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PÉNITENCE

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fait pas de réserve ; son langage est aussi exclusif pour les pi’clics mortels que pour les véniels. Que devient dans ce système l’interprétation étroite des textes ? La question se pose nécessairement ; et la réponse proposée est la condamnation formelle <lu littéralismB. Nous croyons plus sûr de demander la réponse aux contemporains ; Chrysostome luimême nous y invite.

lis. — Cette confession à Dieu, en effet, il la présente d’une part sous les mêmes traits que ses contemporains, dont nous savons qu’ils y admettent le prêtre en tiers, et de l’autre il la demande telle qu’on ne saurait l’identiûer avec un aveu purement intérieur et de conscience.

Gomme saint Ambroise (ci-dessus n » 3^), saint Jean Chrysostome distingue un douMe aveu du péché : l’un se fait au tribunal de la conscience ; Dieu seul, là, contrôle le jugement du pécheur par le [lécheur lui-même. Mais cette première sentence n’est i|ue pour préparer une seconde accusation du péché, et celle-ci se distingue à la fois et du remords et de la conscience qui l'éprouve.

L’homélie xxxiv sur saint Jean montre bien cette succession des deux confessions ; les fidèles doivent d’abord procéder dans l’intime de la conscience au jugement de leurs actes ; ils ne recourront qu’ensviite à cette pénitence qui comporte la manifestation aux hommes — à un ou à deux tout au moins, est-il dit — des fautes les plus secrètes (/'.G., LIX, 197).

Le ive sermon sur Lazare (n. 7) distingue plus nettement encore ces deux phases de la pénitence : d’abord l’examen et le jugement par la conscience, I>uis la sentence et son exécution ; et c’est dans la série des peines ainsi prescrites que se trouve comprise, en même temps que les larmes, le jeline, l’aumône, etc., la confession ou exomologése ; dons le contexte et à ce moment de l’expiation, il est de toute évidence que l’exomologèse ne saurait plus s’entendre d une accusation faite à Dieu au seul sanctuaire de l'âme (P. G., XLVIIl, 1016).

La xx" homélie sur la Genèse, enlin, met en pleine lumière l’opposition entre la voix de la conscience et la voix du pécheur qui se confesse.

Telle e^t la bouté de notre Maître qu’il a mis en nous cet accusateur qui ne s’apaise jamais, qui sans cesse est là pour protester et pour demander vengeance des fautes coin mises… Le fornicateur, l’adultère, ou tout autre eriniinel, peut bien avoir échappé à tout regard ; umia 'l’aToir en lui cet accusateur acharné, suffit à déchaîner la tempête dans son âme. On dirait un bourreau qui l’acconijiHgne et ne cesse pas de le flageller, tellement est intolérable le cliâlimenl que, à 1 insu de tous, il s’inflige à hii-inérne en so faisant à la fois son juge et son accusateur… Toutefois il ne tient qu'à lui de trouver un secours dans sa conscience ; s’il se décide à avouer ce qu’il a tait (ÈTTt TOI èJo/ioioyriiiK Ta » Ktnpxyfiivu’j iTsayOPim.t], à montrer su plaie uu médecin, à recevoir de lui les remèdes, à lui parler seul sans être vu de personne (fj.ovo< ; kùtû SfxXcySfimt, /iriSetii eiSoTOi) et à tout lui dire exuctement, il sera vile relevé de sa chute (/n Gen., Hom., xx, 3, /'. G., LUI. IG « -170).

113. — Distincte du remords et en procédant, la confession à Dieu doit déplus être orale : le pécheur doit (I dire » son péché. Le « dire » : Chrysostome n’accentue pas moins que saint Ambroise ce mot de l’Ecriture :

Poiirq’ioi donc, dis*moi, pourquoi donc avoir honte et rougir dédire ton péché }… Ne crois pas, si tu ne le lui 'lis p : » '*, qu il l 'ignore. Pour quel nioli f ne le dirais- tu donc pas ? G-î u’esl pis pour te punir, c’est pour te pardonner qu’il veut que tu le dises… Si tu ne di.sais pas jusrju’où semfinte ta dette, tu n’apprécierais pas l’excès de la grvre qui t’est faite… Dis-moi ton péché, à moi tout seul iDc Inzdro, Hnm. iT, 4. P. G., XLVIIl, 1012. Mais, n. b. : c’est Dieu qui parle).

Tome III.

On ne saurait imaginer écho plusfidèle à la parole de saint Ambroise :

Qui jnces iii tenebris conscientiae, etdelictorum sordilius, [r| nsi] quodam reorum carcere, exi foras, delictum proprium prode, ut justiâceris : Ore enim fil confetsio ad salutem (De pæn.. ii, vii, 57. P. L., XVI, 5Il B).

L'écho se prolonge d’ailleurs : lui aussi, cette confession qui soulage la conscience, Chrysostome la veut détaillée. Orale et détaillée : elle ne se distingue qu'à ces deux traits de ce que l’orateur appelle la 2' et la y voie de la pénitence (De pæn., Iltnn, ^ ii, 3, 4 et I, /. G.. XLIX, 287, aSyet iSS). L’une est < la voie des larmes » ; l’autre, celle du publicain, « la voie de l’humilité «. La l’e, elle, n’a pas, dans l’homélie sur la pénitence, d’appellation spéciale : elle consiste essentiellement dans l’aveu du péché, mais cet aveu a cela de propre, qu’il se traduit par la parole et par la désignation formelle du péché :

Entre à 1 église pour dire tes péchés… Tu es pécheur ? Ne perds pas courage, mais viens, et couvre-toi de la pénitence. Tu bs péché ? Dis à Dieu ; J’ai péché. Quel travidl y a-t-il là.' quel détour.' quelle gène.-' quelle fatigue y at-il à dire ce mot : j’ai péché ? Ne sais-tu pas, si lu refuses de te dii-e pécheur, que tu auras le diable j>oiir t’occuser ? Pi-ends les devants el enlève-lui son rvle. Son rôle à lui, c’es-t d’accuser. Vas-tu, connaissant ton accuB ; *teur el son impuissbuce à se laire, refuser de le prévenir en disant tùi-inènie ton péché pour le faii-e disparaît r-e ? Tu as péclie ? Viens a l'église, dis à Dieu : j’ai péché. Je ne te '1eii-. ; inile rienHc plus. N’est il |ias écrit : VU toi-même le /ircmiirr, etc. ? Dis le péché, pour elTæer le péché. Il n’y a pas pour ce’a à se torturer, à chercher des dîscoui’s, à faire des fr^iis ; non, rien de tout cola. Dis un root, montre-toi sincère au sujet de ton péché, et dis : j’ai péché (P. G…VLIX, 28.5).

Même insistance dans la xx= homélie surla Genèse (n 3) :

S’il reul tout dire exactement^ il sera promptement relevé de ses chute*. Car la confession [ii.oïa-/(v.) ries péchés les fait disparaître. Si donc Lamech n’hésita pas à dire (ê|ayo/3ffc « i) à ses femmes les meurtres qu’il avait commis, serions-nous ecusables, nous, de ne vouloir pas dire (iiv.yopti, si)i] no » fautes à celui qui sait tout parfaitement ? Ne croyez pas. eu effet, qu’il ignore el qu’il veuille se renseigner. Toute » choses lui sont connue » avant même d’exister ; ce n’est donc ()oint parce qu’il ignore qu’il nous deuiandede lui avouer { « t/ ; w 7T « p* tjjjlûv bfxojo'/ixv èTTc^ïrret j>) ; c’est à la fois el pour que cet aveu (^//o^oyca) nous donne l’impression profouHe de nos péchés, el pour que non* donnions ainsi la preuve de notre sincérité, (t/ ; v !.vfjuii.'ivjir, vr’r ; j r."-p' /jjiâv £Trt5£i| « iSai) (P. G, , LUI, 170).

Avec le mot de « confession », nous trouvons mentionnée dans ce passage la nécessité « de tout dire ». Le passage parallèle du /' « l.azaro (tv, 4) insiste davantage encore sur cette énumération détaillée, et il en donne le motif :

Dieu veut que tu le dises, non pas pour le savoir — il le connail déjà — mais pour que toi-même tu saches quelle dette il le remet. Si tu ne disais jjus la grandeur de ta dette, tu n’apprécierais pas l’excès de la gr<-ce qui t’est faite (/".G.,.Xf.VIU, 1012).

A Constantinople, l’insistance est la même sur la nécessité de tout détailler : Sri rnis x « i toô : iiuaoTsvi. { ! n Hebr., nom., ix, 5, P. G.. LXll, 81) Aveu oral et détaillé : peut-être est-ce pour cela « [u’ildoit se faire i l'église. Du moins cette circonstance n’estelle pas mentionnée pour la a' et 3* voie de pénitence (/Je pæn., Hom., 11, 1-2, P. G.. XLIX, 285-287). Pour la i" au contraire, — et cette différence est (l’autanl plus remarquable que la confession du publicain, tyi>e de la S' voie, a en lieu au Temple, — l’orateur y insiste : il faut venir à l'église pour y dire à Dieu son péché. Mais l’y dire à Dieu, est-ce l’y dire à Dieu à l’e-xclusion de son ministre ?

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