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PROBABILISME

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de Mbrcori, O. P., dont Baron s’otait fait l’éditeur (1609).

lædere Peatissimum Patrem tôt norarum opinionum hoc sæmlo i" lhaologiam moralem inductxruin. quibus disciplina erangelica resolvitur, ac conscientiis, cum gravi animarum penculo, illnditur : et se maxime velle a theologis noatris, in Kcclesiæ hoc morbo occulto laborantis remedium, oput parariex severiori et tula sanctissiini Præceploris doctrina, quo hæc morum et opinionum licentia, quæ in dies grassatur, quasi cauîerio cohiberetur.

Peut-on croire que le pape ait signifié ainsi aux Frères Prêcheurs a sa volonté de voir l’Ordre combattre efficacement les doctrines probabilistes » ? (P. Mandonnbt, dans Vacant, Diet. de th. cath., VI, g19.)N"est-il pas invraisemblable qu’à cette date, trois mois à peine après la cinquième Provinciale, il ait seulement pensé à blâmer un système suivi par le Saint-Oflice clans sa jurisprudence, enseigné communément dans les écoles catholiques et mis par les thomistes au compte de leur saint Docteur ? A peser les mots soulignés par nous, ne semble-t-il pas beaucoup plus naturel qu’il ait voulu attirer Patte » tion des Maîtres dominicains sur les hardiesses d’une casuistique indulgente à l’excès, et inviter l’Ordre à réagir contre cette anarchie ?

B. — On invoque en second lieu les décrets du Saint-Ofhcb du 24 septembre 1665 et du 18 mars 1666 {Bull. rom., t. VI, p.vi, pp. 84-no). Le préambuledu premier de ces documents se serait exprimé de telle sorte, au sujet du probabilisme, qu’  « on ne pouvait, sans condamner formellement une doctrine, la désapprouver d’une façon plus expresse et plus sévère » (P. Mandonnbt, Bévue thomiste, 1903, p. 13-14 ; cf. 1914, p. 675).

Voici ce texte, que V Enchiridion de Denzinger-Ba.nn wakt a négligé de reproduire : « SS. D. N. audivit non sine magno animi sui dolore, complures opiniones christianae disciplinée relaxathas. et animarura perniciem inferentes. partim antiquatas iterum suscilari, partim noviter prodire ; summamque illam luxi.riantium ingeniorum licentiam in dies inagis excrescere, perquam, in rébus ad conscienliam pertinentibus, modut opinandi irrepsit alienus oranino ab evangelica simplicilaie Sanctorumque Patrum doctrina, et qnein si pro recta régula fidèles in praxi sequerentur, ingens irreptura easet vitæ christianæ corruptcla. »

Nous avons souligné à dessein les mots modus opinandi, sur lesquels repose à faux l’argument que nous discutons. Est-ce bien en effet le probabilisme qui est ici visé ? Non seulement rien ne l’indique dans le contexte immédiat, mais la teneur même du décret empêche de l’admettre, puisque parmi les propositions condamnées ne figure ni explicitement ni implicitement la thèse essentielle du probabilisme, qu’il eût cependant fallu proscrire la première, si l’on avait vu en elle la cause des maux à guérir.

Il faut en conclure que ce qui est dénoncé ici, c’est le laxisme moral, parfaitement caractérisé d’ailleurs par la proposition 27 (Saint Alphonse, De l’usage mod. de l’op. prob., 1765, c. 6. n.16 ; Œuvres. Paris, 184a, t. XXIX, p. 268). Le contraste des sévices répétés deV Index contre les publications laxistes, et de la liberté laissée aux sages probabilistes, achève de donner à cette censure sa sign141 cation.

C. — On en appelle, il est vrai, à nntextepeu clair de St. Gradi (f 1683), préfet de la Bil liothèque Vaticane et ardent probabilioriste, suivant lequel Alexandre VII aurait songé à traiter à fond dans nne bulle la qnestion du choix des opinions, et ne se serait contenté que sur l’avis du cardinal Pallavicini des décrets de 1665 et 1666. « Ceperat impetum gravia ac savera de hac retota slaluendi, et malum,

ut aiebat, in suo fonte ac radice fundilus exscindendi, diserta édita constitutione, ex qua finium hujusmodi regumlorum leges et actiones facile peterentur. » (I)isp. de op. prob., 1678, c. 37 ; cf. Dœllingkr, t. I, p. 38).

D’autre part, le même Pallavicini ({- 1667) aurait déclaré au Jésuite Elizai.db, avec qui il s’était expliqué sur la probabilité dès 1662, qu’un livre écrit contre cette doctrine remplirait les intentions du Saint-Siège (Ant. Crlladbi, [Elizaldo], De recta doctrina morum, 1670, 1. 8, q. 7, § 10 ; cf. Dojllingrr, t. I, p. 53). Mais, dut-on croire à ces témoignages tendancieux et incontrôlables, rien ne permet de conjecturer ce qu’eût été la bulle dont parle Gradi, ni quelles étaient au juste les intentions attestées par Elizalde.

Par contre, selon Tbrillus ({* 1676), l’hostilité d’Alexandre VII à l’égard du probabilisme n’aurait pu se comprendre, « cum notorium sit, zelant issimum Pontificem tenuisse communem opinionem reflexam, atque in moralibus eximium suarianae doctrinæ sectalorem fuisse » (Régula morum, 1677, p.I, q. 8, n. a3).

3° On ne peut nier qu’Innocent XI (1676-1689) ait été personnellement très défavorable au probabilisme. Avec sa raideur d’esprit et l’inflexibilité de son grand caractère, il y voyait un obstacle à la réforme des mœurs.

A. — Dèsson élection, les adversaires delà « morale relâchée » comprirent que jamais heure ne serait plus propice. Les éloges etles encouragements reçus par les plus considérables d’entre eux permettaient en effet de grands espoirs. En France, les évêques d’Arras et de Saint-Pons, Gui de Sève de Rochechouart, et Pierre de Percin de Montgaillard, contrecarrés par Louis XIV dans leur projet d’action collective, durent se contenter de faire parvenir au Pape, en juillet 1677, une série de thèses dont la septième portait : « Qui operatur ex opïnione probabili, bene operatur et sine peccato, tam in jure naturali quam positivo, etiam probabiliore et tutiore relicta » (Doellingbr, t. I, p. 36. Analecta juris ponlificii, 1874, t. XIII, p. g43).

Mais la faculté de théologie de Louvain fit mieux. Députés par elle, trois de ses docteurs : Van Vianbn, Steyabrt et l’augustin Christ, de Wulf (ou Lupus), se mirent en route pour Rome, porteurs d’une liste de cent propositions de morale, qu’ils devaient déférer au Saint-Office et combattre de tout leur pouvoir. De juin 1677 à mars 1679, ces personnages firent le siège de toutes les influences utiles à leur dessein. Ils obtinrent d’Innocent XI un bref plein de bienveillance, publié par eux à grand bruit (F. de Bojani, Innocent XI, t. II, pp. 46-49)- Finalement 65 des propositions qu’ils combattaient furent censurées par le décret du Saint-Office du 2 mars 1679. Toutefois, fait essentiel à noter, s’ils réussirent à faire entrer dans le document la condamnation de thèses spécifiquement laxistes (D.-B., 1151-1154), leurs efforts demeurèrent impuissants touchant le numéro 2 de leur liste, où en propres ternies s’énonçait le probabilisme : « Potes sequi opinionem practicam probabilem circa honestatem objecti, relicta quoque probabiliore et tutiore, quamvis tua, etiam in materia juris natnralis » (Opuscula eximii viri Hennebel, Lovanii, 1703, p. 19).

Nous ne nous attarderons pas à réfuter l’hypothèse suivant laquelle, en proscrivant le laxisme, les Cardinaux Inquisiteurs auraient voulu, en 1679 aussi bien qu’en 1665, atteindre le probabilisme lui-même, comme une prémisse dans sa conclusion (P. Mandonnbt, Revue thomiste, 1902, p. 14). Libre à