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PENITENCE

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montré votre infiimit, Toii^t laisserez le mul s’enTCoimei-, jusquà ce r^ue la ganjfrènc envahisse tout le coips ? llom., XIII, P. G., XL, 36'JB ; 368AB).

On confessait.

Ces plaintes des pasteurs nous mènent à un autre ordre de laits où apparaît également la pratique de la confession. Ils cDnl’essaient. L’expression, il est vrai, n'était pas encore créée. Au lieu du « conl’csscur », les anciens canons parlent plutùl de l’administrateur ou de II l'économe » de la pénitence.. Gonstantinople et dans d’autres églises de l’Orient, ce lut souvent et d’assez bonne heure un simple prêtre. Ailleurs, il semble bien que l'évêque en ait ^ardé, sinon le monopole absolu, du moins la direction suprême et habituelle (Sur ce point d’histoire, voir Vacandard, art. Confession dans D. T. C, col. 840 sqq., et Batii-i-oi. : ICtiides d’hist. et de tl : éol. positive (igao), p, 329-335).

37. — A) f.es cvcijues suitont confessaient. — En tout cas, nous connaissons surtout des évêques comme ayant confessé. Tiraolhée a pu confesser. C’est peut-être le sens de I Tim., v, 22, 2/1, 25. Cf. notre note sur ce texte dans H. S, li., III (1912), p. 4^8 sqq. Nous l’avons déjà vii, saint Irénée confessait dans la vallée du niione(n° 46), saint Cyprien à Carthage (n" 49-50), saint Pacien à Barcelone (n* 56).

38. — B) Gravité reconnue de ce ministère. — Nous le voyons d’ailleurs, ce traitement des pécheurs par la confession constitue pour les évêques unedi » leurs principales préoccupations. Il faut les accueillir avec bonté. La Didascalie des Apôtres le recommande avec instance (11° l^-). Le Syrien..piinA.TK é'^aemenl (Demonstrntio vii, De pænitentihus).

Vous donc, méiieoiits, dit-il en a’adressaiit à ceux qui détiennent les clefs des portes du ciel et ouvrent les portesaux pénitents, vous qui ("tes les disciples de notre grand Médecio, vous ne devez pas lel’usev la médecine îi ceux qui ont besoin d'être soulagés. Quicoiuiue vous découvre sa blessure, im[>osez-Iui le remède de la pénitence (n. ^, P. S., t. I, p. 318). Certains confessent leurs fautes et on leur refuse la pénitence. adminislialenr de la maison du Christ ! accorde la pénitence à ton frèt’e et souviens-toi que ton Seigneur ne rejette pas les pi-nitents (n" -5. p. 355).

Mais si le médecin doit être zélé, il lui faut aussi être discret.

Si quelqu’un n’ose pas vous manifi’stci' son mal, exhortez-le à ne pas vous le cacher ; mais quand on vous l’aura manifesté, gardez-vous de le publier (n° 4, p. 319).

Ainsi sa responsabilité se trouvera-t-ellc dégagée. Si les blessés refusent de montrer les blessures qu’ils ont reçues, les médecins ne seront pas blâmés pour ne les avoir pas guéries » (n. 5, p. 31y).

39. — L'évêque d’Ainasée, Asterius, consacre lui aussi une bonne partie de son instruction sur la pénitence à recommander aux prêtres rindiilgencc dans le traitement des pécheurs. Il en connaît qui

« les repoussent quand ils les voient venir à eux ; 

ceux qui se jettent à leurs pieds, ils s’en détournent ; leurs larmes mêmes les laissent impassibles » (Hom., xiii, P. G.,.XL, 36/, G).

Non, leur dit-il, ne vous Itâtez pas de reei » ui-ir a ; ix remèdes violents, aux amputations et aux retranchements. Usez de reproches, d’encouragements et de précautions ; méritez, vous aussi, d'être appelés des consolateurs ; prenez exemple sur Moïse, qui demandait à Dieu de mourir plutôt que de le voir frapper aucun des Israélites coupables… Le prêtre doit élresi porté à préférer la douceur que, î même où le Seigneur ordonne de couper et d’arracher, lui intercède encore et demande du répit (36tD-36311).

60. — Voilà bien le portrait du confesseur tel que le réalisa de son coté saint Ambroise. Lui aussi

Tome III.

redoutait ces responsabilités ; il suppliait Dieu de ne pas le laisser s’y perdre.

Je n'étais pas digne d'être évéque, je le savais, car je m'étais livré au luondp. f>lui-là donc. Seigneur, qu’au moment où il se pcr-dail vous avez appelé au sacerdoce, maintenant qu’il est prêtre, ne le laissez pas périr. Kt tout d’abord, donnez-moi de savoir compatir alfecliteusement aux pécheurs… Chaque fois que le pi’ché d’un coupable m’est révélé, que je sache prendre ma jiart de sa douleur {quottescumtfue peccatitnt a/icitjus lapsi e.rponiiur^ compatiai). Au lieu de le reprendre avec huutenr, que je sache m’atfligtM- et pleurer (De pænil.^ II, viii, 73, /*. /.., XVI, 515).

Mais cette grâce d’iniiulgence et de bonté, son biographe Paulin nous est témoin qu’il l’avait obtenue.

Chaque fois, nous dit-il, que pour obtenir la pénitence quelqu’un venait lui confesser ses fautes, il pieu ait au point d’arracher des larmes au pénitent lui aussi. La chute du pécliear lui semblait la sienne proj.>rc. Les fautes cependant dont il recevait l’aveu, il n’en parlait h personne qu'à Dieu auprès duquel il intervenait : bon exemple laissé aux prêtres de se faire ainsi intercesseurs auprès de Dieu plutôt qu’accusatetirs auprès des hommes ((Via, XXXIX, , P. i., XIV, 41.').

61. — Cette haute conscience, les grands évoques d’Asie ses contennicrains l’apportaient eux aussi dans l’accomplissement de leurs fonctions pénilentielles. Saint GiiiiGoiRU db Nazianzh les signale parmi celles qui accablent le plus un évéque. Il est le médecin des âmes ; mais les maux à guérir ne lui sauraient être connus que par l’aveu des malades eux-mêmes et ceux-ci s’obstinent si souvent à les lui tenir cachés I (CJratto Il Apologet., n. 16-33, P. G., XXXV, 429) Saint GiiKGOiRK de Nysse craint pareillement que les confessions mal entendues ou mal faites ne rendent stérile le travail de l'économie de la pénitence.

Comme la médecine corporelle, tout en ayant pour but unique la guérison des malades, varie cependant ses procédés pour adapter lo traitement aux diverses espèces d’infirmités, de même la multitude et la variété des passions qui affectent les âmes, obligent la ihérapeutique spirituelle à diversifier et k tenir compte pour la guérison de la différenco des maladies… Aussi celui qui soigne les âmes doit il av.int tout s’informer exactement do la région où siège le mal ; il pourra ensuite appliquer lo remède à propos. Faute de rester iîdèle à cette méthode, il est à craindre, au contraire, que la partionialade et la partie soignée ne soient point les mêmes : fjue de médecins, à qui il arrive ainsi, pour n’avoir pas bien localisé le mal, de l’aggraver en travaillant à le guérir ! (£/>. can., 1, P. O., XLV, 224A).

62. — C’est pour lui-même que saint Jean ChbysosTOME redoute ces responsabilités du confesseur. Il le sait, l’eincacité de la pénitence ne doit pas se mesurer uniquement à sa durée.

Ce.s pénitents, dites-vous, ont expié assez longtemps. Voyoi s, combien ? — Un an, deux, trois. — Ah ! il s', git bien de tem[)3 et de durée c’est le redressement de I âme que je cherclie. Montrez-le-moi, montrez-moi qu’ils sont contrits, qu’ils sont changés, et tout est dit. Mais s’il n’y a pas cela, le temps no sert à rien. Nous ne demandons pas, en effet, si la blessure a été souvent bandée (^^ liée : iniS16-/])i), mais si le bandage (" le lien : i ^i-fidi ») a fait du bien. S’il a produit son elïot, même en très peu de temps, qu’on ne l’applique plus..Mais s’il n’a rien produit, même après dix ans. il faut encore le remettre : le moment de déban, ier, c’est l'état du blessé qui l’indique ( « 5^i ; '>Ctc5 sîtw >l/t£&> ; , to^ ôiSv^xinj-i y.ipi'^i 1.) (In II Cor., llom., xiv, 3, P. G., LXI, 502).

De cet clat, c’est le chef île l’Eglise qui est juge : toute cette lin d’homélie est pour obtenir qu’on le laisse prononcer en liberté ; elle donne l’impression que les pasteurs se heurtent sur ce point h l’es difficultés délicates. On parle de cruauté et d’inhumanité ; on oublie qu'être lié par l'évêque, c’est éviter de l'être par Dieu ; qu’au contraire, celui que l'évêque

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