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PREDESTINATION

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Je l’exécution. Arrêlons-nous d’abord à l’ordre de l’intenlion. Pas plus que dans l’ordre de l’exécution, les ternies n’y sont formellement identiques. Logiquement, la prescience précède la prédestination, comme l’opération de l’intelligence précède et rend possible celle de la volonté. Distinction admirablement marquée par saint Thomas, In Rom., viii, lect. 6 : Differt (prædestinatio) a præscientia secundum rationem, quoniam præscientia importât solam notitiam futurarum, sed prædestinatio importât causalitatem quandam respecta eorum. Avant le décret formel de prédestination, nous devons concevoir un regard divin sur la carrière des prédestinés, regard accompagné de complaisance sans doute, mais qui précède logiquement le décret et suppose un objet formé. C’est ce que l’Apôtre a voulu marquer. Ainsi l’entendent expressément les interprètes grecs, parmi lesquels il suffira de nommer Origène et saint Jean Cbrysolome.

Origknb, In Rom., i, dans Philocalia, xxv, P. G., XIV, 84 1 D :

Yip63y’j>fj.u où » zf, Tcil-ct tûv /r/OjUévwv * ôixKioî Sk 6 0eo ; McltVecg Ttp/rspo », OÙx Su ôixcucJTà ; cC : jxr, buiXwt, xv./et Sk Ttpè t ? ; xXrfotWi r.r.copiiy. ; , c’js. av xa/éiaç ci ; ixr, Ttpoojpiïs’xai é’oriv KVTfiy otoyr, Tf, i x’/r^ioi^ xai t ?, : Sixv.tdjæoti c’jy è Ttpoopuptôi :

  • t’.c, y « p e< c r.’Jpxh t&v lç^4, xai tz160.voitw.tu. kxpâTow oi

KttpttoctyOvTes tc’j veoi f.07£w ; ktî7Tîv Xiym’caïUTtpu Se èrn t ; û —y.’, pnpuîi r ; vpôyvugii.

J’emprunte la traduction de F. Prat, Origène, p. 14a » Paris, 1907 :

Observons attentivement l’ordre du discours. Dieujustifie ceux qu’il Il d abord appelés, el il ne les justifierait pat s’il ne les avait appelés. Il appelle ceux qu’il a déjà prédestinés, et il ne les appellerait pas s’il ne les avait prédestinés. Pourtant, ce n’est pas la prédestination qui est le terme premier de la vocation et de la justification. Si elle était le premier terme de la série, les fatalistes auraient gain de cause ; mais avant la prédestination il y a la prescience. (Voirie contexte)

Saint Jean Chrysostomb, In Eph., 1, Hom., ii, 1, P. G..LXII, 17 :

AtTÎ Tf.i T.p^’J.ipizi’jii TpCCpilSé-JTV. : , TOUrétTttl kv.>TQ

(//t ;’s< ( u ! n ; iftipin » ihv f’-zotcci. c/jiv.i vpiv  ?, ytvioSott xexirf

Dans la Revue des Sciences philosophiques et théologiques, année 1 9 1 3, p. 263-274, le R. P. Allô, étudiant Rom., viii, 28-20, a soumis le mot Ttpovpu à un « examen philologique » d’où ressort une conclusion différente. Voici les grandes lignes de l’argumentation. Le vrai sens de ce mot doit être éclairé par l’usage du X. T., quant au verbe npr/ivùixoi et au substantif Ttp6-/vo>711. Or le X.T. présente 4 exemples du verbe et 2 du substantif.

Pour le verbe Ttpr/tvoiTxu :

Act., xxvi, 5. Etranger à la question.

2 Rom., xi, 2. Prescience divine relative à Israël.

3° I Pet., 1, 20. Prescience divine relative au Christ.

4° II Pet., iii, 17. Etranger à la question.

Pour le substantif Ttpé-/vuaif :

Act., 11, 23. Prescience divine relative à la passion du Christ.

2 I Pet., 1, 1.2. Prescience divine relative au alut.

En écartant les 2 exemplesdu verbequisontétrangers à la question, il reste 2 exemples du verbe et a du substantif. Sur chacun de ces 4 exemples, l’auteur prononce le même jugement, p. 269 : « Partout, sans que le sens en subit la moindre modification, lùvxu eût pu être remplacé par npcopiÇutt itpéyvùnti par np’.Btin ou npiopiepôç. »

D’où cette conséquence logique, p. 272 :

« Mais, alors, prescience n’est-il pas, chez saint

Paul, synonyme de prédestination’} N’est-ce pas une tautologie : Ceux qu’il a prédestinés, il les a prédestinés ? »

L’objection ne saurait être mieux formulée. Nous ne la croyons pas résolue. Voici la réponse qu’on lui oppose : « Non ; car il y a une distinction au moins de raison. Upoytvùaxttv précède, non réellement en Dieu, mais dans l’ordre logique, l’acte appelé TtpoopiÇnv, l’intelligence précédantla volonté : A’ilvolitum nisicognitum vel præconceptum. Dieu a distingué ceux qui recevraient la faveur de l’appel efficace, de la justification et delà glorification, les a choisis, avant de décréter le moyen par lequel il les sauverait (et qui consistera à les rendre, de fait, conformes à l’image de son Fils), ou, afortiori, l’ordre des moyens partiels et successifs par lesquels il les acheminerait vers la gloire. Tout cela, bien entendu, selon notre manière de connaître… »

Accordons tout cela. Mais si nous voulons faire pleine justice à la pensée de saint Paul, nous nous garderons d’y introduire une distinction, qui lui est complètement étrangère, entre le but et les moyens. Le but, c’est ici le salut des prédestinés ; les moyens, c’est tout l’ordre de la prédestination. L’un et l’autre tombent, à un même titre, sous la nécessité d’une connaissance préalable, et intègrent l’objet de cette prescience dont parle saint Paul. Affirmer cela, ce n’est pas enrôler l’Apôtre sous une bannière théologique : nous ne songeons pas à retrouver chez lui aucune théorie née au xvi’siècle. Mais nier cela, n’est-ce pas mutiler arbitrairement son analyse de l’acte divin ? n’est-ce pas déplacer l’objectif, contrairement à ses indications très claires ? Nous croyons préférable de lire saint Paul tel qu’il est, sans aucune manipulation.

Saint Paul ne dit pas que Dieu a d’abord connu le but, puis prédestiné les moyens. Ce qu’il a d’abord connu et ensuite prédestiné, ce sont les élus, ou si l’on veut cette carrière des élus qui s’ébauche par la grâce et se consomme dans la gloire. Tpoé-/voi et Trpoùpiucv ne répondent pas précisément à la distinction du but et des moyens, mais à la distinction d’une connaissance spéculative et d’une connaissance pratique, du simple regard et du décret. Nous nous tenons dans la plus exacte propriété des termes.

Le verbe -npoop i’Çw, en dehors de Rom., via, 2g.30et Eph., 1, 5. 11, se rencontre 2 fois dans le N. T. ; savoir :

1*1 Cor., II, 7 :’AX), x).cr.).ov/j.ev 0ïoC eofu’Kv v p.v7Tr, pïo>, tàv ù.TOxixpjp.p.ivrfj, fa irpciùptre-j è &tii Ttpi tCiv « c’wïw » sîç 50fav hpGyj. — Décret relatif au mystère de la Rédemption, ordonné, de par la divine Sagesse, au salut des hommes.

Act., IV, 28 : ÏIoiIgMci sVa h yiip 70u xai ri fio’/j.’n Trpcoipi <riv ytvérSxi. — Décret relatif à la passion et à la mort du Christ.

On peut rapprocher, de ces exemples de npooptÇu, les 7 exemples de ipiÇoique présente le N.T. :

Lue., xxii, 22 ; Act., ii, 23. Décret divin relatif à la passion du Christ.

Act., x, 4 2 ; xvii, 31. Décret divin relatif à l’investiture du Christ, comme juge des vivants et des morts.

Act., xi, 29. A écarter, comme désignant une résolution humaine.

Act., xvii, 26. Décret de la Providence dans l’ordre naturel.

Rom., 1, 4. Décret relatif à la glorification du Christ ressuscité. La vulgate a rendu : èpuOivTOi par : qui prædeslinatus est.

//et., iv, 7. Décret particulier de la Providence dans l’ordre surnaturel.

En résumé, tous les exemples deitpoopiÇu que pré-