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PROPAGATION DE L’ÉVANGILE

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de Garaa, d’Albuquerque. Il y a bientôt des Eglises au Congo, à Mozambique, à Goa, Cocliin, Malacn, et jusque dans les lointaines Moluques. On baptise souvent à la bâte ; tout le inonde s’y met, y compris les marchands. Il ne manque pas de semeurs ; ce sunt les bras pour cultiver qui font défaut.

De même en Amérique, et sur une bien plus vaste échelle. La première Eglise a été inaugurée, on ne peut plus modeste, à Hispaniola, le jour de l’Epiphanie 1 4 Q4 - Or en 15n on pouvait déjà créer trois évêrhés, Saint-Domingue, Porto Rico, Hispaniola. L’évêché de Goa ne sera créé qu’en 1 534 - Lima et Mexico étaient métropoles. En 1555 et 1667, se tenaient les premiers conciles américains. En 1600, les colonies espagnoles d’Amérique comptaient 5 archevêchés, 37 évêchés, 400 monastères et couvents et autant de paroisses. Puis ces Eglises essaimaient. Dès 15ai, les Castillans avaient touché aux Philippines ; Manille, en 15q, 5, était archevêché avec deux sufTragants.

Sans doute, les pages sombres ne manquent pas dans cette histoire. Beaucoup d’injustices se mêlèrent à l’héroïsme des conquérants. L’humanité n’a pas toujours présidé à la colonisation, ni la pureté du zèle à l’utilisation du patronat. Sur les guerres, le douloureux traité De Jure Lelli et Jadis du Dominicain Fh. dr Vittoria (1585) en dit aussi long que bien des chroniques. L’esprit de lucre, dans les deux Indes, entrava les missionnaires, qui, plus d’une fois, payèrent de leur vie les fautes de leurs compatriotes. On connaît la campagne de Las Casas eu faveur des Américains. Ce qu’il fit pour les sauvages, d’autres durent le faire pour les noirs importés ù’Afrique. — Article Esclavaqk, par P. Allard.

3. — Cependant, d’autres missionnaires entraient en ligne. La Compagnie de Jésus avait été approuvée en 10 : 40. Un des points essentiels de sa règle était que ses profès se tenaient à la disposition du pape pour toute « mission » qu’il leur confierait. En conséquence, le 7 avril 1541, François Xavibr partait pour les Indes ; en 154 ; , des Jésuites sont envoyés au Congo, d’autres au Brésil en 1549.En1555, une tentative est faite sur l’Ethiopie.

Le nom de Xavier domine tout l’apostolat moderne. Chargé par le roi Jean III d’inspecter les Eglises de son empire colonial, on le voit passer par Goa, Cochin, Malaca, les Moluques, réformant de son mieux les mœurs fort relâchées des colons. Puis il reprend l’évangélisation de peuplades baptisées à la hàle et restées sans pasteurs : ainsi à la Pêcherie, aux Moluques. Il conquiert ou essaie de conquérir des terres nouvelles, le Travancore, le Japon. Cela remplit dix années, pas davantage, 154ai 55a ; et il meurt en face de la Chine, montrant la terre qu’il importe d’attaquer. On lui reproche d’avoir été trop vite, de ne s’être fixé nulle part, de n’avoir pas organisé la mission, etc. Autant lui reprocher d’avoir exécuté les programmes qu’il avait teçus, d’avoir exploré avant de fonder, et fondé avant d’organiser, et aussi de n’avoir eu que dix années devant soi. Par ailleurs, on a exagéré le nombre de ses convertis, lui attribuant le résultat de travaux exécutés par ses successeurs. Son rôle providentiel fut, avant tout, d’ouvrir des voies et de donner l’exemple. Il est le vrai fondateur des missions de l’Inde méridionale et du Japon, le précurseur de celles de Chine. Par son zèle incomparable, par ses vertus héroïques, par le don des miracles qui lui fut largement accordé, par les conseils pratiques laisses à ses disciples, et aussi par l’ampleur des résultats, il est le grand missionnaire moderne, père et modèle des autres qui marcheront A sa suite. — A. Bnou, Saint François Xavier, 191a.

3. — Durant le siècle qui suivit la mort de Xavier, l’Eglise de l’Inde se développa lentement. Sur les territoires souniiseflfectivementauPortugal, s’organisa l’Eglise goanaise, dont les prélats étaient portugais, mais dont le clergé séculier, nombreux, strictement indien, se recrutait surtout chez les brahmes du Konkan. De fortes chrétientés indigènes, au sud, finissaient par se constituer en castes à part (Pêcherie et Travancore). Dans la même région, la vieille Eglise Syro-nialabare, rattachée au centre hétérodoxe de Babylone, revenait par lambeaux à l’unité. Des essais, ordinairement peu h< ureux, étaient faits dans la région de Bombay et jusqu’à Ormuz, au Bengale, au Pégu. En 1580, le futur martyr Rodolphe dk Aquaviva, fondait la mission du Mogol, attiré, protégé par le célèbre Akbar le Grand. Il y eut là, jusqu’à la suppression de la Compagnie de Jésus, une chrétienté modeste, dont le centre était Agra, et qui servait de point de départ pour les tentatives sur le Tibet.

Au sud, à peu près dans le même temps, Robert db Nobili faisait une expérience mémorable. Il constatait qu’en ce pays de castes, avec les méthodes suivies jusque-là, on aboutissait à un double résultat : d’abord le christianisme restait la religion des castes méprisées, ne parvenait pas à se faire accepter des castes supérieures, par où il se discréditait jusque dans les castes intermédiaires ; — puis, il était une importation étrangère : pouvait-on être à la fois chrétien et indien, passer au christianisme sans devenir pran gui, c’est-à-dire portugais ? Pour venir à bout de ces préjugés, Nobili se fit aussi indien qu’il le put, vécut à la facondes pénitentsbrahmes, tandis que d’autres de ses confrères vivaieiil en parias. Des usages indiens, il conservait tout ee qui ne lui semblaitpas superstitieux. Il eut d’ardents contradicteurs, même parmi ses confrères, effrayés de son audace. Mais en 16a3, Grégoire XV décida provisoirement en faveur du missionnaire. A partir de ce moment, le christianisme se recruta dans toutes les castes sans exception. — Voir Jos. Bertrand, La mission du Maduré, 4 vol. 1847- 1 R- r >/j.

— Jos. Brucker, Rites malabars. Catholic Encrclop., t. IX, p. 558-6a. — L. Bbssb, La mission du Maduré, Trichinopoly, 191 4 4. — D’autres missions créées par Xavier furent moins heuseuses. Celle des Moluques, Eglise de sauvages et de demi-civilisés, après de rudes persécutions musulmanes, disparut devant les calvinistes dans la conquête hollandaise.

Le Japonavait donné d’immenses espérances. Pas une terre de mission ne lui était comparable. Tons les ans, le nombre des néophytes s’augmentait de plusieurs milliers, et des néophytes fervents, intelligents.

« Deliciæ mené Japones », disait Xavier. Le

progrès était favorisé par l’émiettement féodal qui empêchait toute réaction d’ensemble. Mais l’unité nationale finit par se constituer. Alors les persécutions générales devinrent possibles. La première fut courte, causée par les paroles imprudentes d’un capitaine espagnol naufragé, lequel présentait les missionnaires comme précurseurs des armées castillanes. L’accès de xénophobie qui en résulta aboutit au grand martyre du 5 février 1597. La paix revint, mais la défiance resta. Le bouddhisme, exaspéré par les succès de l’Evangile, suscita une persécution nouvelle qui fit des martyrs par milliers, desapostats aussi, amena la ruine de l’Eglise japonaise et constitua autour de l’empire l’isolement le plus systématique. Cependant, chez plusieurs milliers de chrétiens, la foi subsista en dépit de tout et malgré l’absence complète de clergé.

Chassés du Japon, les missionnaires jésirites se