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1869

PENSEE (LA LIBRE)

1870

d « l’association monisle qui a de nomlireux atlîliés chez les Tchèques il’Aïuérique ; la revue nouvelle porte lenora de Vek Hozumit (l'âge de la raison). — Angleterre : Itatinnatist Press Association ; Seciilar Education I.eague, pour obtenir la laïcisation de l’enseignement, se recrute surtout chez les nonconformistes, organise des meetings pour l’abolition des lois du blasphème. —, 'Mleuiagne (Atheist, Dissident), voir Der muni^lische Jahrhunderl. Freidenker, annuaire du Freideiikertnind (chez F. VogtUerr, à Wernigerode, 60 pf.) donne une sci-ie de renseignementssurl’organisation de la LibrePensée : 1b Comité : Konfessionsloss, le Deiitsclier Freidenkeriiund ; le Bund fiir retigiose (îemeinden ; la Deutsche (iesellschajt fiir clliisclu' Kulltir ; le Deiilscher Bund j : ir weltiche Scinilc iind Moral Inlrrriilit. La Ceistesfreiheit fait campagne en faveur de la crémation (34 fours en ig13), poursuit sa campagne en faveur des Konfessioriatos, iioleii chaque recensement l’augmentation des personnes déclarant n’appartenir à aucune religion (aôo.ooo en igti d’a[>rcs Dus freie Wort) et lutte contre l’enseignement religieux obli>tatoire à l'école. — Etals-Unis, les sociétés de brochures rationalistes (/-'ree^/iOH^/i/ Tract Society) ont pour organe le Trutli Seeker. On y organise tous les liiraanches des conférences ; durant la belle saison, il la campagne. — Hongrie, une Société de pionniers {Vtloro Tarsasaf :). fondée en 191 r, fait en deux ans cinq cents conférences ; elle a pour organe un journal Iiebdomadaire Uttoro ; elle est dissoute par l’autorité. — En France, le 117'ie/'c/isei(r s’inqirime à Limoges, la Iiaison(Uir. Victor Charbonnel) à Paris. Il ne faudrait pas juger par ces seuls journaux du mouvement libre penseur, qui est immense, puisque des ^Toupes sont formés dans toutes les villes. — Norvège, l'édération des Fritænkeren, journal du même nom, fondée en igiS ; le mouvement a commi’ncé en igng. i.300 adhérents. Pas d’organisation en Suède et Danemark. — Espagne, en juillet igiS se fonde une Ligue espagnole pour la défense des droits de l’homme. — Italie, l’Association nationale a son siège en face du Vatican et a pris le nom de Giordano IJruno. — Autriche, 23 mai ig13, fondation de rUnionraoniste universitaire viennoise. — Roumanie, Société scientifique de culture positive de Jassy a un organe hebdomadaire, la Hatiunéa. — Suisse, 1 1 mai igiS, Congrès à Neuchàtel de la Fédération de la Libre Pensée romande. Le 16 mars s'était fondé à r.erne un cartel d’associations suisses pour l'émancipation intellectuelle, comprenant la Fédération suisse-allemande de Libre Pensée, l’Union suisse monisle, et les loges maçonniques. Lausanne : la f.ibre Pensée. — En Serbie paraît un livre « Zn Slobodan Savesti » (Pour la liberté de conscience), 1913. — Fiume, revue mensuelle La Fiaccola. — Trieste : Associazione del Libéra Pensera. — NouvelleZélande : Neiv-Zealand Ratianalist Association, organe : Examiner. — Philippines, Association : Los llijos de la Verdad (Les Fils de la Vérité), avec un oi’gane mensuel i » c, rédigéen espagnol et en langue indigène. — Porto Rico, Consciencia I ibre, journal hebdomadaire. — Brésil, Lumen. — Uruguay, pays signalé comme le plus avancé au point de vue rationaliste. — Argentine, 4 juillet igiS : 5e congrès national de la Fédération argentine fondée en 1908, 35 comités de Libre Pensée et 46 loges maçonniques y sont représentés. La cotisation est remplacée par une contribution volontaire On demande vainement l’introduction du divorce dans la législation. — An < ; hili paraissent des livres comme < La.Mentira crisliina » et « /. « Verdade Razonada « ou des périodiques FI libre Pensador », » Fspirilii Libres, » Tribiina Libre », « Et l’oladino n devenu n El Itadical ».

— Pérou, i La Jtazon » réclame la réforme de l’article 4 de la Constitution de la République, en préconisant la liberté des cultes et la séparation de l’Eglise et de l’Etat.

C’est grâce à ces associations nombreuses, à ces fédérations internationales, à cette organisation merveilleuse de presse, que les libres penseurs peuvent agir brusquement sur l’opinion publique, comme on l’a vu pour la mort de Ferrer.

II. Evolution logique du système. — On peut résumer ces renseignements historiques en distinguant trois étapes dans le mouvement de la libre pensée :

- phase libérale, qui proteste contre les mesures de précaution prises par l’Eglise pour protéger ses enfants contre le danger de l’erreur ; — phase doctrinale, (lui exclut tout surnaturel et toute religion positive, comme un prétendu obstacle à la liberté de pensée : ainsi Renan : « Nous ne discutons, ai le surnaturel, parce qu’on ne discute pas sur l’impossible… par cela seul qu’on admet le surnaturel, on semel endehors delaraison et de la science. » Vie de Jésus ; — phase politique, pendant laquelle les adhérents se groupent en organisations, formant comme une religion à rebours. On doit distinguer logiquement ces trois phases, sans pouvoir assigner une périodenetlementdéliniitéepour chacuned’elles ; chaquepcriode peut se prolonger plus ou moins selon les individus ou même selon les nations ; mais la marche générale de la libre pensée est bien celle que nous indiquons, elle oblige ses partisans à adopter des principes et une lactique variables, selon la phase à laquelle ils sont parvenus. C’est ce qui explique l’indécision et les divergences que manifestent les congrès internationaux : chaque groupement apportant un reste de la tactique q^ui s’impose dans son pays d’origine. Ceux qui sont plus avances arrivent à contredire les principes invoqués par les débutants ; telle est l’erreur intestine qui les condamne tous.

1") Phase libéuai-h. — C’est la première en date, celle que suggère le nom même de libre pensée. Le libre penseur proteste contre les restrictions apportées par l’Eglise ou l’Etat à la manifestation de certaines opinions. Il érige en thèse la liberté de conscience ou liberté religieuse et revendique comme un bien absolu l’absence de toute contrainte à l'égard des croyances et des pratiques religieuses.

1* Laroussi ! prétend même qu’aucune loi humaine ne peut atteindre la violation de la loi de Dieu, car Dieu n’est pas une personne mineure et n’a aucun besoin d'être mis en tutelle et d'être protégé. — Estil nécessaire, pour réfuter le sophisme, de faire remarquer que la loi défend non Dieu, qui nepeutètre atteint en lui-même, mais les droits de Dieu qui peuvent être violés ? et si la loi humaine défend les droits de Dieu, ce n’est pas pour subvenir à la faiblesse d’un Dieu incapable de se défendre par ses propres forces, mais pour faire respecter la justice et l’ordre, sans lesquels la société ne peut pas subsister.

a" Les libres penseurs prétendent que tout progrès a été accompli par des lil>res penseurs et a toujours été entravé par l’autorité, organe de conservation. Us aiment à citer Socrale, condamné à boire la ciguë pour avoir professé des idées trop larges sur la divinité ; Anaxagore, poursuivi comme athée, et sauvé à grand’peine par Périclès ; Aristote, obligé de quitter Athènes parce qu’il fut accusé d’avoir voulu introduire des opinions contraires à la religion traditionnelle ; plus tard, Campanella. soumis sept fois à la question pour avoir alTirmé que le nombre des mondes est infini ; Harvey, persécuté pour avoir prouvé le vrai mode de circulation du sang ; Galilée,