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MARIE, MERE DE DIEU

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l’Eglise grecque, saint Atiianase d’Alexandrie et saint Ei’U’HANK de Salaniine, Chypre ; pour l’Eglise syriaque, saint Efiihum, moine, orateur et poète ; pour l’Eglise latine, saint Jkhôme, prêtre, exégcte et polémiste, enfin ascèle à Bethléem ; saint AmimoisK de Milan et saint Augustin d’Hippone.

Déjà bien des questions dogmatiques ont été soulevées ; plusieurs sont résolues. Nous reviendrons sur ce ? questions, après avoir marqué la part des docteurs du quatrième siècle dans le développement du culte de Marie.

.. Eglisk grecque. — La grande figure d’AiHA-NASE (-j- 3^3) remplit le demi-siècle qui s’ouvre au concile de Nicée. Après avoir assisté, eoninie diacre del’évéque Alexandre, au triomphe du Christ consuhstantiel à son Père, le nouvel évêque d’Alexandrie devait lutter sans relâche contre toutes les formes de l’hérésie arienne. Or la délinition de N’icce ne pouvait manquer d’avoir un contre coup dans le domaine de la marialogie ; car l’atlirmation de la divinité du Christ conduit logiquement à saluer Marie du titre de Mère de Dieu. Athanase ne man([ua pas de déduire cette conséquence. De plus, en défendant le dogme christologique, il eut occasion de signaler à la fois les deux écueils opposés sur lesquels, au siècle suivant, les conciles d’Ephèse et de Clialcédoine devaient allumer les phares inextinguibles de leurs délinitions dogmatiques : écueil du monopliysisme, qui confond les deux natures dans le Christ, écneil du nestorianisme qui les divise. Cet épisode, qui précéda seulement de deux ou trois ans la mort d’Athanase, lui permit de rendre à la Vierge mère un hommage complet et décisif.

Epictète, évêque de Corinlhe, avait communiqué à l’évêque d’.lexandrie certains écrits qui lui i)araissaient renfermer des propositions mal sonnantes. On y lisait tantôt que le Verbe divin est consubstantiel au corps formé dans le sein de Marie, qu’il s’est transformé en chair ; tantôt que le Verbe s’est uni à Jésus comme jadis aux ])rophètes, qu’il ne s’est l)as précisément fait liomme, car autre est le Christ né de Marie, autre le Fils de Dieu, coéternel à son Père.

Or déclarer le Verbe consubstantiel au corps formé dans le sein de Marie, c’est ravaler la divinité au niveau de la création matérielle. D’autre part, distinguer le (ils de Marie du (ils de Dieu, c’est méconnaître l’éminente dignité du Christ, qui est à la fois Fils de Dieu et Fils de Marie. Athanase n’n pu, sans frémir, lire ces blasphèmes. L’un et l’aulre ruine la foi de Nicée ; mais l’un et l’autre aus.si fait injure à la Vierge mère. C’est tout le fond de la célèbre Lettre à Epictète.

Sur le premier point, Athanase écrit, Ad Epictet., IV. V, P. fi., XXVI, 705 ; AB :

Si le Verbe est consubstantiel au cnips, ne pavions plus de.Marie, elle ne seil de rien, puisque le coi’ps peut, nvnnt Marie, exister éternellement, aussi bien que le Verbe même, selon tous consubstantiel au corps. Et à quoi bon la venue du Verbe, s’il doit revêiir ce qui lui esl consubstantiel, ou êhe transformé de sa propre nature en corps.’La divinilé ne s’empare point d’elle-même, pour levélir ce qui lui esl consubstantiel. Et le Verbe n’a point pécbé, lui qui rachète les péchés d’autrui, pour se tiansformei- en corps, s’offrir i)uur lui-même en sacriface et se racheter lui même. Non certes, à Dieu ne plaise I n srmparr de la race d’Abraham, selon le mot de 1 Apôtre. Aussi drvait-il devenir en tout semblable à ses frères (Heb., Il, 16. 171. et prendre un corps semblable

aux nôtres. C’est pourquoi Marie est vraiment en eau elle lui fournil ce qu’il fera sien et offrira, comme …, pour nous. C’est elle que visait l’oracle d’isaïe, disant : Voici que la Vierge concevra et enfantera…

tel,

Sur le deuxième point, Athanase écrit xi P. G XXVI, io68 :…

Quant i ceux qui s’imaiçinent et disent que, comme le Verbe descendit sur chacun des propliLles, il descendit paieillement sur un homme né de Marie, inulile de s’escrimer, quand leur folie se condamne d’ellç-niêuie. En ertet, s’il est venu ainsi, pourquoi naître d’uiie vierge et non de l’bomme et de lu femme.’ainsi naquirent tous les saints. Et pourquoi, si le Verbe est venu ainsi, ne dit on pas de chaque (prophcile) qu’il est mort pc ur nous, mais de lui seulement, ’Pourquoi, si le Verbe est descendu en chaque prophète, le Fils de Marie est-il le seul dont on dit qu’il est venu une fois, à la fin des temps.’Pourquoi, s’il est venu comme il vint sur les saints d’autrefois, les autres, après leur mort, n’ont-ils pas encore ressuscité, mais seul le Fils de Marie ? Pourquoi, si le Verbe est venu pareillement pour les autres, le Kils de Marie est-il seul appelé Emmanuel, nom qui exprime la plénitude de la divinité dans le corps par elle mis au monde ? Car Emmanuel signifie : Dieu avec nous. Pourquoi, s’il est Tenu ainsi, quand chacun des saints mange, boit, peine, meurt, ne dit-on pus également que le Verbe mange, peine et meurt, mais seulement pour le Fils de Marie ? Car ce qu’a soull’erl ce corps, on dit que le Verbe même l’a souffert. De tous les autres, on dit seulement qu’ils furent mis au monde ou engendré » ; du Fils de Marie seul, il est dit : Et le Verbe s’est fait chair

(loan., I, n ;.

En composant (de 3^4 à Z-j’j) son traité Contre les hérésies, saint Epipiiane (f /, o3) rencontra deux sectes arabes qui menaçaient diversement le culte de Marie. Les Aiilidicomarianites (adversaires de Marie) portaient atteinte à l’honneur de la mère de Jésus en niant sa virginité perpétuelle ; les CoUyridicns au contraire, par une surenchère de dévotion, lui vouaient une sorte d’idolâtrie.

Au dire des Antidicomarinnites (Epiphane, Ilær., (Lvm) Lxxvm, P. G., XLII, 700-740), Marie, après la naissance du Seigneur, aurait connu Joseph, son époux. Epiphane s’indigne plus qu’il ne s’étonne : tant de sectaires se sont attaqués à Dieu le Père (Gnostiques, Marcionites, Manichéens et autres), ou à son Fils (Ariens), ou au Saint Esprit (Macédoniens), qu’il devait s’en trouver aussi pour médire de Marie toujours vierge — rf, i ; k/ik ? Mapim^ rf, i xsŒc/.pOénou (5). Mais ils se montrent peu instruits de son histoire. Quand elle s’unit à Joseiih, celui-ci était veuf et fort avancé en âge. C’était un témoin donné par Dieu à sa virginité. Joseph était frère de Cléopas et (ils de Jacob surnommé Panther. Il avait eu, d’un premier mariage, quatre (ils et deux (illes : ce sont eux que l’Evangile désigne comme frères et sœurs de Jésus (8). Devenu l’époux de Marie à quatre-vingts ans passés, comment n’efit-il pas respecté le corps virginal qui avait été le sanctuaire de la divinité’? Le fait que Jésus mourant légua sa mère à saint Jean, s’explique par la virginité de saint Jean, qui le désignait pour recueillir la vierge des vierges, Kpyn-/iv Tr, s ; ny./-Je-ji « : , … rr.-j ùimv.pOi-nj. Si elle avait eu alors un époux ou des (ils, sans nul doute elle se fût retirée chez eux.

D’autre part, les Ecritures sont muettes sur la mort de Marie. Epiphane respecte ce mystère, et se tait (11). Mais pour rendre croyable la perpétuelle virginité de Marie, il n’est pas à court de raisons. La lionne n’a qu’un lionceau : ainsi la mère de Jésus n’a qu’un (ils, le Lion de Juda (Gen., xi, ix, 9) (12). Jacques, frère du Seigneur, surnommé le Juste, ascète et martyr, devait laisser un extraordinaire renom de vertu. Quelle ne fut donc pas la vertu de Joseph, le père de Jacques ? (14). Assurément, l’institution du mariage est sainte. Et pourtant Dieu, dans la Loi, marque une plus haute estime de la continence, par les commandements qu’il fait aux prophètes et aux grands prêtres et par l’exemple de