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PENITENCE

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l'.L., LIV, loia). — Aussi, en rappelant auxévêques de Campanie que la confession secrète suflil pour la pénitence,.ijoule-t-il formellement que cette confession, si elle se fait aussi : iu prêtre, pour lui permettre de s’acquitter de sa fonction d’intercesseur, s’adresse d’abord à Dieu lui-même. « Su/ficit illa coufessio tjuæ raiMUM Deo ofjeitur — cf. Vhæc est PRiyiA con/'essio apiid auvtorem naturæ », saint Auibroise : ci-dessus n' 87 — lu : ii etiani sacerdoli, rjiii pro deliclis pænilentiuin precalor acceJit » (P./.., LIV, 1311).

107. — La preuve est donc bien faite, que les exhortations à la pénitence, loin de comporter, aux premiers siècles, l’insistance sur le recours au prêtre que des causes diverses, les contestations de l’iiérésie entre autres, ont rendue nécessaire plus tard, ne le mentionnaient même habituellement pas. Ce fait, constaté chez les devanciers et les contemporains de saint Jean Chrysoslonie, doit nous guider dans l’interprétation de son langage. D’autant plus que ce langage, nous le savons, ne surprit alors ni ne choipia personne. Et voilà déjà qui réduit singulièrement l’importance du parti qu’on s’applique à en tirer contre la nécessité et l’antiquité de la confession.

C’est vrai : l’orateur d'.Vntiochea sur lasullisance de la pénitence subjective et de la confession à Dieu des paroles nombreuses et précises. Mais le fait est pareillement incontestable qu’autour de lui la pratique existait de la confession au [irêtrejnous croyons même avoir établi qu’elle était universelle tant en Orient qu’en Occident. Si donc son langage n’a pas offusqué ses contemporains ; si, malgré un enseignement ipii, pris à la lettre, paraît contredire le leur, il n’a provoqué de leur part ni désaveu ni protestation, c’est donc <]ue la contradiction n’est qu’apparente et que ses paroles n’ont pas le sens négatif et exclusif qu’uu aime à leur trouver : la logique et l’hiêtoire commandent de les interpréter nu sens catholique ; en avouant ce témoin de sa foi, l’Eglise d’alors garantit son orthodoxie à l’Eglise d’aujourd’hui.

108. — B) D’après sa conduite persujinelle. — Ce ii’estil’ailleurs pasrpi’avec sescontempor.iins d’Asie, d'..frique et d’Italie que l’orateur d’Antioche se trouve mis en contradiction par l’interprétation littérale de ses formules ; c’est aussi avec lui-même et avec la pratique quotidienne des Eglises où il prêche la pénitence.

Avec lui-même d’abord, car, devenu évêque de Conslantinople, il s’applique, nous le savons, au ministèrede laconfession. Sesadversaires lui en font même un crime ; son collègue novatien le prend à partie sur ce sujet ; un moine, au concile du Chêne, lui re[)roche sa trop grande accessibilité aux pénitents (ci-dessus n' 64). A entendre l'évéqueen chaire cependant, on ne se douterait pas de cette grande activité du pénitencier. Dans une de ses homélies, il nomme bien, il est vrai, parmi les éléments de la vraie pénitence, la docilité à l'égard des prêtres (ri roi ; « Ù4 UpîTi ^X- 'i? ;) et il fait bien allusion à la parole de saint Jacques sur les péchés remis à leur prière (in llebr., Hom., ix, 4, l G., LXIII, 80 et 81). Mais il ne précise pas autrement le rôle des prêtres, tandis qu’ayant énuméré la confession parmi les éléments de cette même pénitence, il semble très claire ment la réduire au reproche que le pécheur se fait à lui-même de sa faute (17 » ; </.). Ailleurs, il la présente commese faisant à Dieu lui-mème(( « J/ebr., Ifom., x.xxT. 3, P. G., LXIII, 216) ; et lorsque, aux approches de Pâques, il exhorte les lidèles à la communion qui, pour certains, est la seule de l’année, c’est encore sans aucune allusion directe au recours

au prêtre par la pénitence (iii Ueir., Hom., xvii, /'. G., LXIII, 131-183). Une fois de plus, Lba parle ici d’inconsistance(t.I, p. 1 15). L’allitudedesaiul JeanChrysostome est en réalité la même que celle de saint .mbroise : application assidue au ministère de la confession ; en chaire, pas d’allusion à la confession. '

109. — Pour les discours prononcés par le même saint Jean Chrysostome à Antioche, le problème se pose dans les mêmes termes. Là aussi, la pénitence ecclésiastique, la pénitence publique tout au moins, est en vigueur. Son traité du sacerdoce parle déjà de la prudence nécessaire à ceux qui l’imposent (II iv). Devenu prêtre lui-même et prédicateur, il en oppose les exercices laborieux à la rémission gratuite du bapUnie(Adilluminandos, }i,-i ; 1, 4. /'. (/'., XLIX, 234 et cf. 228 ; De S. Penlecoste /Jom., 1, 6, P. G., L, 463).. Antiocliecommepartout, les » pénitents » sont renvoyés au moment du sacrilice (In Eph., Hom., III, 4, /'.., LXIII, 29). La durée de l'épreuve y est comme partout proportionnée aux dispositions du pénitent : pour délier ceux qu’on a liés, on attend qu’ils aient fait des fruits de pénitence (/n H Cor.. Ilom., XIV, 3, /'. G., LXI, 002) : ce qui suppose un régime pénitentiel à base de confession. Comme Origène, comme saint Ambroise et les autres piédicateurs de son temps, il indique la confession des péchés les plus secrets comme le moyen de prévenir les accusations du démon au jour du jugement (ci- dessus, n° yj).

110. — Et cependant c’est dans cette même ville que le prédicateur sembles’appliquer à se démentir lui-même. L’aveu du péché. Dieu seul le reçoit. Nul autre n y est admis. La pénitence eile-niéme ne comporte aucune manifestation du péché : » Vous les elVacerez à l’insu de tout le momie » (ouJevi ; dô-.zoi). dit-il à ses auditeurs, en les exhorlant à recourir au a laborieux remède » des péchés commis après le baptême (In S. Penteco.ite, Hom., i, 6, /^. ^<'., L, 464, etc. f. 463) ; et il ne se doute apparemment pas qu’il les met ainsi en présence de deux aOirmations contradictoires : rémission par la pénitence publique fondée sur la manifestation de la faute, rémission obtenue à l’insu de tout autre que Dieu. Prises à la lettre en effet, il est manifeste que ces deux expressions s’excluent mutuellement.La conclusion à retenir des homélies d’Antioche serait, dès lors, la suivante : l’orateur, qui, tant de fois, atteste l’existence de la pénitence publique, travaille systématiquement à la discréditer et à l’abolir. Non seulement il l’omet dans son énumération des voies ouvertes à la rémission des péchés (De pænitentia, Hom., met 11) ; non seulement il y soustrait, en déclarant sullisante la confession à Dieu (v. gr./n Gen., Hom., xx, 2, P. G.. LUI, 170-171 ; De David et Saule, iii, 4, P. G., LIV, 700 ; In Miitih., Hom., x, 5-6, 186-191 ; /)e Lazaro., iv, 4-5, /*. CXLVIII, io12-io13 ; /n Joan., Hom., xxxiv, 3, P. G., LIX, 196) des péchés qui, comme la fornication et l’adultère, y devraient normalement être sou mis ; mais, à l’heure même où il en rappelle la rigueur et l’ellicacité, il en exclut l'élément fondamental.

111. — Et, qu’on le remarque bien, cette hypothèse de deux attitudes si contradictoires, malgré ce qu’elle a de contraire au caractère de saint Jean Chrysostome, s’impose à quiconque veut conserver à ses formules négatives leur sens exclusivement et matériellement littéral. M. Holl l’a bien vu(Enthiisiasniii.<i und Buss^eiviilt, p. 272)..Vussi, est-ce pour échappera cette dillîcuUé qu’il propose de restn-indre aux péchés véniels les passages sur la suffisance de la pénitence subjective ; les péchés mortels n’y seraient point visés. Mais, à l’appui de cette restriction, il n’apiJorte pas un seul texte. L’orateur, lui, ne

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