il provient de la réunion de trois collections indépendantes, qui certainement ont existé longtemps séparément. En effet, on remarque un étrange phénomène à l’égard du nom de Dieu. Tandis que dans le premier livre il est appelé constamment du nom, pour ainsi dire, personnel, de lahvé, dans le II* et le III « livre (plus exactement Ps., xuilxxxiii ) on l’invoque par l’appellalif Elohim, nom qui désigne plutôt la nature. Le nom de lahvé revient dans les deux derniers livres 2. Or il est bien

1. Nom citons toujours d’après la traduction Crampon, sauf quelque légère retouche. La numérotation de l’hébreu, suivie dans cette version, est (on la sait) supérieure d’une unité à celle de la Vulgate depuis le Ps. x jusqu’uu Ps. cxi. vi inclusivement.

2. On y compte seulement 7 fois Elohim, dont six dans le Ps. cviit, composé de deux morceaux de Psaumes élohistiqoes, Ps. ltii, 8-12 ; lx, 7-14.

certain que le nom Elohim dans les Psaumes xliilxxxiii n’est pas primitif, mais a été substitué systématiquement à lahvé. La comparaison de Ps., s.iv avec lui et de Ps., xl, t4-18avecLxx le démontre ; la grammaire dans Ps., lix, 6 ; lxxx, 5. 8. ao ; le style dans Ps., xliii, 4 ; xlv, 8 ; xlviii, 15 ; l, 7 l’exigent. Les livres IIe et IIIe ont donc formé un recueil, disons un Psautier, distinct, en usage à une certaine époque (probablement au temps des Perses) et dans un certain milieu, qui lui infligea ledit traitement. Les autres Psautiers partiels (livres I « ’et lV « -Ve), en partie contemporains, en partie plus anciens, échappèrent à ce traitement ; les raisons historiques de cette diversité nous sont inconnues.

A leur tour, ces psautiers partiels, l’élohistique et le ae jahvistique (liv. IV. V), se composent eux-mêmes de collections plus petites, à savoir : les livres IIe et IIIe d’une collection de Psaumes des lils de Coré (Ps. xlii-xlix), d’une d’Asaph (l. lxxiiilxxxiii) et d’une petite collection davidique (li-lxxii), peut-être rassemblée par les soins d’Ezechias (comparez II Parai., xxix, a")-30 avec /Vov., xxv, 1), indépendante de la grande collection de Psaumes de David, qui forme le premier livre (i-xli). Les livres IV » et Ve sont formés par la réunion de plusieurs collections moindres bien distinctes : d’abord les Psaumes du royaume de Dieu (xcu-c), puis une longue série de Psaumes, dits Hallel ou alléluiatiques, parce qu’ils portent le titre devlléluiah(cr-cvn ; cxi-cxvm ; cxxxv s ; cxlv-c.l), dans laquelle sont insérés des Psaumes davidiques (cvm-cx. cxxxviii-cxlv), les Psaumes graduels (cxx-cxxxiv), et le plus long de tout le Psautier, Ps., exix.

Toutes ces petites collections ont eu sans doute pour quelque temps leur existence propre, avant d’être incorporées dans des recueils plus considérables. Cette longue évolution a dû exiger des siècles pour s’accomplir, et nous oblige à reporter à une époque reculée le premier noyau des Psaumes.

On voit déjà par là combien est improbable l’opinion, aujourd’hui en vogue chez les Protestants, d’après laquelle la plupart des Psaumes, ou même la presque totalité, ne remonte pas plus haut que le retour de l’exil (v « siècle avant J.-C.) et un grand nombre ont été composés à l’époque des Machabées (11e siècle av. J.-C). Cette opinion se rattache aune autre sur le sujet des Psaumes, que nous réfuterons plus bas (u, 1 A). Ici une remarque suffit : qu’on regarde les Ps. comme des poésies individuelles ou comme des chants publics, rien ne s’oppose à ce que beaucoup aient été composés sous le règne de David et même avant.

Soient les Psaumes individuel ». Nous avons dans la Bible de très anciens spécimens de poésie lyrique individuelle : Ce »., IV’, 43 a..Vomb., xxiii, 7-10 ; I Sam., ii, 1-10 ; II Sam., 1, l’.)-27. D ins la littérature égyptienne et babylonienne, les exemples de pareille antiquité abondent ; et l’on sait que ce ne sont pas les rationalistes qui sont portés à minimiser l’influence des littératures étrangères, notamment de la babylonienne, sur l’hébraïque. K plus forte raison encore on doit supposer l’existence, à ces époques reculées, de chants publics ou liturgiques. Le culte national s’est formé au berceau même du peuple hébreu ; et les actes de ce culte public sont accompagnés, même chez les peuples les plus primitifs, de chants religieux, si simples soient-ils. Or nous avons dans le Psautierprécisément de pareils chants, d’une simplicité extrême, par exemple xxix ; i.vir, 8 ss. ; c ; cxiil ; r.xvn ; Cxxxvi ; cxi.vin ; ci.. Je ne dis pas qua ce soient là les Psaumes les plus anciens ; car ils appai t’ennent presque tous à la collection la plus récente (les collections dont nous avons parlé plus haut sont bien, comme ensemble, disposées selon l’ordre des temps) ; mais ils ont pu con-’server de très anciens éléments.