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PREDESTINATION

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etc. — Ilèverie condamnée par l’Eglise. Voir art. Origknismr, la^i sqq. — Par une autre voie, Pklagk, un siècle et demi plus tard, chercha dansune vie ultérieure le fondement du discernement divin, et pour rendre raison des jugements de Dieu sur les enfants morts sans baptême, admit une imputation anticipée de leurs démérites éventuels. Hypothèse manifestement injuste. Nous verrons saint Augustin aux prises avec l’hérésie pélagienne.

Au cours. des quatre premiers siècles, le problème de la prédestination ne fut guère agité que par des Pères grecs, et par tel Père latin formé à l’écoledes Grecs. Citons les commentaires, très représentatifs, de saint Jkan Ciirysostomb, In Rom., llom., xv sqq., /’. G., L ; InEph., Nom., i sqq., P. G., LX1I, et de saint Cyrillr d’Alrxandrib, P. G., LXXIV.

Serra utile près la lettre de l’Apôtre, saint Jean Chrysostome explique comment Dieu fait tout concourir au bien de ceux qui l’aiment : en procurant de toute manière leur avancement spirituel, même au prix de dures épreuves. Au contraire, ceux qui n’aiment pas Dieu, trouvent, dans leurs succès même et dans les grâces dont ils abusent, une occasion de plus grande ruine spirituelle. Ainsi, d’une part, les Apôtres servent Dieu par leur ignorance, leur faiblesse, leur patience dans la persécution, plus efficacement que par des triomphes ; le larron pénitent trouve sur la croix le salut ; d’autre part, les Juifs, rebelles aux miracles du Sauveur, s’endurcissent. On sait déjà que Chhysostomb voit dans la npotean, dont parle l’Apôtre, le choix fait par l’homme, et d’où procède le salut ; il l’oppose à lax/^i ; divine, In Rom., Ilom., xv, I, P. G., LX, 54 1 : Oùj ; y, HÏSjmç ftôvo » ù)Xk xa’t h’npôBioii ziii r.x/cju.îvav vip> 3WTr, piav £i’^yao- « T5.où’/àofyccyxoarfiém -/è/ojvj r, //f/ ! iç t ojoè ^tZiy.njizvr, . Havre ; yoOv !’sxJrfir, iv.v, à//’où Tià.vrti

fojMUMcy. Pour saint Cyrille, une double -npôBîeii, celle de Dieu et celle de l’homme, conditionne la

z/fn ; . P. G., LXXIV, 828 B : Klr, Toi -/t/ivuii Tivî ; xarà

Mp16ettv Tr, -j -1 roù xixlqxoTOi /.vÀ rr ; j ttonSn. D’ailleurs l’appel divin se règle sur une prescience, qui l’adapte aux dispositions de l’homme. Ibid., 829 A : Ei’<î<î>s ykp

riic^TS’^ ho/jiévoiii « ùto’Jç, àvx/o-/ « Tr, 7 : epi v.ùrSiv StaOé’Sti TOppojScv càmïi riÙTpémÇtv xyaBa. ! Iï> ; oii-j « CtoÙ ; itepuSeïv olov tî, /-A t. pi t’js /suioOcct rf, i npoa.ipé’si’jii aura » tks c/.p.oiZv.c t.rc€~< ravra xy.i i~i xoùroii aeùreùç xuXéaaytCt ;

Saint Ambiioisb s’inspire de ces pensées, en esquissant la théorie de la prédestination appuyée sur la prescience, De fide, V, vi, 83, P L., XVI, 604 C : Non enim ante prædestinavit quant præsciret ; sed quorum mérita præscivit, eorum præmia prædestinavit.

Dans la même ligne de pensée, I’Ambrosiastbr parle d’une vocation privilégiée secundum propositum : par propositum, il entend les dispositions du cœur de l’homme. P. L., XVII, 127-128 : Diligentes Deum, etsi imperite precati fuerint, non eis oberit : quia propositum cordis illorum sciens Deus et ignariam, non illis imputât quæ adversa postulant ; sed ea annuil quæ danda sunl Deum amantibus… Ili ergo secundum propositum vocantur quos credentes præscivit Deus futuros sibi idoneos : ut, antequam credereni, scirentur. Istos quos præscivit Deus futuros sibi devolos, ipsos elegitad promissa præmia capessenia. .. Ideo prædestinantur in futurum sæculum, ul similes fiant Fdio Dei.

III. Saint Augustin. — Avec saint Acgustin, le point de vue change. La prédestination à la gloire, déjà envisagée par saint Ambroisk, par I’Ambrosiaster, par saint Jérôme (H p., cxx, 10, P. ! .. XXII, 1000), vient décidément au premier plan.

Ce n’est pas d’emblée que saint Augustin atteignit, sur l’économie de la grâce divine, une doctrine ache vée. En 3g4, déjà prêtre, dans VExpositio quarundam propositionum ex epistola ad Romanos, inc. îx, n.LX, lxi, P. ! .., XXXV, 2078-2079, tout en subordonnant au secours divin le mérite des œuvres, il revendiquait pour l’homme l’initiative de la foi : c’était suivre la voie où s’engageront plus tard les semipélagiens. Il ne devait d’ailleurs pas tarder à reconnaître son erreur ; nous en trouvons le désaveu explicite dans les Retractationes, I, xxiii, P.L., XXXII, 621.622, et De prædestinatione sanctorum, ni-iv, 7-8, P. t., XL1V, 964-966.

Evêque d’Hippone, dès 397 il a réalisé un progrès décisif, en écrivant les Libri ad Simplicianum que, jusqu’à la lin de sa vie, il présentera comme l’expression d’une penséedéfinitive (Voir De prædestinatione sanctorum, écrit en 4^8-9, iv, 7, P. t.., XLIV, 96/1, et De dono perseverantiae, écrit vers le même temps, xxi, 55, P./.., XLV, 1027). Commentant Rom., ix, il s’attache à rehausser la souveraine indépendance du choix divin, et inculque constamment la doctrine de l’Apôtre : Eph., 11, 8.9 : Gralia enim Dei salvi facti sunius per fidem ; et hoc non ex nobis, sed Dei donum est ; non ex operibus, ne forte quis extollatur ; — II Cor., x, 17 : Qui autem gloriatur, in Domino glorietur.

— C’est pourquoi il considère d’ensemble l’œuvre du salut et préfère au point de vue fragmentaire de l’élection à la grâce le point de vue global de l’élection à la gloire. C’est de ce dernier point de vue que sont conçus les principaux développements ; ainsi, II, q. ii, 6, P.L., XL, 115 : yVo « ergo secundum electionem propositum Dei manet, sed ex proposilo electio ; i.e., non quia invertit Deus opéra bona quæ in hominibus eligat, ideo manet propositum iustificationis ipsius ; sed quia illud manet ut mstificet credentes, ideo invenit opéra quæ iam eligat ad régna cælorum, Nam nisi esset electio, non essentelecti, nec recte diceretur ; Quis accusabitadversus eleclos Dei ? (Rom., viii, 33). Non tamen electio præcedit iustificationent, sed electionem iustificatio. Nemo enim eligitur niii iam distans ab illo qui reicitur. Unde quod dictum est : Quia elegit nos Deus ante mundi constitulionem (Eph., 1, 4)> non video quomodo sit dictum nisi præscientia. — Tout à la fln du livre, il indique le point de vue secondaire de l’élection à la grâce, 22, P.L., XL, 127 : Non ut iustificator uni electio fiât ad vitam aeternam, sed ut eligantur qui iustipcentur ; mais uniquement pour écarter ce point de vue, comme étroit et stérile.

Survint l’hérésie de Pelage, qui prétendait fonder la prédestination divine sur le mérite de l’homme. Augustin ne se lasse pas de combattre cette prétention, qui est la négation même de la grâce. Ainsi De pecc. meril. et remiss, (en 4 1 2) I, xxii, 3 1, P.L., XLIV, 126.Il fonde la prédestination sur la prescience qu’a Dieu de ses propres voies, Ib., II, xxix, 47,’79 : Dominas noster hanc suam medelam nullis generis humani temporibus ante ultimum futurum adhuc iudicium denegavit eis quos per cerlissimam præscientiam et futuram beneficentiam secum regnaturos in vitam prædestinavit aeternam. Il fait la part du libre arbitre en rappelant qu’il appartient à Dieu de préparer la volonté de l’homme (Prov., viii, 35, LXX), Contra duas epistolas Pelagianorum (vers 4a°), H, ix, 20, P.I.., XLIV, 585.

Tel pélagien s’autorisait du texte de saint Paul, Rom., viii, 28, en entendant, à la suite des Pères grecs, le mot propositum de la résolution humaine. Cette exégèse tendancieuse ne trouve pas grâce devant Augustin, qui entend du dessein divin le secundum propositum vocati, Ib., x, 22, 586 : Ul Dei, non homirus, propositum intelligatur, quo eos quos præscivit et prædestinavit conformes imagina Filiisui, elegit ante mundi constitulionem. Non enim omnes vocati,