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PROBABILISME

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X. Appendice : L’Apostolat de la Prière. — L’Apostolat de la Prière est une ligue de fidèles qui, épanouissant leur vie intérieure en un zèle universel, visent à hâter l’avènement du règne de Dieu et mettent en commun dans ce but leurs prières et leurs mérites. Ils cherchent dans le cœur de Jésus le modèle et le stimulant de leur zèle ; dans l’Union à ce Cœur divin la source de leur sanctification personnelle et de toute fécondité pour leurs œuvres.

L’A. de la P. fut fondé à Vais près le Puy, par le P. Xavier Gautrelet, S. J., le 3 décembre 1844 « Destiné d’abord aux scolastiques de la Compagnie de Jésus, il ne tarda pas à s'étendre, grâce au petit livre que lui consacra son fondateur (1846). Mais il doit surtout son développement et son organisation aux écrits et aux efforts duP #. Henri Ramure. Celuici fonda, en 1 86 1, le Messager du Cœur de Jésus, revue mensuelle qui sert d’organe principal à l'œuvre et qui compte aujourd’hui 5a éditions en 35 langues. L’A. de la P. a reçu constamment de Rome approbations et encouragements ; ses associés participent à d’innombrables indulgences. Les Statuts, approuvés d’abord le 37 juillet 1866, retouchés et confirmés le a4 mai 1879, furent définitivement fixés par l’autorité pontificale le Il juillet 1896. Ils établissent trois degrés ou pratiques, dont la première, seule essentielle, est une offrande quotidienne des prières, œuvres et souffrances de l’associé, en union avec le Cœur de Jésus. Une intention générale, soumise à l’approbation préalable du Souverain Pontife, fixe chaque mois un but à cette offrande, pour les ligueurs du monde entier. Les deux autres degrés ou pratiques sont la récitation d’une dizaine de chapelet, et la communion réparatrice plus ou moins fréquente. Le caractère eucharistique de l’A. de la P. s’est fortement accentué, depuis qu’il s’est adjoint la Croisade eucharistique des enfants, fondée par le P. Albert Bessières. Le siège canonique et la direction générale de l'œuvre sont à Toulouse (rue Montplaisir, 9).

Par son but comme par ses moyens (dont nous n’avons pu indiquer ici que les principaux), l’A. de la P. constitue un très efficace instrument de sanctification, tant individuelle que collective. Cette ligue, qui compte aujourd’hui 37 millions d’associés dans le monde entier, a pris depuis soixante ans une large part à l’expansion de la dévotion au Sacré Cœur, au grand mouvement des congrès catholi’ques nationaux et internationaux, enfin à l'élan qui pousse les âmes vers l’Eucharistie et l’apostolat. Aussi le Souverain Pontife BenoitXV pouvait-il dire, dans son encyclique Maximum illud, du 30 novembre 1919 :

« Nous recommandons vivement l’Apostolat de la

Prière à tous les fidèles sans exception, souhaitant que personne n’omette de s’y affilier. »

Les indications bibliographiques répandues dans cet article permettront de résoudre beaucoup de questions et d'étendre le cercle des recherches. On nous dispensera d’y rien ajouter.

A. d’Alès.


PROBABILISME.

I

HISTORIQUE

Objet de cet article.

Il ne peut être question d'étudier ici en détail l'évolution de la doctrine du probabilisme moral. Nous nous proposons uniquement dans ces colonnes de

mettre en évidence quelques points de cette histoire et deredresser ainsi plusieurs idées fausses. D’après la thèse protestante et libre- penseuse, l’Eglise, après avoir dans son premier âge suivi rigoureusement les austères préceptes de l’Evangile, aurait peu à peu, pour s’accommoder à la faiblesse humaine et garder dans son sein la masse des médiocres, cédé aux tendances laxistes et élaboré une morale facile, dont la dernière forme serait le probabilisme. A l’opposé, les moralistes catholiques qui ont cru se démontrer l’illégitimité du probabilisme, pensent faire merveille en assurant que ce système, bien loin de pouvoir être mis au compte de l’Eglise, n’a cessé d'être réprouvé par elle. — Ni l’une ni l’autre de ces combinaisons n’est ratifiée par les faits. Il ressortira au contraire de notre exposé, que la théorie probabiliste des théologiens modernes, telle que la présente et l'établit la partie doctrinale de cet article, est bien, d’une part, en continuité avec la pratique des premiers siècles du christianisme, et doit être considérée, d’autre part, comme l’expression d’un enseignement toujours parfaitement reçu dans l’Eglise.

Sommaire : I. Les Pères de l’Eglise. — II. Saint Thomas et son temps. — III. Les Ecoles théologiques de Sr. Thomas à S. Alphonse. — IV. 5. Alphonse. — V. L’attitude du Saint-Siège. — VI. L'état actuel de la question.

I. — Les Pères de l’Eglise et le Probabilisme

i° Textes allégués à tort contre le Probabilisme. — Ce sera préciser la question que d'écarter d’abord de la controverse tout un lot de textes équivoques, sans lien réel avec le probabilisme, et allégués pour les besoins de la lutte par des adversaires faisant flèche de tout bois. C’est ainsi qu’on n’est pas fondé à faire valoir des passages visant seulement l’obligation : a) de suivre le parti le plus sûr dans l’option religieuse (Lactanck, De div. instit., III, xiii ; P. L., VI, 384 B ; Opus imperf. in Matthæum, faussement attribué à saint Jean Cbrysostome, Hom., xliv, P. G., LVI, 88a B) ; — 6) d'éviter tout risque d’invalidité ou de profanation dans l’usage des sacrements (S. Augustin, De bapt. contra Donat., 1.1, c. iii, b ; P. L., XLIII, ni D. n3A. Grégoire III, dans Ghatien, Decr., p. I, d. 68, c. a) ; — c) d’admettre en matière de foi la vérité intégrale (Clément d’Alex., Stromata, VII, xvi, P. G., IX, 540 A), sans aucun égard aux vaines opinions des hétérodoxes (S. Grégoire de Naz., Orat. xxxvi, 7, P. G., XXXVI, 373 B ; S. Jean Chrysostomb, In Ep. II™ ad Cor., Hom., xiii, 4, P. G., LXI, 496 D ;

5. Augustin, De util, cred., iii, P. L., XLII.83À) ; — d) de se diriger en toutes choses conformément à la loi divine (Tertullien, De spect., xx et xxi, P. L., I, 652 B-653 A) ; — e) de préférer le bien au mal (S. Basile, Hom. inps. lxi, P. G., XXIX, 480 A) ; — f) de faire effort pour chercher la vérité (S. Augustin, De civ. Dei, XXII, xxiii, P. L., XLI, 787 B), et de mériter la lumière par la pureté des mœurs (Ihid., De lib. arb., II, xix, P. L., XXXII, 1368 ; Sermo, iv,

6, P. L., XXXVIII, 36 ; Enarr in Ps.lxi, n. ai, P. L., XXXVI, 744).

Il n’y a pas davantage à tenir compte ici des raisonnements opposés par S. Augustin au probabilisme sceptique des néo-académiciens. Ceux-ci, après avoir établi leur principe : nulli quasi vero assentiri, ajoutaient, pressés par la nécessité de l’action : quisquis id 'egerit quod probabile videtur, non peccat. Mais, si le vrai est inaccessible, quel