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1899

PENTATEUQUE ET HEXATEUQUE

1900

été écrites au temps de Josias ; ainsi, c. xxx.iii rapporte la bénédiction des douze triijus d’Israël ; or, les dix tribus avaient été emmenées en captivité dès naa, donc cent ans avant le temps de Josias. Deut., XII ne fait qu’indiquer obscurément le lieu unique où peut être célébré le culte divin ; 5 : « Ad locum quem elegerit Doniinus Deus vesler de cunclis Iribubus vestris venietis. » Un auteur écrivant au vii<^ siècle, alors « lue le temple de Saloraon existait dejuiis trois cents ans, aurait déterminé plus exactement le lieu du culte, peut-être eîit-il clairement désigné la ville de Jérusalem, surtout s’il appartenait au corps des prêtres du temple.

Dieu ordonne l’extermination des Ghananéens (vu, I ; XX, 17)etdes Amalécites (xxv, i-) sqq.), suppose qu’Israël redoute leur grande multitude (vu, 18etc.) ; or, au vu' siècle, à peine se trouvait-il des Ghananéens et des Amaléciles en Terre sainte ; et s’il en restait, sûrement leur nombre n'était pas tel qu’il pût inspirer de la crainte aux Israélites. — Si les prêtres de Jérusalem avaient publié la Loideutéronomique, ils n’auraient pas si facilement accordé aux prêtres et lévites dispersés sur la terre les mêmes droits et privilèges dont eux-mêmes jouissaieut. Gf. Deut., XVIII, 6-8. La loi du roi (Deut., xvii, 17 sqq.) n’a-t-elle été publiée qu’aux derniers jours du roaume ? Gf. I Reg., x, 26 (Samuel énonça au peuple la loi du royaume et la consigna dans un livre). Os., vui, 13 et IX, 3 paraît faire allusion à Z^eii/., xxviii, 68.

Aussi des auteurs non catholiques fort estimes accordent-ils que le Deutéronomefut « crit longtemps avant le temps de Josias. Ainsi Sriiiiciv, Eiitleituii^, 6u. KL06TBRMA.NN aliQrme même que le livre existait en germe dès le temps de Moïse. Beitrtige zur EntstehangsgeschiclUe des Pentateucli, A’eue Kirclil. Zeilschiifl, XllI, 23-a5 ; i-jS-ioi ; 4a8-447 ; 677-720 (itjoa) ; XIV, 26&-391 ; 354-377 ; 693-727 (1903). O. Naumann, Das Deuteronomium, das projihetische Slaatsgesetzdes theocratischenKônigt unis, Gixlevsloh, 1897, pense que le noyau de Deut. était la loi du royaume écrite par Samuel et la loi du temple, contenue en germe dans la prière de la dédicace du temple, prononcée par Saloiuou (III lieg., viii, 31 sqq.). Même G. Sternbbhg, Die EtIiiL des Deuteronomiums, Berlin, 1908, dit que le Deutéronome fut composé au temps de Salomon. E. Sellin, Einleitung, lii, enseigne que Deut, renferme des lois qui remontent au temps de Moïse et des Juges. — G. G, Cameron, J'/ie lans particulai- to Deut., Princeton theol. Revieiv, I, 43^-456 (igoS), montre que beaucoup de lois contenues dans Deut. manquent leiir but, si elles n’ont été faites au temps de Moïse. Même parmi les auteurs qui admettent une origine plus récente du livre, plusieurs excluent la « pieuse fraude » ; ainsi G. A. Smith, The Book of Detiteronomy, cv, Cambridge, 1918 : la pieuse fraude n’aurait pu être commise sans le prêtre Helcias qui, s’il eût publié le livre, aurait rédigé autrement la loi concernant les lévites (18) ; de même A. Bertholbt, Dfiiteronomium, xiii, Freiljurg, 1899 ; et O. BobttiGHtR, Das Verhàltnis des Deut. zu II Aon., xxii. XXIII und zur Prophétie leremia, Bonn, 1906. — Pour l’origine mosaïque de Deut., voir H. Pope, The dati of the composition ofDeuteronomy, Rome, 1910 ; F. S. Gigot, The mvsaic authorship of Deut., Irish Tkeological Quartfrlr Uevieti', IV, iii-^aô (1910). HuMMBLAUBR pense que les lois contenues Deut., XII- XXVI, ont été recueillies au temps des Juges.

Mais le livre de la Loi pouvait-il périr ? Le roi Manassès, aïeul de Josias, qui régna plus de quarante ans, adonnéà l’idolâtrie, poursuivait cruellement les prophètes ; faut-il s'étonner qu’il ait souhaité l’ané antissement d’une Loi qui condamnait son impiété? Aussi des prêtres animés du zèle de Dieu cacUèrent un exeiuplaire du livre de la Loi dans un lieu secret du Temple, où Il fut oublié au cours des ans. [Ainsi Cornélius a Lapide, citant Nicolas dk Lyrk, qui se réfère aux rabbins D. Kimchi et Hascui, affirmant que le roi Achaz fit brûler les livres de la Loi et que, pour cette raison, un exemplaire fut caché sous le pavé du temple ; O. Thenius, Die Biicher der Kônige^, Leipzig, 1873 ; HcMMBLAUER, Com. in Deut., 83 sqq. Que cette hypothèse ne soit pas gratuite, on le voit par un fait tout récent. H. O.mont raconte (Journal des Débats, 16fév. 1916) que, lors de la restauration du toit d’une chapelle de la cathédrale de Lyon, on trouva quatre caisses contenant des documents de l’ancien chapitre cathédral, entre aulres un cartulaire de l’année 1350 qui passait pour perdu, et un diplôme original de Charles, lils de l’empereur Lothaire 1 (861). Cf. Revue Bihl. ; X. S., XUl, 288 not.

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Une autre hypothèse a été proposée par E. Na ville (Egrption itritings in foundation walls and the âge of the l>ooh of Deuterononr) ; Proceedings of the Society of Biblical Archæology, XIX, 332-242(1917) ; La découverte de la Loi sous le roi -losias, Paris, 1910. Précurseurs de Na ville : T. H. Cheyne, lereniiah ; his life and times, 85, London, 1888 ; et K. Budde, Geschichte der ait. hebr. Ltteratur, 109, Leipzig, 1906, qui cite G. Maspero, Histoire ancienne de l’Orient, I, 73 sq., Paris, 1896). Divers exemples attestent la coutume égyptienne de déposer dans les fondements des temples des livres sacrés, qui ont reparu au jour après des siècles, lors de la restauration des temples. De même, Salomon enferma dans les fouJemenls du Temple un exemplaire du Deutéronome, qui fut découvert sous Josias : le livre découvert était donc du temps de Salomon. Ont sousorit à cette hypothèse ; A. U.SwcE, Expositor) limes, XXI, 46sq. (1909-10) ; H. Ghimme, Die Auffindung des Salomonischen Gesetzbuches unter Jasia ; Orientalistische Literaturzcitung, X, 610-615 (1907). L’ont combattue : W. Erbt, Der Fund des Deuteronomium, Orient. Lit.^tg., Xl, 5-}-&2 (1908) ; P. Haupt, Salomo’s Deuteronomium, il)., ligna ; partiellement aussi, E.KoE ! <io(Gesetzesfunde in Tempfln, ib., 126-137 ; — réplique de Gbimmb, Zur Annahme eines salomonischen Gesetzbuches, ib., 188-193 ; — du même auteur. Die habylonische Schrift u. Sprache u. die Originalgestaît der hebr. Schrift ; Zeitschr, d. Deutschen morgenlàndischen Gesellschafi, LXIV, 715 sqq. (1910)) et S. EuniNGKR (/.um Streit um das Deut. ; Bibl. Zeitfragen, IV, 8, Miinster, 1911 ; Die aegyptischen u. keilinschrifllichen Aiialoglen zuni Funde des Codex Helciae ; Bibl. Zeitschrift, IX, a30 sqq. ; 437 sqq. (1911) ; X, 13 sqq., 1 25 sqq. (191a) ; cf. UeRiMann, Aegxptische Analogien zum Funde des Deut., Zeistchr. /. A.T.liche IVissenscha/t, XXVIII, 291-802). Euringer montre par II Par., xxxiv, 14, <iue le livre fut découvert par Helcias dans un upparlem « nt du temple, non dans les fondements. — Grim.mb rapporte Deut., xxix, 28, à la découverte de l’exemplaire, et traduit : Ce qui avait été caché devant Jahvé notre Dieu, a été découvert pour nous et nos U ! s, afin que nous suivions tous les préceptes de cette Loi à jamais. » Hadpt, 1. c, rcjellc cette version et en propose une autre : a Ce qui est caché, (n')intéreàse (que) Jahvé ; ca qui est manifeste, (suûil) à nous et à nos fils, pour que nous accomplissions toutes les paroles de cette Loi à jamais. » U pense que ces mots sont une glose ajoutée à l'époque macchabécnne ; ce que nie E. Nbstle, Orient. Litztg, XI, 240-242(1908), parce que le texte figure soildaus la version grecque du Pentateuquefaitesous Plolémée IV (222-206), soit dans lePentateuque samaritain. Selon Hdumelaubr,