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PÉNITENCE

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contre Dieu, je renonce à les examiner en pleine rigueur de justice (non pUnn judicio religionis examiiio ) ; à force d’indulgence dans la rémission des péchés, je finis presque par pécher moi-même ; mais mes bras et mon cœur sont ouverts à quiconque revient pénitent et confesse humblement son péché {Delictis plus quam oportet remitleitdis pêne ipse delinquo ; amplectur promptii et plena dilectinne cuni pænitentia re^’ertentes, peccatiun stium satis/’actione hiiniili et simplici confitentes).

Ces paroles servent comme de contre-partie aux instructions de la Didascitlie aux évêques. Résolu à aller jusqu’au bout de son devoir, celui de Car-Ihage ne refuse à personne le secours de son ministère et se préoccupe d’unir l’indispensable sévérité à l’extrême indulgence. Mais ses fonctions de juge du péché le font trembler. C’est lui, qui, devant la eommtinautédes (iJèles, prend la responsabilité des admissions à la pénitence. Mais pour procéder sagement à cette œuvre de miséricorde, il faut connaître le fond des âmes : voilà pourquoi il les cxiiiuine soigneusement une à une, pesant toutes les circonstances, tenant compte des excuses alléguées, s’assurant du moins autant que possible que le coupable désavoue sa faute et est résolu à la réparer.

SI. — A Rome. — Or c’est ce même jugement qu’à Rome nous retrouvons à la même place. L’exemple qui nous en est connu est celui d’un cas très particulier : il s’agit des a confesseurs i> qui, après avoir pris parti pour l’antipape Novatien, font leur soumission au pape Coknrille. Il y a eu faute et scandale publics ; mais les coupables sontdepar ailleurs irréprochables ; leur titre de « confesseur », acquis au cours de la persécution, leur donne même droit à un traitement défaveur : pour eux, l’épreuve pénitentielle sera complètement supprimée et la réconciliation aura lieu sans retard. Âlais le jugement par révêque ne saurait être omis, et il se trouve justement qu’on y procède suivant la règle tracée dans la Didascalie pour 1.’cas du pécheur public (Voir te rccitdans une lettre du pape Corneille à saintCyprien : P. /-., 111, 18 sqq. ; éd. Ilartel : Ep. XLix et comparer Didscalie II, xvi, 1-2).

Des amis ont décidé les schismaliques à se soumettre : ils font dire leur résolution de revenir à l’Eglise. Mais avant d’ajouter foi à cette demande, on veut la recevoir de leur bouche. D’où une première entrevue entre eux et les prêtres délégués par le pape : ceux-ci les interrogent sur tous leurs actes schismatiques ; eux confessent leur erreur et supplient qu’on efface tout ce passé. Rapport est lait au pape, qui, pour procéder plus sûrement dans une affaire de cette importance, la soumet aux délibérations d’un synode auquel assistent, en même temps que son clergé, cinq évéques alors présents à Rome. Cela fait, et sur avis conforme du synode, les schismatiques repentants sont introduits dans le preshylerium, nous dirions dans le sanctuaire de l’église, en présence du |)ape ; ils renouvellent alors leur demande de pardon, ’i afin que, tout étant oublié et la charité mutuelle rétablie, ils puissent offrir à Dieu un cœur pur et sans tache n ; et c’est à la suite de cette comparution devant le tribunal du pape, à la suite de cet aveu et de ce désaveu de leur schisme, que l’on procède devant tout le peuple à leur réconciliation déliiiitive.

La procédure, on le voit, s’accoinpa ;  ; ne ici d’un appareil extérieur considérable, qu’explique la notoriété exceptionnelle des pécheurs et le caracicre très spécial de leur faute ; mais il ne viendra sans douie à l’esprit de personne que, dans les cas ordi naires, dans cetix par exemple dont saint Cyprien disait tout à l’heure qu’ils se présentaient nombreux

tous les jours, l’évèquc, pour prononcer son jugement, s’entourât ainsi d’enquêteurs et de conseillers. L’eût il fait d’ailleurs, il n’en resterait pas moins que cette comparution des coupables devant lui, cet examen personnel de leurs fautes el de leurs dispositions, vers lesquels convergent tous les détails de la procédure décrite dans la JJidascalie et suivie à Garthage et à Rome, correspondent très exactement à l’essentiel de ce que nous appelons la confession proprement dite. Kn d’autres termes, car, encore une fois, le caractère plus ou moins public de ce jugement préliminaire importe peu dans la question présente, il resterait établi que en Orient, à Carthage, à Rome au milieu du 111’siècle, le régime pénitenticl préparatoire à la réconciliation par l’imposition des mains avait pour i>oint de départ invariable un examen du pécheur par l’évèquc lui même. Et cette constatation suffit à prouver le fait de la confession, tel que l’énoncera, au début du v » siècle, le pape Innocent I" (cf. ci-dessus n 42).

52. — A Alexandrie. — Du 111= siècle, d’ailleurs, nous ne connaissons pas que ces jugements solennels mettant en branle tonte la curie épiscopale. Une lettre de saint Denvs d’Alexandhie, conservée par EusKBK (//. K., Vil, ix, P. G., XX, 653 ; éd. Schwartz, t. III, p. 6^6), nous met sous les yeux un de ces recours spontanés à l’évêque, qui se produisent normalement de la jiart des chrétiens bien disposés. Un vieillard, chrétien depuis longtemps et des plus lidèles à ses devoirs, s’aperçoit un jour, en suivant la cérémonie du baptême, que son baptême à lui, reçu dans l’hérésie, n’est pas conforme à celui qu’administrent les catholiques : sans doute alors n’est-il pas réellement baptisé : « Et le voilà, écrit au pape l’évêque d’Alexandrie, le voilà qui vient à moi tout en larmes ; il se jette à mes pieds, et m’avoue que le baptême reçu par lui chez les hérétiques n’a rien de commun avec le nôtre. » Sur quoi saint Denys, que le cas embarrasse, demande conseil : provisoirement il a prescrit au bon vieillard de se tranquilliser et de continuer k recevoir l’eucharistie avec tout le monde. Mais l’intéressé ose à peine suivre cette direction et lui même, Denys, voudrait bien savoir s’il y a lieu de procéder à >in nouveau baptême. Voilà bien, saisie sur le fait, la pratique de tous les jours. L’évêque est le père spirituel des tidèles : dans leurs troubles de conscience ils vont se jeter à ses pieds, lui exposent l’état de leur âme et attendent de lui le jugement qui les rassure.

53. — En Cappadoce — Aussi les canons pénitenliels mentionnent-ils, dés leur ajiparition, ces accusations si)ontanées. Il en est déjà question avant la (in du ni’siècle dans la lettre canonique de saint GuKc.oiBE le Tiiaumatuiîgh : les canons H et 9 distinguent, parmi les chrétiens qui se sont associés aux dé|ircdalions des Goths, ceux qu’une accusation régulière a convaincus de ce crime et ceux qui s’en sont eux-mêmes reconnus coupables (IfjTîJ ; èfeiTrwsc, /’. G.., X, 10^2 D et 10^3 D). Les lettres canoniques de saint Basile el de saint Ghégoire oe Nvssk nous montrent aussi la place qu’occupe la confession daui l’administratiin de la pénitence.

Le premier parle de la pénitence à imposer aux femmes qui se sont rendues coupables de pratiques .-ibortives : ce qui manifestement suppose îles aveux faits par elles, du moins le plus souvent (Ep.. c.i.xxxvm, 2, P.’?.. >CI1. 671 A). Aillfurs il men-Uoniie formellement la confession : celle des vices infâmes (Ep.. ccxvii, f)’i, /^^., XXXIII. 800A) : elle fait réduire de moitié la durée de la pénitence à leur imposer (Ep., CLXXxviii, j, P. G., XXXII, 676 A) ; celle des femmes coupables d’adultère : il faut éviter d’imposer une pénitence qui les trahirait (Ep.,