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PROVIDENCE

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perceurs de murailles ni les voleurs de grands chemins. Il promet le ciel pour un verre d’eau donné en son nom, et tient pour faite à lui-même toute charité faite an moindre des siens.

Conclusion,

La moralité de la Providence divine ressort de la fin qu’elle poursuit et des moyensqn’elle emploie. La tin est la plus liante qu’on puisse concevoir : glorilication des attributs divins : Sagesse, Puissance, Justice, Bonté. Les moyens sont des motions exercées sur la créature et qui tendent seulement au bien : bien de nature, de soi indill’érent ansalut éternel delà créature libre, et bien de grâce, positivement ordonné au salut éternel. Dieu n’est donc pas cause du mal moral. D’ailleurs, l’ordre de Providence qu’il réalise est fonde sur la Libhkté propre, et donc la Responsabilité, de la créature raisonnable (voir ces mots) Par là, par là seulement, le désordre moral s’introduit dans l’ceuvre divine : il consiste essentiellement dans une déficience de la liberté créée, qui se dérobe au* motions divines de l’ordre le plus é vé. Quant à la tolérance accordée par Dieu à ce désordre, elle est essentiellement provisoire, puisque Dieu se réserve de rétablir l’ordre par un jugement définitif ; et elle se justifie parla condition même de la créature libre. Elle n’est d’ailleurs point sans contrepoids. Si tel attrait de nature tombe sous les prohibitions de la Loi divine, le suprême Législateur a mis à côté de la Loi des secours, qui en rendent l’observation possible. Il est vrai que la condition présente de l’homme se trouve aggravée par le fait d’une lourde hérédité (voir Péché originel) : la race d’Adam souffre d’une rupture d’équilibre imputable à son premier père, rupture qui a déchaîné la tyrannie des mauvais penchants. Pour se maintenir quand même dans la tendance active à sa fin dernière, l’homme doit accepter la lutte ; mais cette lutte ne le trouve pas désarmé. Il peut toujours faire monter vers le ciel sa Puièue, qui obtiendra la grâce au temps opportun. Dieu prévient les hommes de grâces inégales ; mais cettedisparité, on l’a vu (article Prédestination), n’exclut pas la volonté de les sauver tous. Une vue correcte du mystère provoque l’adoration et justifie Dieu.

Apfbndick

Examen de la Prédétermination physique.

Les défenseurs de cette théorie s’avisent parfois d’invoquer en sa faveur une considération préjudicielle, pour couper court à toute discussion..Vous partons, disent-ils, d’unprincipecertain et déroulons des conséquences inéluctables ; nos contradicteurs s’attachent à la solution d’une objection et cherchent des expédients. — Cette considération auraitquelque poids si elle reposait sur un fondement réel. En fait, elle ne repose sur rien. L’attachement au principe de l’universelle causalité divine n’est pas caractéristique d’une école plutôt que de l’autre. Ce qui réellement diffère, e’est le souci d’éclairer la route et de surveiller les déductions.

Les observations que nous voulons présenter peuvent se ranger sous trois chefs :

I. I>e la causalité divine en général.

II. lies divers ordres providentiels.

III. De la motion divine surnaturelle.

Ces matières se compénètrent et nous n’éviterons pas les redites. Mais, pour avancer, il ne sera pas inutile de multiplier les points de vue. — On voudra bien nous dispenser d’encombrer ces pages de cita : le Icteur désireux de recourir aux textes aura bien où les trouver. Et nousn’avonspas la naï veté de croire <|u’il suffise de citer pour prouver qu’on a compris.

I. — CAUSALrrii divine

Peut-être serait-on moins loin de s’entendre si l’on prenait soin de sérier les questions, et d’abord de distinguer les diverses lignes de causalité divine qui sotiI en vue.

La causalité divine finale peut adresser à la créature libre des appels sûrement entendus et l’amener infailliblement à ses fins. Car on ne saurait douter que Dieu opère sûrement par le moyen des biens créés qui reflètent quelque chose de ses perfections infinies, et puisse adapter infailliblement à telle volonté libre l’attrait de tel bien créé.

La causalité divine elliciente réalise exactement le possible visé par Dieu, en empruntant le ministère des agents créés, soit nécessaires, soit libres, qui doivent concourir à la réalisation de ce possible.

La causalité divine exemplaire fonde le discernement des possibles. Car tout possible est intelligible à Dieu. Mais tout possible n’est pas contenu dans la puissance, même obédientielle, de tout agent créé : par exemple, la pensée n’est pas dans la puissance obédientielle delà pierre. Les virtualités de la créature libre offrent aussi matière à discernement. Tout discernement ressortit à l’exemplarisme divin.

Or, selon qu’on s’attache, par préférence, à l’une ou à l’autre de ces lignes de causalité divine, le problème du gouvernement divin se présente sous un jour tout différent.

Une attention quelque peu exclusive à la causalité divine efficiente caractérise une certaine école d’exégèse thomiste, tout occupée de motions divines. L’effet de cette préoccupation absorbante est de laisser le système en présence de difficultés sérieuses, que de bons esprits ont, de tout temps, estimées mal résolues, moins sans doute à cause de ce que le système met en lumière, qu’à cause de ce qu’il laisse dans l’ombre. Car s’il éclaire parfaitement la souveraine efficacité de la motion divine, il néglige d’expliquer la conciliation de cette efficacité souveraine avec la liberté créée, et laisse à la chargeduCréateur tous les déficits de son truvre.

Une attention prédominante à la causalité divine exemplaire caractérise une autre école, qui, dans une certaine mesure, se rattache au nom de Molina. Dans un temps où l’action divine demandait peut-être moins à être affirmée qu’à être distinguée de tout ce qui n’est pas elle-même, cette école creusa le problème de la science divine.

En prenant pour base de sa conception un ordre de Providence présentcomræpossibIeàl’intelligence divine, Molina prévient toute objection de répugnance métaphysique ; et en soulignant l’exacte adaptation desappelsdivins aux réponses de la créature libre, il exclut tout flottement dans l’idée du gouvernement divin. L’action divineencadrera, sans le fausser, l’ensemble d’agents créés que comporte un tel ordre de Providence, et le mettra en mouvement sans le violenter. Avouons que le système a ses lacunes : on pourrait y souhaiter un plus grand relief accordé à la motion divine, qui donne le branle à tous les êtres et pénètre intimement toutes leurs actions ; mais il n’est que juste de le reconnaître : l’infaillibleénergie du gouvernement divin n’est nulle part plus expressément reconnue ni plus efficacement sauvegardée. Si l’on s’imagine le contraire, c’est un signe évident qu’on ne l’a pas compris.

La théorie molinisle des futurs conditionnels, si souvent décriée soit eoinme fausse soit comme absui-’k*, se présente comme la résultante de deux considérations très solides : la considération de