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PENTATËUQUE ET HEXATEUQUE

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lequel entend la loi de Ex., xx, 2^-16, des sacrifices offerts sur des autels privés.

Driviîr accorde que le sanctuaire auquel était attac liée une présence spéciale de Dieu eut toujours la prééminence sur tous les autres lieux de sacrifice (Peuteronomy, ^4, Edinburgh.iSgô ; cf. L. Gao-TiBR, 69 : a Un sanctuaire principal, rendu plus important parlaprésence de l’arclie ».)Selon Vam dbn BiKsisN, Dithlin jRevie.i’, LXII, ^^(iSyS), il est possible que Moïse lui-même, dans les derniers entretiens avant sa mort, ait recommandé l’unité de sanctuaire.

Une objection pourrait naître du fait que, au vi" siècle av. J.-C, les Juifs établis dans l’ile d’Eléphanline en Haute Egypte avaient leur temple propre. L’an 15 de Darius II (^08-5 av. J.-C), Jédonias elles prêtres de ce lieu écrivirent à Bagohi, préfet de laprovince de Judée, pour se plaindre que le temple du Dieu lalivé, épargné même par Cambj’se (en 5s5), eût été détruit, l’an 14 du roi Darius II, à l’instigation des prêtres de dieu Chnub [Gettre lettre, exhumée en 1906 avec deux autres documents araméens, a été éditée par Ed. Sachao, Drei arumàisclie Papyrus aus Elephantine, Berlin, 1907 ; voir le texte ciiez V. Stærk, Aramâische Urkunden ziir Geschichlo. des Judeiitums im vi ii, v Jahrliunderte vor Chr, {Kléine Texte, éd. LlBTZMAN^’, 3 »), 3-8, Bonn, 1908 ; ou chez Laghanob, /.es nouveaux paprus d’Eléphanline, Hev. Bibl., A. S., Y, 3a5 sqq. (1908) ; et chez I. Halbvy, Iriser, arainéenne d’Elephantine, liev. sémitique, XVI, 93 sqq. (tgoS)]. Ces Juifs ne connaissaient donc pus la loi deutéronomique de l’unité de sanctuaire, ou bien la négligeaient. (ScHii-RBR, Theul. Lit. y.lg, 1907, 4, et F. Staubklin, Elephantine u. Leontopolis ; Z. S. /’. A. T. VVissenschaft, XXVIII, 108-182 (1908), pensent que la loi deutéronomique n’était pas parvenue à cette lointaine colonie juive, ce qu’on croira difficilement, car on y possédait l’iiistoire du sage Ahikar (dont parlera le îivredeTobie) etle texte de l’inscription de DariusI.) Van HooNACKBR explique la chose ainsi : la loi du Deutéronome, qui n’admet qu’un sanctuaire, n’est faite que pour la terre de Chanaan, et donc, de soi, ne défend pas l’érection de temples hors de la Terre sainte ; cependant l’usage était de ne pas sacrifier hors de la Terre sainte, à cause de l’impureté du lieu. (Z)ie rechtliche Stellung des jiidischen Tempels in Elephantine, gegenuher den Einrichtungen des A. T. ; Théologie u. Glaube, I, i, 38-447 (’909) ; du même auteur : Une Communauté judéoaraméenne à Elephantine, London, 1916, et N. Pbtbrs, Die jadische Gemeinde von Elephantine, Syene und ihr Tempel ini V Jahrhundert vor Chr., Freiburg, 1908. Dans le même sens, W. Stabrk, Die Anfùnge der jùdischen Diaspora in Aegypten, i sqq., Berlin, 1908.) H. Popb raisonne ainsi : si ces Juifs ignoraient le Deuluonorae, il n’a pu è^re écrit avant l’exil ; si au contraire cette loi existait déjà, elle n’était pas observée avec tant de rigueur, car Jédonias et ses compagnons prient les prêtres même de Jérusalem de collaborer à la rééditicalion du temple détruit. The temple ofJahu in Syene and Pentateucincal Criticism. The Eccl. Revie » ; ’XLVn, 291-293 (1913). — Cf. en outre I. Dobller, Theol. Q. S., LXXXIX, 502 sqq. (1907) ; Th. NoBLDBKE, iVei/e yï/i//sc/i< ; Papyri^ Z. S.f. Assyriologie, XXi, 195-205(1908), conclut qu’au temps où cette lettre l’ut écrite, les diverses sources du Peutateuque n’avaient pas encore conflué en un livre unique ; au contraire, S. Daichbs, Zu den Elephantine Papyri, ib., XXII, 197-199 (1908), allirme que les Juifs de la Haute-Egypte connaissaient lePentateuque ; et parce que cette lettre désigne diverses sortes de sacrifices, minchah et lebonah (encens), par leurs noms hébreux, il estime que les auteurs de

la lettre citent le Pentatcuque, à savoir lev., ii, 1 ; VI, 8 ; i, 3 ; VI, 2. C’est aussi l’avis de Feldmann. Théologie u. Glanhe, I, 288 (1909) et de A. H. Savce, Expiisitur, 8 S., VI, 421 (1911) : " La loi lévitique étaitconnue et obéie au temple juif d’Eléphantine. n Cependant Pope, l. c., 299, note que la lettre prouve seulement que ces Juifs pratiquaient les diverses sortes de sacrifices, non qu’ils avaient entre les mains une loi sacrificielle écrite.

4. Divers arguments en faveur de la pluralité des sources. — Que dire, en général, « de la théorie delà distinction des sources » ? On a parfaitement le droit de la tenir, si on la restreint à la Genèse. Car il n’est pas improbable que l’auteur de ce livre eut à sa disposition, outre les traditions orales, des sources écrites, par exemple l’histoire de la création (Gen., I, i-ii, 4). dont la haute antiquité ressort de la langue et de tout le caractèrede la narration ; l’histoire du déluge (vi, 9 sqq.) ; la bénédiction de Jacob (xLix, 3-27), ce qui ressort surtout des vv. 6-7, où Jacob exclut de la bénédiction la tribu de Lévi, d’où sont issus Moïse,.aron et les prêtres de l’A. T. ; les vies des patriarches, qui nous ramènent aux temps antérieurs à Moïse, car, soit pour le culte divin, soit I>our la vie familiale, elles n’ont jamais égard aux prescriptions mosaïques : si ces histoires avaient été composées postérieurement, l’auteur aurait conformé à la Loi de Moïse la vie des patriarches du peuple choisi. On observe plut6t dans lescoutunies de la vie patriarcale unecertaine aflinité avec le code A’Hamtnurahi, roi de Babylone, contemporain d’Abraham.

C’est une question fort discutée, de savoir si la Loi de Moïse dépend de ce code légal, avec lequel elle présente une incontestable alfinité. On ne peut démontrer une dépendance directe ; une dépendance indirecte paraît admissible, car les statuts d’Hammurabi, qui lui aussi a puisé à des sources plus anciennes (cf. A. T. Glay, a Sunic-rian prototype of the liantmurabi Code, Orient. Lit. Ztg, XVII, i-3 [19141). jouissaient d’une large dilTusion, grâce à l’inlluence exercée par Babylone durant de longs siècles sur la Palestine et le proche Orient. Cependant la supériorité de la loi mosaïque est incontestable, car en général elle établit des peines plus légères, réprouve non seulement les actes extérieurs, mais encore les mauvais désirs, considère la vie humaine tout entière dans sa relation avec Dieu. Voir Johns, Th<oldest code uf taws m the norld, London, igoS ; St. a. Cooic, The laivs of Moses and the code 0/ Ilanimurabi, London, ijoS. Laohangb, Le code de Hammoarabi. Hev. Sii/., XII, 27-52 (igoS) ; Fr. Mari. U codice de Hammurabie la Bibbiu, Roma, igoS ; S. V. Orelli, Das Gesetz Hanimurabis ii, die Tliora, Leipzig. igoS ; Iv. Jehemias,.Vos es u. Hammurabi-, Leipzig, igoS ; H. Grimmb, Das Gesetz Chammurabiu. Moses, Koln, iyo3, trad. ital. par Mozzicarblu, l’i codice di Hammurabie Mosé, Roma, 191 1 ; I.’-RoTBSTBi. N, Mose u. Hammurabi (Bibl. Zeit u. Streilfragen, l, 9), Grosslichterfelde, 191 i ; C. F.LBasiANN-Hadpt, Israël ; seine Entwicklung im Rahmen der ff’eltgeschichte, 293 sqq., Tiibingen, igii ; Lagranoh, L’homicide d’après le code de Hainmourabiet d’après laBilde, Rev. 5(i/.,.V..S., XlII, 440-471 (1916) ; P. GruvBiLHiEK, La monogamie et le concubinat dans le code de Hammoarabi, ib., XIV, 270-286, etc. (1917)

Mais l’état de la question change si l’on étend la distinction des sources à tout le Pentateuque. Assurément cette théorie ne peutètre rejetée apriori comme contraire à l’inspiration divine et à la dignité de l’Ecriture sainte. Car la notion d’inspiration n’inclut pas la révélation de vérités nouvelles, seulement elle implique une assistance spéciale de l’EspritSainl, qui meut, illumine et dirige l’écrivain