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PIERRE (SAINT) A ROME

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Pedone-Lauriel, 188a, directement contre le Positivisme, indirectement contre le Pessimisme ; J. de ! Bonniot, S. J., Le Problème du.Val, Pari-, Ketaux, 1888, édition Moisant, Téqui, 1911 ; Xavier Moisant, /Jieu, l’Expérience en métaphysique, livre IV, Le Problème du Mal, Paris, Rivière, 1907 ; Id., L’Optimisme au XIX' siècle, Carlyle, Browning, Tennvson, Paris, Beauchesne, 191 1 ; et ouvrages gur la Providence.

Lucien Rocrb.


PIERRE A ROME (SAINT). — Le fait de la venue à Home de saint Pierre, de son épiscopat, de son martyre, est manifestement de très grande conséquence pour la doctrine catholique : tout l'édilice ecclésiastique s’y appuie. Si le prince des Apôtres est venu à Rome, s’ily a tixé lesiège de sa primauté, on comprend aisément que les successeurs de Pierre dans l'épiscopat romain soientparle fait même, et de droit divin, héritiers de la primauté de Pierre. Au contraire.ee fondement venant à faire défaut, toute la constitution de l’Eglise serait ébranlée. Il y a donc un intérêt vital à vérilier la solidité de ce fait historique.

Les premières négations paraissent s'être produites au xive siècle ; elles vinrent des Vaudois et de Maksilk de Padoub qui, dans son Dejensor pacis (vers 132$), contesta la venue de saint Pierre à Rome, a plus forte raison son épiscopat. En 1020, Ulric Velènb publia un écrit imitulé : Tractatus quod Petrus Apostolus nunquam liomæ fuerit. Bien que rejetée par Luther et peu goûtée de Calvin, la thèse fut souvent reprise, depuis la Réforme, par la passion et l’esprit de système. Qu’il sullise deciter Frédéric Si’aniibim (} 1 70 1, à Leyde), De ficta profectione Pétri Apostoli in Urbem /fomam.Onallègue : lesilence du Nouveau Testament sur ce voyage ; certaines données positives fournies par les Actes des Apôtres et par saint Paul : le témoignage exprès de l Pet., v, 13, qui montre saint Pierre présent à Babylone à la date, où, d’après la tradition, il aurait dû cueillir à Rouie la palme du martyre ; l’ambition du clergé romain, intéressé à répandre cette légende pour accréditer ses prétentions. De nos jours, la critique — du moins la critique sérieuse — ne conteste guère, sinon l'épiscopat de saint Pierre, du moins sa venue à Rome. Il y a des évidences qui, à la longue, s’imposent. On peut désormais se dispenser de discuter à fond certaines constructions fantastiques du siècle dernier. Et il n’y a pas lieu de s’arrêter davantage à certaines trames d’origine pius moderne, par trop semblables à celles des araignées.

Néanmoins il reste opportun de revenir sur cette question d’origine. Supposant acquises les conclusions de l’article Eglise et de l’article Papauté, qui om montré le dessein de l’Eglise contenu dans la pensée du Christ, et ce dessein réalisé à travers les âges par la vie de l’Eglise catholique romaine, nous nous renfermerons dans ce problème historique : le fait initial de l'épiscopat romain de Pierre et de son martyre se présente-t-il avec des titres qui l'élèvent au-dessus de toute contestation raisonnable ?

Les documents peuvent se répartir en deux groupes, d’importance fort inégale : l. Le crcle de Simon le magicien. — II. La tradition historique de V Eglise romaine.

I. Le cycle de Simon le magicien. — La légende a vite fleuri autour du personnage de saint Pierre, et s’est épanouie dans les romans clémentins. Le rôle joué par Simon le magicien en face de Pierre, dans les Actes des Apôtres (vin, 9-a4) se prêtait

particulièrement aux développements légendaire !. Toute une littérature est sortie decetépisode.

L’antiquité chrétienne a vu communément dans Simon le père de toutes les hérésies. Mais la carrière du magicien n’est pas facile à fixer. Au milieu du 11' siècle, saint Justin, lui aussi originaire de Saïuarie, signale à Rome une secte adoratrice de Simon : le centre de ce culte aurait été dans l'île du Tibre, entre les deux ponts ; on voyait là une statue avec l’inscriptionen caractères latins : simoni dbo sancto.I Ap., nxvi ; cf. lvi ; II Ap., xiv ; IHal. c. Tryph, , cxx. Mais le naïf Justin n’a t il pas été victime d’une confusion ? Il est permis de le croire, depuis que, au xvie siècle, on a exhumé, précisément au même lieu, une statue antique dont la base porte : skmoni sanco i>Eo fidio sacrum. On connaît encore par d’autres souvenirsépigraphiques le dieu sabin Semo Sancus ; voir C./.L., t. VI, 567. 568 (inscriptions trouvées postérieurement, au Qnirinal, où Sancus était honoré). Il y a donc grande apparence que Justin s’est trompé en croyant reconnaître dans l’Ile du Tibre le culte du Samaritain. Saint Irénbb a pu se tromper à la suite, Huer., I.xxiii, 1, P. G., VII, 671, A ; de même Tkrtullibn, Apologeticum, xm. Quoi qu’il en soit, pour trouver le personnage de Simon mis en relations avec saint Pierre à Rome, il faut descendre jusqu’aux Philosophumena d’BiPPOLYTB, VI, xx, éd. Cruice, p. 267. P. G., XVII, 3 a2 6.

Au cours du 111e siècle apparaissent les Reconnaissances ( 'Ava/ » w/51u/jo(') et les Homélies clémentines, d’origine syriaque. Le Psbudo Clément met en scène l’apôtre saint Pierre et Simon le Magicien, et raconte les pérégrinations de l’apôtre, poursuivant en Syrie et ruinantla propagande de l’hérétique. Atraversles épisodes bizarres de ce roman judéochrétien, perce l’intention de combattre la primauté romaine, au profit du siège de Jérusalem. Nous possédons les Reconnaissances dans la traduction latine de Rufin, les Homélies dans le grec original. P. G., I et II. L’auteur se montre averti du voyage de Simon à Rome, et mentionne la statue qui lui sera érigée, Recogn., II, ix, P G., l, 1253 A ; III, lxiii, 1309D.

Plus récente encore est la diffusion de la légende romaine, qui montre l’apôtre et le magicien aux prises devant Néron, et faisant assaut de prodiges. Simon propose de s'élever dans les airs, et sa promesse est suivie d’effet. Mais sur la prière de l’apôtre, il tombe et se brise les membres. Cette légende appartient au cycle des Actesapocryphes des Apôtres, qui pullulaient au in* siècle. On en retrouve la trace, au iv°, chez divers auteurs ecclésiastiques, notamment chez Arnobb, Adv. Gentes, II, xii, P.L., V, 828 B ; chez saintCYRiLi.B de Jérusalkm, Catech., vi, 14.15, P. G., XXXIIl, 561, 564 ; chez saint Ambroise, Hexæm., I V, viii, 33, P.L., XIV, ao5. — Eusèbb, H.E., II, xm. xiv, connaît le témoignage de Justin et la rencontre du magicien avec l’apôtre à Rome, mais non tous les détails que nous venons d’indiquer. — Les Actes de Pierre viennent d'être édités, avec un soin admirable, par le regretté abbé Léon Vouaux, Paris, 1922. Nous renverrons à son Introduction pour l’histoire du texte grec original et de ses diverses adaptations latines. Après un instant de vogue au ive siècle, les Actes apocryphes allaient décliner rapidement. Déjà saint Augustin s’en délie ; le pape saint Innocent 1er les proscrivait dès l’année 405, avec mention distincte de6 Actes de P. erre. Ep, ad Exuperium, P. L., XX, 50a. Saint Léon le Grand renouvelle cette condamnation en termes plus exprès, Ep., xv, 15, Ad Turribium, P. L., LIV, 688. Le décret de Gslase y revient, P. L., LIX, 162 : Actus nomine Pétri apostoli apocnplti.

Cette floraison légendaire a reçu au siècle dernier une interprétation qui en renouvelle l’aspect