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PRÉDESTINATION

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défendent la prédestinai ion ante prævisa mérita, nommons le cardinal Billot, s. J., De Deo uno et trmo’p. 68 sqq. et thés. 3a, Romae, 190a.

Parmi ceux qni ont repris la doctrine de Vasquez, de Lessius et Franzelin, sur la prédestination posi prævisa mérita, on peut mentionner : Chr. Pksch.S. J., Prælei tiones dogmaticae, t. ii, De Deo uno ttrino* Prop. 56-58, Friburgi Brisgoviae, igoy ; NI. Bbraza, S. J., De gratia Christi, Bilbao, 1916 ; lo. Muncunill, S. J., Tractatusde Deo uno ettrino, I* pars, Disp. iv, c. aart. 4, Barcinone, 1918.

3’Théologiens de diverses écoles

Andbk dk Vkra, O. M. (-j- 1560), dans son traité De iustificatione, intitule le livre XII : De incertitudine Prædestinationis et Perseverantiae. Ed. Coloniae, 1573, fol., p. 43 1-483. Il établit, contre Jovinien et Wielef, que l’état de grâce actuel n’esl pas un signe infaillible de prédestination ; que des réprouvés ont possédé l’état de grâce et que des prédestinés en ont été dépourvus pour un temps (c. 2-9). Il admet que tel homme peut, dès cette vie, connaître sa prédestination, par révélation spéciale (c. 10). Il montre, dans les béatitudes évangéliques, des signes plus ou moins sûrs de prédestination (c. 11-ig). Enlin il insiste sur la nécessité de la grâce pour persévérer, et ajoute que la prière peut la mériter ex congruo (e. 20- a3).

Les derniers jouis du concile de Trente furent marqués par un incident relatif à la prédestination.

En 1Ô61, Jean Grima.ni, patriarche d’Aqnilée, se vit déféré à l’Inquisition romaine. On lui reprochait d’avoir couvert de son autorité une prédicateur qui affirmait rondement : « Il est impossible aux prédestinés de se perdre et aux damnés de se sauver. » L’affaire nous est connue par plusieurs documents, notamment par un mémoire du P. Laynkz, général de la Compagnie de Jésus, qui, comme consulteur de l’Inquisition romaine, eut à donner son avis. Tacoin Lainez, f/i Præpositi generalis S /., Disputationes Tridentinae, éd. IL C.risar, S.I., t. II, doc x, Prolegom., pp. 51*-54* et 187-152. Œniponle, 1886. On y trouvera 18 propositions plus ou moins mal sonnantes, extraites des écrits du patriarche. D’ailleurs Laynez se défend de porter aucun jugement défavorable à la personne de l’auteur, qu’il estime bon et catholique. Grimani manquait de théologie, mais ses intentions étaient droites. Tel fut aussi le jugement de l’Inquisition romaine. La plainte aboutit, le ^septembre. 1 563 à une sentence d’acquittement, ainsi libellée : ludica nu*… prædictas litteras prædicti Domini Toannis Grimani patriarchae Aquileiensis, cum apologia iuncta, non esse hæreticaë sou de hæresi sus pet tas, nequesic deolaratas esse scandalosas ; non tamen divulgandas pr opter nonnulla difficilia, minus exacte in eis tractaia et explicata.— Plus indulgent que l’Inquisition romaine, le P. Antonin Rkginalo, O.P. (f 1676), croit pouvoir plaider pour la science théologique du patriarche Grimani. De mente S. Con ilii Tridentini circa gi se ipsa efficacem. Opus postkumum, pars 1, c. iv ; pars II, c. Liv-Lviii. Anlverpiae, 1706.

Saint François db Sales (1567-1622) souscrit décidément à la thèse de la prédestination posi prævisa mérita. Le 26 août 1618, il adressait à Lessius une adhésion ainsi conçue : Demain ob tetvidi in bibliotkeca Collegii Lugdunensis tractatum de Prædestination

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eum inicere contigerit, cognovi tamen Paternitatem Vestram sententiam illam antiquitate, suavitate ne Scripturarum nativa autkoritate nobilissimam, de rstinatione ad gloriam pont prævisa opéra, amplecii ac tiieri. Quod sane mihi gratissimum fuit,

qui nimirum eum semper ut Dei misericordiæ ac gratiæ magis 1 1 ïam, veriorem ac amabilio rcm ezistimavi, qi n tantisper in libello de

Amore Dei indicavi. Œuvres, éd. d’Annecy, t. XVIII,

p. 270 (1912).

Le traité De l’amour de Dieu, auxquel le saint docteur vient de l’aire allusion, avait vu le jour en 1616. On lit au 1. III. eh. v, Œuvres, t. IV, p. 1 84186(1894) :

Tel donc est l’ordro de nostre a cheminement a la vie éternelle, pour l’oxecution duquel la divine Providence establit des l’éternité la multitude, distinction et entresuite dos grâces nécessaires a cela, avec la dépendance qu elles ont les unes des autres.

Il voulut premièrement d’une vraye volonté, qu’encor après le pcclié d’Adam tous Us homm.> nsst ut sauvés il fini., 11, 4.) ; mays en une façon (l par des mo3 r ens convenables a la condition de leur nature, doueo de banc arbitre : c’est a dire, il voulut le salut do tous ceux qui voudroyent contribuer leur consentement aux grâces et faveurs qu’il leur prepareroit, ofïriroit et deparliroit à cette intention. Or, entre ces faveurs, il voulut que la vocation fusl la première, et qu’elle fust tellement attroinpec a uostre liberté que nous la puissions accepter ou rejett r a nostre gré. Ht a ceux desquelz il prévit qu elle seroil acceptée, il voulut fournir los sacres mouvemons de la picnitenco ; et a ceux qui seconderoyent ces mouvomeus, il disposa de donner la sainte charité ; et a ceux qui auroyent la charité, il délibéra de donner les secours requis pour p vorer ; et a ceux qui emplnyeroycnt ces divins secours, il résolut de leur donner la linale persévérance ot glorieuse fe icité de son amour éternel.

Noua pouvons donc rendre rayson de Tordre des 1 de la providence qui regarde nostre salut, en descen lant du premior jusques au dernier, c’est a dire depuis le fruit qui est la gloire, jusques a la racine de ce bel arbre, qui est la rédemption du Sauveur. Car la divine Bonté donne la gloire en suite des mérites, les mérites en suite de la charité, la charité en suite de la pénitence, la pénitence en suite de l’obéissance a la vocation, 1 obeissanco a la vocation en suite de la vocation, et la vocation en suite do la rédemption du Sauveur ; sur laquelle est appuyeetoutc cette eschelle mystique du Grand Jacob, tant du costé du Ciel, puisqu’elle aboutit, au sein amoureux do ce l’ère éternel, dans lequel il reçoit les esleuz en les glorifiant, comme aussi du coslé do la terre, puisqu’elle est plantée sur le sein t le liane percé du Sauveur, mort pour cette occasion sur le mont du Calvaire

Et ipie cette suite dos effeetz do la Providence ayt esté ainsi ordonnée avec la mesme dépendance qu’ilz ont les uns des autres en loiernelle volonté do Dieu, la sainte K^-liso le tesmoigue quand elle fait la préface d’une de ses solennelles prières en ce le sorte : O Dieu éternel et tout puissant, qui estes Seigneur des vivans et dos mortz, et qui uses de miséricorde envers tous ceux que vous prévoyez devoir estre a (’advenir vostres par foyetpar ouvre » ; comme si elle avouoit que la gloire, qui est le comble et le fruit de la miséricorde divine envers les hommes, n’est destinée que pour ceux que la divine sapieucea preveu qu’a 1 advenir, obnissans a la vocation, viendroyent a la /(< ; / vive qui opère nar ta charité (G « /., V, <>).

! "n somme, tous eos effeetz dépendent absolument de la rédemption du Sauveur, qui los a mérités pour nous a toute rigueur de justice par l’amoureuse obéissance qu il a pratiquée jusqu’à la mort de la croix (fhil, , II, 8), laquelle est la racine de toutes les grâces que nous recevons, nous qui so ornes gie l’es spirituels entés sur son tifçe. Oue si ayant os’.é entés nous demeurons en luy, nous porterons sans doute, par la vie delà grâce qu il nous communiquera, lo fruit de la gloire qui nous est préparé ; que si nous sommes comme jetions et greffes rompu cet arbre, c’est a dire, que p ir nostre rcsistanco nous rompions le progrès et l’eut résulte dos effeetz dosa débonnaire té, ce no sera pas merveille si en fin ou nous reliant lie du tout, et qu’on nous motte dans lo feu éternel, comme branches inutiles.

Dieu, sans doute, n’a préparé le Paradis que pour ceux desquelz il a preveu qu ilz seroient siens : soyons donques siens par foy et par œuvre Theotime, ot il sera nostr par gloire Or il est on nous d’ostro siens : car bien que ce soit un don de Dieu d’estre a Dieu, c’est toutefois un don que