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PENTATEUQUE ET HEXATEUQUE

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admettre, ou bien qu’ils ont été forgés avec intention par un écrivain iiootérieur, ce que les adversaires de l’origine mosaïque du Pentaleuque ne sauraient prouver par ar)?uments solides, ou qu’ils ont été consijcnés par écrit par un témoin contemporain. El comme par ailleurs il est constant que Moïse a écrit le récit de plusieurs événements, la présomption demeure favorable à Moïse. Car on ne saurait produire aucune raison s’opposant à ce que beaucoup d’autres f> » its, sans lui être expressément attribués dans le Pentateuque, remontent à son témoignage irami’diat.

Le texte suppose très souvent que l’Egypte et le désert sont plus familiers aux lecteurs que la terre de Cliannan. Aussi les lieux et régions d’Egypte, comme (iosen (Œn., xlvi, 38), On (it>.. xli, 45), Pithotii (Hx., i, II), Pi-/iachirol, MigJal (ib, xiv, 2), sont-ils nommés simplement, sans i)lus ample détermination ; si I auteur parle des régions et des cités de Clianaan, il se réfère, pour illustrer la iiensée, à l’Egypte ; ainsi la région voisine du Jourdain est-elle compiirée à l’Egypte, telle qu’elle apparaît en venant de Zoar (Gen., xiii, 10 ; lire, selon syr, Zoan-Tanis) ; Hebron est dite fondée sept ans avant Zoan, ville d’Egypte(iV » ; n., xiii, 28). Latopograpliiede Chanaan ne paraît pas si connue des lecteurs ; on lit, par exemple : « llebron, ou Arbee, ville de Clianaan » (Gen., XXIII, 3, 19) ; de même pour Sichem (ib., xxxiii, 18) ; voir aussi la description des monts Ilebal et Garizim, />eut., xi, 19 sqq

On peut doncconclureque, des témoignages exprès et du caractère interne du Pentateuque, il ressort que beaucoup de parties renfermées dans les cinq livres ont été écrites ou dictées par Moïse ; bien qu’on ne puisse prouver rigoureusement que le Pentateuque, sous sa forme présente, est l'œuvre exclusive de Moïse.

3. Témoi « nagcs desaaireslivres de l’A. T. — On peut alléguer divers textes prouvant que Moïse donna au peuple, sorti de la servitude d’Egypte, une loi écrite :

a) /' » s., I, 8, il est question de l’u/dj/iine legis huiiis ; XX, 6, de vnlnmine legis Moysi- d’après viii, 31-35, Josué écrivit sur la pierre dettteronomiiim legisMoysi (misclin^h tôrat-Moscheh) ; ce dernier passage paraît désigner quelques lois brèves ou une très brève synthèse (le l « législation de Moïse : car il serait absurde de dire que Josué écrivit sur la pierre tout le Pentateuque. Josué éleva sur le montHebal un autel, selon l’ordre de Moïse, consigné dans le livre de la Loi de Moïse (viii, 31). Donc le livre de Josué garantit ineontestablement le rôle de Moïse, rédacteur de la Loi.

b) Dans les Livres des Rois.publiés vraisemblablement « u temps de l’exil (encore que l’auteur ait usé de documents plus anciens), il est question « les lois de M’iïse : III Rrg., 11, 5, David exhorte Saloman à garder les cérémonies du Seigneur, ses précepies, ses jugements, ses témoignages, selon qu’il est écrit dans la Loi de Moïse (cf. Deid., xvii, ig) ; IV Tfe^., xiv, 6, règne d’Amasias (cf. /)eH(., xxiv, 16).

Les premiers prophètes ne parlent pas expressément de Moïse auteur de la Loi ; mais souvent de la Loi du Seiffneur ; ainsi Amos, ii, 4, annonce à Jnda les cliètimenis divins, eo qttod abieceril l.e-em Domini. Or cette Loi paraît avoir été écrite, car 1er, , xxxt, 33, Dieu promet une autre Loi, qu’il écrira dans l’e cœur des fils de Juda ; viii, 8, il est question des scrilips qui. d’une plume menteuse, faussent la Loi du Seigneur. Michée, vi, 5, fait allusion à l’Iiistoire de Balac roi de Moab et du prophète Balaam (Niim.. xxii-xxiv). Osée, xii, rappelle sommairement riii-iloire dn patriarche Jacob ; donc il la sn[ipose très connue ; d’où l’on peut conclure qu’au

I temps de ce prophète cette histoire existait par

! écrit. Or, selon les critiques récents, l’histoire

j de Jacob, telle qu’elle se lit Gen., xxT-xxxv, résulte de la combinaison de deux ou trois sources : 1 E (Elohiste-Jahvisle)et P (code sacerd.). Et les emprunts d’Osée suivent parlielloineiit I (xil, 4 sqq. : in fortitudine suit directus est cuni angelo et invalnil <id angeliim el cunfurtatits est) ; partiellement P (5 : /ïevil et rogavit eiim ; in Bethel invertit eitni). Donc, si l’on veut admettre la théorie de la distinction des sources, on doit accorder qu’au temps d’Osée ces diverses sources (y compris la partie du code sacerdotal qu’on se pinit à dater du temps de l’exil) existaient déjà ; que même 1 et E avaient été fondus en un seul récit (Cf. P. "N’gTTKH, Dte Zetigntssf, etc. Theol. Quurlatsclir.LXXWni. igysqq. (igoi) ; Th. NoLDEKE, Untersiicliitngen zur kritih des A T., 140, Kicl, 186y, en convient. Selon Van Hoonackeu. /es petits prophètes. 112, Paris, igo8, le prophète cileuu poème populaire : n Osée fait parler le peuple, en citant des extraits de quelque ]ioésie po[>ulaire qui exaltait la gloire d’Israël »). 11, 8 fait allusion à Dent.,

VII, 13 ; donc encore ce livre ou ce fragment de liro parait avoir été connu d’Osée. On peut tirer une oonclusion semblable d'^-ïmos, qui parle de la destruction de Sodome et Gomorrhe, iv, 1 1, cf. Gen., xix, 35 ; ' de la délivrance d’Egypte et du séjour au désert,

II, 10, cf. Ex.. XII, etc. (lE) ; de la haute stature « les Amorrhéens, 11, g, cf. Niim.. xiii, 39, 32-34 (I E) ; des vêtements pris en gage, 11, 8, cf. Ex., xxii, 36 (Livre d’Alliance) ; du nazaréal, ii, i, cf. Num., vi(P), etc.

c) A partir du temps de l’exil, les témoignages en faveur de l’origine mosaïque de Pentateuque se multiplient : Il Par., XXV, 4 ; XXXIV, 1 4 ; XXXV, 1 2 ; Esdr., VI, 10 ;.Velt., VIII, I. 14 ; XIII, i ; />an., ix, 11, |3 ; Mal.,

III, 23 (vulg., IV, 4)- Par la Loi, qu’Esdras, en 444, au retour de la fête des Tabernacles, lut au peuple pendant huit jours, il faut entendre, non le seulGode sacerdotal, mais l’ensemble du Pentateuque (cf. HuM.MELAL’BR, Cotnm. in Dent., g5-ioi, Paris, iqoi). C’est ce qui ressort de la prière récitée par les lévites après la lecture de la Loi (.eli, ix, 6 sqq), lacjuelle n’est qu’une brève synthèse de tout le Pentateuque : Tu, Dnmine, qui fecisfi cælum… terrant et iiniversa quæ in eu sunt… (cf. Gen., Mi) ; qui elegisti Abraham et eduxisti euni Je fr(vulg. igné) Chaldæorunt (cf. Gen., xn) ; et poauisti iionien eius Abraham. (cf. Gen., xvii) ; perctissisti cuni eo foedns, ut dares ei terrnm Chananæi… (cf. Gen., xv, 18 sq((.) ; vidisti afflictioiiem patrum nostroritm in Aegypto (cf. E.r., III, 7 sqq.) ; dedisti signa atque portenta in Pharaone (cf. Ex., VII, 8x11) ; mnre divisisti ante enn et transieruntper medimn maris in siccu (Ex., -x.i) ; ad montem quoque Sinai descendisli… et dedisti eis iudicia recta (cf. E.r., xix-xxiv) ; non dereliquisti eos cum fecissent sihi vitiilnm conflatilem (cf. Ex.. xxxnxxxiv) ; Coliimna nitbis non recessit ab eis per diem et columna ignis per noctem (cf. Num., ix, 15 sqq.) ; Vestimenta enrnmiinn inveternverunt et pedes eorum non sunt attriti (cf. Dent., viii, 4), etc. Il paraît certain que le gendre de Sanaballat, chassé par Néhéraie pour n’avoir pas voulu congédier une épouse étrangère (A^eA., XIII, 38), n’est antre que Manassès, (ils du grand-prêtre qui, selon Flavius Josèphe (Ant., XI,

VIII, 2), s’enfuit chez les Samaritains ; encore que Josèphe, ici comme souvent ailleurs, erre sur la chronologie, car il le fait vivre au temps d’Alexandre le Grand. Il faut donc dire que, an moins dès le trmps d’Esdras et de Néhémie, les Samaritains admettaient le Pentateuque, qu’ils n’ont cessé jusqu'à nos jours d’attribuer h Moïse (Quelques auteurs, citant IV lieg., XVII, 24 sqq., disent que dès le viir siècle, après la chute du royaume d’Israël (722), la Loi fut donnée