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PENITENCE

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tendre rapiieler iiar lui la sévérilc des jugemenls <liviiis el la grandeur des promesses célestes. Il excellait en effet à dépeindre l’examen à subir au jugement dernier, à menacer des ténèbres et des llammes de l’enfer. Qui savait, comme lui, vous remettre sous les yeux les blessures de votre conscience 1 La monition linie, la prière commençait, accompagnée de larmes et destinée à confirmer les fruits de pénitence. Suivait enfin l’imposition des mains avec sa formule de bénédiction : une femme aveugle un jour fut guérie en la recevant.

Quotiesciiniqiic j^aenitenlioni dédit, « aepo die dominico, ud cum torba vnria confluebat ; voUihat ad rjus casligalionem quicunique adesseTolebot [foite : valelial ?], lacrvmaruui se imbribus eluebat, cælestibus judiciis tcrritus, promissisque succensus ; taiiti geniitus. tanti Qelns aetanlit>iis na8cebaritur, ut vilæ pracsentis horreret hdlilaculiiiu. Quis iia lutnri judicii nionslravit examen.'Quisita lenebrosum leriibililer iiUinievil incendium, ' Quis ita flumen esurentis paritcr et rapientis cruciatus expressit ? Qiiis ila vulneia conscienliæ ante ociilo » îiis{>iciendu reduxit ? Adnionilione compléta, rum lacrymis supplicatioiium Bumebat exordia, ut jiænitenîiæ fnictinn quem monendo contulerat orando firmaret.Nam mulier quædam cueca, duui u>anus ejns împositione beiiedicitur, visuni se récépissé proclamât (l’i'a, cb. xiii, P. /.., L, 1233).

91. — Concluons. Ce tableau de l’administration de la pénitence en Gaule fait pendaiitô celui que nous n laissé pourMilan le biographe de saint Ambroise. L’un el l’axilre montrent les évéques appliqués au ministère que nous aiipcUerions aujourd’hui duconfessionnal. Le meuble sans doute n’y paraît pas, ni beaucoup d’autres accessoires de la procédure actuelle. Notre curiosité des détails n’est pas satisfaite.

Mais du moins l’importance apparait-elle grande, que de part et d’autre on attache à la pénitence administrée par lEglise. Pour les prêtres, c’est une des fonctions pastoralesles plus redoutables. Les lidèles, eux, demandent et reçoivent la pénitence. Quand les pasteurs prennent à cœur leurdevoir, ilsles voient se presser à leurs pieds pour la solliciter et ne se relever qu’après que s’est levée sur leur tête la main qui bénit et réconcilie avec Dieu.

Or, de cette pénitence, qu’elle soit plus ou moins publique ou d’ordre plus strictement privé, la confession jiroprement dite fait partie essentielle. Par là se trouve vérifiée la réalité du fait aflirmé par la foi catholique : de tout temps, pour obtenir de l’Eglise la rémission de ses péchés, il a fallu se confesser.

Chapitre III. — Le silence de Tantiquité sur la confession

98. — L La question posée. — Il reste cependant à dissiper un nuage qui résulte du fait, également incontestable, du peu de relief donné dans les descriptions antiques de la pénitence à la personne du confesseur et à l’aveu du pénitent. Comparée avec l’insistance mise depuis à prêcher la confession, cette omission ne laisse pas d’impressionner.

93. — La dilliculté peut se concentrer autour de saint Jean Cubysostome. On sait le zèle du grand orateur ; il a six homélies spéciales sur la pénitence ; ailleurs il insiste fréquemment sur la nécessité de se purifier du péché pour participer au"x saints mystères ; parfois il s’adresse à des auditeurs qu’il sait fort peu assidus à l'église, qu’il suppose coupables de fautes graves et nombreuses et qu’il exhort » à se préparer à la communion de Pâques ou de Noël : or, pas une fois, parmi les moyens de purification qu’il suggère, il ne mentionne explicitement la confession au prêtre. Il parle souvent de la confession du péché : mais l’insistance même avec laquelle il la dit alors s’adresser à Dieu, el à Dieu seul, semble exclure

absolument l’hj-pothèse qu’un homme, qu’un prêtre, y serve d’intermédiaire entre le pécheur et lui. On pourrait multiplier les exemples ; qu’il suffise de deux.

Dans le panégyrique de saint Philogone, il invite les assistants à se préparer à la fête de la Nativité du Seigneur, quia lieu cinq jours plus tard. Plusieurs, il le sait, ne communient guère, en dehors de Pâques, qu'à cette occasion ; encore objectent-ils, pour s’en dispenser, les fautes qui pèsent sur leur conscience. Et lui de les exhorter à profiter de ces cinq jours pour se purifier « par la pénitence, par la prière, par l’aumône et parles autres exercices spirituels ». Car, c’est vrai, qui est en état de péché n’est pas digne de communier, même une seule fois par an. Mais, reprend-il, les cinq jours qui séparent de la fête suffisent ; i la préparation nécessaire :

Qu 'i.s feuieiil sobres, qu’ils pi lent, qu’ils veillent, et ils réduiront la multitude de leurs péchés… Il n’est pas besoin pour cela d’un giHDd nombre de jours ou d’années ; une bonne résolutiori et un jour y suffi>ent. Dégagez-vous du mal, appIiquez-Tous à la vertu, renoncez à l’iniquité ; promettez de ne plus pécber el il n’en faut pas plus pour TOUS faire pardonner. Je vous assure et je vous donne ma parole que, à chacun de nous ici qui sommes coupables de péchés, s’il renonce à ses fautes passées et promet à Dieu sincèrement de ne plus y revenir. Dieu ne demande rien d’autre pour lui pardonner (P. G., XLVUl, 7b’i-755).

Dans l’homélie xx' sur la Genèse (n* 3), il parle du pécheur coupable de fautes d’impureté, fornication, adultère ou autres semblables :

Celui-là, dît il, s’il veut recourir comme il faut aa secours que lui offre sa conscience, s’empresser de confesser ses fautes, montrer sa plaie au médecin [à Dieu luimême, d après le contexte], qui la guérira au lieu de lui en faire des reproches, recevoir de lui les remèdes, lui parler seul à seul et sans aucun témoin (/^ovs ; « î-tw èLv^£y$?, 'jc/-t, fj.r, 5svci sloôrzç^j en lui disant bien exaclemenl tout, [celui-là, dis-je] n’aura pas de peine à effacer ses péchés, car la confession des péchés les abolit (P. G., LUI, 170 : el voir de même de Lazaro. IT, 4, /'. G., XLV11I, 1012 ; Hom., ! 'on esse ad firatiam conctonandum., 3, P, G, L, 658 ; De pænitentia, Bom., il, 1 ; iii, 4 ; vi, 5, P. G., XLIX, l » h : 297-299 : 322-323 ; CaUcIt. ad Hluminandoi 11, 4./' G.,.XLIX, 237 ; Hom., Quod peccata non sunt enilgandn. 3, P. G., LI, 356 : De Datid el Saule, iii, 4, P. G. LIV, 700 ; In Malt., Hom., x, 5-6 P., G.. LVII, 186191 ; De BaptUmo C/iristi, 4. P. G., XLIX, 370j.

II est facile de comprendre l’usage qui a été fait de ces paroles. Depuis le xvr siècle, il est classique chez les adversaires du catholicisme, de citer saint Jean Chrysostome comme le témoin irrécusable d’une pratique pénitentielle où la confession n’avait pas de place. Bien des réponses ont été faites, et il ne faut point perdre de vue que le grand orateur s adresse à un auditoire mêlé et variable, oii tantnl les catéchumènes sont mêlés aux fidèles, tantôt, ou contraire, ne restent que quelques ferrents qui communient tous les jours : la confession n'était pas également nécessaire pour toutes ces catégories d’auditeurs, et peut-être est-ce pour cela parfois que le prédicateur s’en est tenu à ce qui dans la pénitence est essentiel et de nécessité universelle. Il est incontestable de par ailleurs que la confession recommandée n’est réellement, en certains cas, -lue la confession intime et directe à Dieu lui-même, v. gr. de Anna sermo iv, 6 (P. G, LIV, 667) ; J’oii esse ad gratiam concionnndiim, 3 (P. G., L, 658). Néanmoins, le fait reste indéniable que, pour des cas même de fautes graves et entraînant ailleurs, nous le savons, l’assujettissement à la pénitence publique, l’orateur d’Antioche ne parle que de la confession à en faire à Dieu tout seul.