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PSAUMES

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Si l’on s’attache au second point de vue, au point de vu » contrat et a posteriori, on pourra parler de motion eftieace ab intrinseco ordinationis diminue, mais non plut de motion ellicace ah intrinseco sui. On saisit la portée de cettedistinction. La disposition providentielle, qui assure a la grâce l’assentiment du libre arbitra humain, est quelque chose d’extrinsèque à la grâce créée ; elle lui assure la dénomination extrinsèque d’efficace, mais ne lui confère aucune propriété intrinsèque.

Nous croyons avoir montré que saint Thomas, dans sa description de la grâce efficace, ignore le point de vue abstrait de la gràoe ellicace ab intrinseco sui. Il se place constamment au point de vue concret de la grâce ellicace ab intrinseco ordinationis divinue. Cela résulte du sens qu’il attache à la distinction du sensas composilus et divisus.

Concluons. Pour explorer, dans la mesure permise à ne>s esprits discursifs, les voies de la Providence surnaturelle, il paraît utile de retenir le primat de la science divine, posé en fait par saint Paul (3O4 mi/oa, k’j.1 r-.y^.otzzj), affirmé par saint Augu*tin en tel écrit qu’il ne cessa de présenter comme définitif, même après que les actualités de la polémique l’eurent amené à modifier son point de vue (Quæstiones ad Simplicianum, I, 11, 13, P. L., XL, inj), maintenu par saint Thomas dans son explication de la Providence. I « , q. 22, a. 2 ad 4 m : Quia ipse actus Liber i arbitrii reducitur in Deum sicut in causant, necesse est ut ta quæ ex libero arbitrio ftunt, divinæ Providentiæ subdantur.

Sur la controverse touchée dans cet excursus, on trouvera une bibliographie historique sommaire, cidessus à l’article Liberté, t. II, 1862. On peut ajouter, du P. L. Db San, S. L, Tractatus de Deo Uno, t. I, Lovanii, 1894, contenant, p. 545-746, une très remarquable Disquisitio de mente S. Thomæ circa Prædeterminationes physieas ; J. Stuflbr, S. J., tfum S. Thomas prædeterminalionem phrsicam docucrit, Œniponte, 1920.

Plus récemment, dans un livre original et puissant, le R. P. J. Stci’lbr vient de reprendre la théorie de la motion divine d’après saint Thomas, en excluant non seulement la prédétermination, comme nous l’avous fait ci-dessus, mais toute sorte de prémotion physique. La théorie de saint Thomas, diffuse dans toute son œuvre, depuis les Commentaires sur Aristote jusqu'à la Somme Théologique, trouve une expression particulièrement nerveuse et concise dans quelques textes tels que celui-ci, C. G., III, 88 : Agens exterius sic selum naturaliter movet, inquantum causât in mobili intrinseeum principium motus, sicut generans, quod dat formant grttvitatis corpori gravi generato, movet ipsum naturaliter deorsum ; nihil aliud extrinsecum movere pêtest absque violentia corpus naturule, nisi forte per accidens, sicut removens prohibens, quod magis utitur motu naturali quam causet ipsum. Le rôle de la Cause première consiste à pourvoir la cause seconde, par le moyen des générateurs naturels, de tous les principes nécessaires pour agir. En dehors de cette « motion entilative », la Cause première n’exerce qu’une action médiate, en appliquant la cause seconde à l’acte par le moyen des agents créés qui mettent à sa portée la matière eonvenable ou l’affranchissent des obstacles possibles au plein exercicede son activité naturelle. — Le livre abonde en observations profondes et renferme nombre de pages définitives. Les conclusions du présent excursus y sont non seulement confirmées, mais appuyées sur une argumentation beaucoup plus radicale. Néanmoins, comme il ne nous est pas démontré que cette conception représente adéquatement la

pensée de saint Thomas, nous préférons en faire ici abstraction. DM Thomæ Aqninatis doctrina de Deo opérante, auclore Dr. Joanne Stufler, S. J., theologiæ dogmaticæ professæ in universitate Œnipontana. Innsbruck. nj23, 8 », xx-423 pp. — Voir en outre divers articles du même auteur dans la Zeitschrift fiir Katholische Théologie, années 1922. 1928.

Il faut noter aussi que les prédéterminations bannésiennes ont été rejttées par des théologiens formés dans l’Ordre de saint Dominique. Nous nommerons : G. F. Albertini(-j* 1810), Acroases de Universa Theologia, Venetiis, 1800-2, t. V ; Hipp. Gayraid (-j-1911), *aint Thomas et le Prédéterminisme, Paris, 1895 ; Th. Papaqni, La mente di S. Tommaso intorno alla mozione divina nelle créature, Benevenlo, 1902.

Les apologistes qui croient pouvoir passer outre à ces considérations, assumeront naturellement la tâche de justifier la Providence dans l’hypothèse du Prédéterminisme physique. Nous avions le devoir d’exposer pourquoi les développements consacrés ci-dessus à la Prédestination et à la Providhnck font abstraction de cette hypothèse.

A. d’Alèf.


PSAUMES. — Parmi les livres de l’Ancien Testament, aucun n’a de tout temps nourri la piété des fidèles autant que le Psautier.

Dans l’ancienne Synagogue, si le Pentateuque, la

« Loi » comme on l’appelait tout court, par la prééminence de son origine et de son autorité, occupait

un rang supérieur dans la pensée du peuple juif, les Psaumes n'étaient guère moins en usage dans le culte public et dans la dévotion privée. Par le rôle que le Psautier jouait dans la vie religieuse du peuple, on en vint vite à le regarder comme un autre Pentateuque, et c’est pour cette raison peut-être qu’il a été de bonne heure divisé, comme le Pentateuque, en cinq livres, comme nous le dirons tout à l’heure (Voir S. Epïpiianb dans Aligne, P. G., X, 720 B ; XLIII, a44 D ; F. G. Hihsch dans Jewish Encyclopedia, X, 242).

Dans le Nouveau Testament, le Psautier est, avec Isaïe, le livre le plus fréquemment cité (Psaumes, 55 citations, 45 passages cités ; Isaïe, 5g citations, 41 passages cités), et a joué un rôle considérable dans la propagande chrétienne des premiers siècles ; on en tirait nombre de prophéties accomplies en Jésus-Christ et en son œuvre. En même temps il devenait pour l’Eglise, comme il l’avait été pour la Synagogue, le livre de la prière (Eph., v, 19 ; Col., m, 16 ; I Cor., xiv, 26). Depuis lors il n’a jamais cessé d'être sur les lèvres des fidèles. Rien ne démontre, mieux que ce fait, l’excellence et l’iiuportaace de ces cantiques inspirés. C’est dire aussi l’attention qu’il faut apporter aux questions relatives aux Psaumes dans l’apologétique catholique. Nous allons développer les points principaux suivants :
I. Dates et auteurs :

1. Formation du Psautier.

2. Valeur des titres.

3. Psaumes de David.

4. Psaumes machabéens.
II. Doctrine :

1. Dieu :

A] Personnalité et transcendance ; anthropomorphismes ; B] Attributs ; justice et bonté.

2. L’homme :

A] Individualisme des Psaumes ; B] Nature et valeur de l’homme ; C] Ses destinées ; le problème du mal et la vie future.