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se conslale étiez les iiréilicateurs celle insistance exclusie sur la iiénileiice dont Dieu seul est le témoin cl le juge. Ceux-là même dont la doctrine pcnitentielle est la plus connue de par ailleurs comme important l’intervention du prêtre, ne song^eul plus, dès qu’ils sont en chaire, à la mentionner et à la mettre en lumière.

Saint Basile, par exemple, dans une exhortation à la pénitence qu’il adresse aux pécheurs, ne leur parle que de la satisfaction à ofîrir à Dieu.

Votre juj^e veut hvoïi" pitié de vous et vous fuira bénéficier de ses miséricordes ; mais [ce n’est <]uej s’il vous trouva humilié de votre péché, contrit, versant des larmes sur vos mauvaises actions, dévoilant sans fausse lioote ce qui n’est passé en secret, demandant a vos frères de vous aidera obtenir la ^uèrison ; s’il vuu> voit en ua mot digne de pitié, il vous accordera abondamment sa miséricorde [llom, in ^5., XXIII, 3, / G'., XXIX, 332 AB).

103. — Saint Augustin fait de même. Il exhorte les pécheurs à la confession qui peut seule leur épargner les révélations du jour du jugement. S’y refuser pour demeurer caché, c’est se mettre dans l’irapossibilité de demeurer caché : « Sî non confessas laies, con/essus Jamnaheris. Times confiteri, qui, non cunfiiendo, esse non potes occullus. » On se condamne en se taisant, alors qu’on pourrait être sauvé en avouant.

« Damnalieris tacitus, qui jwsscs tiberari con/essiis. >

Cette confession spontanée, qui sauve, l’orateur l’opposcàcelleque la torture arrache aux criminels ; elle est donc bien orale et détaillée ; elle ne saurait donc bien se comprendre que si elle manifeste des fautes secrètes à quelqu’un qui, sans cela, les ignore, à un homme par conuéquent. El cependant saint Augustin n’en parle que comme d’une confession à Dieu lui-même.

Vous craignez delà faire à Dieu ? Il faut au contraire la lui faire avec joi «. Pourquoi ? Parce que celui h (jni ou la fdil est bon ; il exi^'e la confessi.m pour pouvoir acquitler celui qui s’humilie ainsi, [tout comme] il condaiaæ celui qui refuse de ne confesser pour ciiàiier son orgueil. So^ ez donc triste avant la confession ; mais après, réjouissez-vous : vous serez guéri. Votre conscience s'é'uit empo : sonni'*e ; un abcès s’v était formé, qai vous toiM’mentait et ne vous laitsait aucun répit. Le médecin a[>plique le calmant de ses [bonnes] paroles ; parfois il tranche ; la tri : >ulutiou qui vous éprouve, c’est le bistouri qui fait son œuvre ; reconnaissez la main du médecin ; avouez : que dans la confession toute votre infaction sorte et s'écoule..prè8, réjouissez-vou » et felicilez-vous ; le reste sera facile à guérir (/ « J’s, , Livi, 6-7, P. £., X.XXVI, 808-S01<).

Plus signilicatif encore peut-être : saint Augustin, dans son sermon ccLxxviii, 12, parle explicitement des fautes graves et mortelles à expier par la pénitence proprement dite : Sunt quæa’ant ^raiia et morlifera, qnæ nisi per vehemeniisiintam niolistiam liuiniliiitionis cnrdis et contritiunis spintus et tribulationis pænilentiæ non relaxantur i. Ce sont les péchés à remettre par le pouvoir des clefs : « llæc dimittunlur per cla’es Ecclesiae. « El cependant l’exhortation à recourir à cette pénitence ne contient pas un mot d’allusion à l’inlervention du prêtre : la rémission de ces fautes y est présentée co.urae étant exclusivement affaire à Dieu et au pécheur :

Ces fautes là soNr kemisks i>ak les clefs ds l’Eglise. En effet, si vous vou* jugez vous-même (si eiim tu te coepéris judicaie), si vous vous déplaisez à vous-même, Dieu viendra pour vous faire miséricorde. Con.^entez k voua î>unîr vous-même, et lui pardonnera. Hien faire la pénitence, c’est se punir soi-même. U faut être sévère pour soi, si l’on veut que Dieu se montre miséricordieux. David le montre bien : Détournez foire face dr mes péchés, ditil, et effacez toutes mes tuiquîtés. Mais k quel prix ?(Q « o nierito ?) Le f » saume l’indique : Purée r/ue je reconnais moiinéme mon iniquité et que mon péetié est toujours présent

U mon esprit. Si donc vous vous reconnaissez coupable, lui vous pardonne ; Siergo tu agnoscis, ille ignoseit (P.L,. XXXVllI, 1273).

104. — Le pape saint Lkon cnGn, dont les lettres, nous l’avons vu (11° ^3), maintiennent si fermement l’obligation traditionnelle de se confesser au prêtre, a deux sermons sur la iiénitencc (xxxvi, /(, et xliii, 2-4) qui n’y font pas la moindre allusion. Et cette omission est d’autant plus à noter que lui aussi, coiniiie saint Jean Chrysoslome, y engage ù se préparer aux fêles de Pâques des fidèles, r qui ont passé presque toute l’année dans l’insouciance et la négligence » (/". /.., LIV, 2830). Or les idées qu’il y cléveloppe ne sont pas autresquecellesde l’orateur d'.Vnlioche. Qu’on ne se rassure pas parce que les regards du pasteur ne peuvent pas pénétrer l’intime de la conscience : Dieu, lui, y voit et il connaît les pensées comme les actions. Que personne donc ne se promette l’impunité ; mais qu’on en cliercbe le remède, pour pouvoir célébrer dignement la Pâque du Seigneur. Et les remèdes aussi sont les mêmes que ceux qu’indique saint Jean Chrysoslome dans la même circonstance : le pardon des injures, la réconciliation avec les ennemis, l’aumône (P. L., LIV, 284).

A ne tenir compte, en un mol, que de ses sermons, on pourrait être porté à croire que le pape, dont on a voulu faire l’inventeur de la confession au prêtre, ne connaissait lui aussi que la confession à Dieu.

105. — Les raisons de ce silence peuvent être nombreuses et de nature diverse. U y faut faire sans doute une large place à l’incertitude où l’on est encore, et où l’on devait rester si longtemps, sur l’effet propre de l’action du prêtre dan » la rémission du péché. On n’en était pas encore à la distinction, si longue et si pénible à établir, entre la part qu’y ont les actes du pénitent et celle qui y ajiparlient à l’absolution du confesseur. La pénitence est un ensemble, où ce qui importe est ta satisfaction à offrir à Dieu i>our en obtenir le pardon.

De cette satisfaction, le prêtre n’est que le juge et le garant. Aussi est-ce les yeux fixés sur Dieu qu’elle doit s’accomplir, et ainsi s’explique qu’en y exhortant les pécheurs on concentre toute leur attention sur celui à qui elle s’adresse directement et exclusivement. Le prêtre ainsi esl laissé à l’arrièreplan. Il disparait d’autant plus aisément que son action, là môiue où elle est le plus réelle et efficace, se confond, ajirès tout, avec celle de Dieu lui-même.

106. — Telle esl, avons-nous vii, la clef des contradictions apparentes qu’on a cru relever dans le langage de saint Arabroise. C’est celle aussi que nous indique saint Léon.

u Dans le ministère de la confession et de la réconciliation des pécheurs, écrit-il en propres termes, le Sauveur, qui l’a conlié aux chefs de l’Eglise, ne cesse pas d’intervenir lui-même, et il n’est jam.iis absent de ce qu’il a commis au soin de ses ministres. Sa parole est là : Voici que je suis avec vous jusqu'à la consommation des siècles. Si donc il résulte quelque heureux fruit de noire ministère, n’en douions pas, c’eslleSainl-Espril lui-même qui eu est l’auteur :

« Cui operi — potestas pruepositis Jiccletiæ trudiia, 

ut et confitentibus darentætiunempænitentiæ eteosdem saluliri satisfactione piir^atos ad communioneni sacrameniorum per junnam reconciliationis admittcrent' — incessaliililer ipse Salvator inter-enit, nec uriquam ah liis abestquæ ministris suis exseqnenda romniisitf dicens : Ecce e^o vobiscum snm omnibus diebus usque ad consummalionem sæculi : ut si quid per seretluteni nnslrani liono ordine et ^ratulando unptetiir e/fectu, non ambi< ; nmus per Spirituni Sanctum fuisse donatum » Çld Tlieudoruni — Jai’ke, 485,