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PENITENCE

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pas être guéri, faute de découvrir ses blessures tiu médecin lu' 3, p. 318)… Vous donc, reprend l’orateur qui avez été blessés, no craignez pas de dire : J’ai succombé dans le combat (n. 8, Sas). Celui ijui confesse son péché, Dieu le lui remet (n" 14, p. 334).

Parce que son discours s’adresse, seuible-t-il. à des hommes voués à la vie érémilique, qu’il paraît tout au moins les viser eux aussi et eux surtout, on pourrait être tenté de n’y voir qu’une exhortation à la coulpe monastique. Mais les fautes qu’il a en vue pouvant être manifestement les fautes qui entraînent la mort éternelle (n" aS) f t les médecins auxquels il adresse les pécheurs étant i. ceux qui détiennent la clef des portes du ciel et les ouvrent aux pénitents » (n" 11, p. 330), cette interprétation restrictive se trouve exclue : le pouvoir des clefs ne peut viser que ces « dispensateurs des trésors divins » dont il dit ailleurs (Veinunstr., xiv, 44. V- 706) que le Seigneur leur a donné le ]>ouvoirde lier el de délier et dont il se plaint ici (vu, 26) que certains refusent d’accorder la pénitence à des âmes ayant confessé leurs péchés, comme il s’indigne là (xiv, 44) qu’ils usent arbitrairement de leur pouvoir d’excommunier et d’absoudre. La confession dontvphraate prêche si vivement la nécessité est donc bien destinée à obtenir des ministres de l’Eglise le pardon du péché.

34. — Son langage d’ailleurs se retrouve, et plus clair, dans un commentaire d’Isaie publié en appendice aux œuvres de saint Basilk, et qui, s’il n’est pas du grand Cappadocien, est tout au moins d’un de ses contemporains. La nécessité de la confession s’y trouve très nettement allirmée.

C’est à propos du ch. ix, v. 18. Le texte grec y porte que « l’iniquité sera brûlée comme le feu ; elle sera dévorée par le feu comme la mauvaise herbe des champs, quand elle est sèche ; et elle prendra feu dans l'épaisseur des forêts ». Le commentateur reconnaît là le moyen que Dieu, dans sa bonté pour les hommes, leur a donné pour faire disparaître les iniquités destinées à alimenter les feux vengeurs de sa justice (/*. G., XXX, 5ao D). Or ce moyen comporte la manifestation des péchés par la confession. Ceux qui ne voudront pas y recourir seront brûlés comme les fourrés épais de la foret.

Il [le prophète ! appelle [en effet] épaisseurs de la foret ceux doni lânie est en dessous et demeure dans l’ombre (tcCç i/nGÙyGui *< « < o’j-jezmv.autvovi rr, rny.-joiy), ceux qui gardent beaucoup de fautes dans les replis cachés de leur cœur (521 b) Far contre, en " meltaiil à nu les péchés par la LOnfession » (èàv jvjjmù'suiiî-j t^v « aa^riav ôià rf, ^ £^û//c/cyï ; ff£w ;), nous en faisons de l’beibe sèche, susceptible d'être bridée par le feu purificateur (5 : iiA). Et cela est indispensable, car si notre péché ne devient pas de l’herbe sèche, il ne sera pas dévoré et consumé par le feu (5aiB).

Ceci est déjà clair : cette confession, qui, par opposition à la dissimulation du ])éehé, le met en plein jour, ne peut être qu’un aveu fait à des hommes. Mais ces hommes, le commentateur va nous les nommer lui-même au chapitre suivant : ce sont les ministres de l’Eglise.

Le prophète parle maintenant (s, 19) de ceux qui échappent au feu. Ils pourraient être comptés ; et un enfant les inscrira. Voilà, dit le commentateur, les pécheurs qui, par crainte de la colère de Dieu, fuient le péché par la pénitence (548A). Quant au jietit enfant qui les inscrit.

Personne ne refusera d’y leconnaitre les préposés de l’Eglise {-zoli TT^ûecTtfJTa^ iv rf, ^"Ey/jy^tiiv^ à cause de l’inLégriLé de leur conduite el à cause de la confidence que leur font lus |iL’chcurs des secrets dont personne n est le témoin, sauf celui qui scrute l’intime de tous les cœurs (otà tc T.tti-ziCfT&'/.t

~.J-ùV. TcDv ïJyLtKÛTïîZOTCiiV Ta àT.CJ : ^Y, TV ^ o.v CUOfiù /i&'^TUç, £t fl’r Ô

TK ïi.f, , ~Ty. ixKcrm ôupii/vbi/juoi). Voilà ceux qu’il inscrit :

ceux qui fuient le feu et qui acceptent la purificntion par la pénitence i^5481î-C).

On ne saurait trop souligner, croyons-nous, ce témoignage des Eglises d’tlrient. Celui des Eglises d’Occident est tout aussi allirmalif.

35. — A Barcelone, en Espagne, le saint évêque Pacien met une passion émue à prêcher la pénitence à son peuple. Mais cette pénitence comporte manifestement la confession préalable :

Mes frères, dit-il dans son Exhortation à la pi’nileiue et en s’adressanl aux pécheurs que la honte empêche de recourir au remède de la pénitence ; mes frères, ayez au moins pitié de vos prêtres. Ils sont responsables, u Ne vous hâtez pas, écrit saint Paul à Timothée (1 Tint., v, aa], ne vous hàttz pas d’imposer les mains [pour l’absolution] : vous participeriez aux péchés d'.iutrui. » Et. vous, vous trompez le prêtre ; vous abusez de son ignorance et de l’impuissance où il sa trouve ilo prouver ce qu’il ne connaît qu'à moitié. Je vous en supplie, au norn du danger que vnus me faites courir à moi-même, au nom de ce Dieu qui n’ignore rien de ce qui est caché, cessez de tenir cachées les blessures de votre conscience. Les malades, eux, n’ont pas honte des médecins, même si c’est aux parties les plus intimes et les plus honteuses qu’il faut appliquer le fer et le feu [P. t., XIll, I086).

Puis le saint évêque, venant à ceux qui ont le courage de se confesser, mais refusent de passer outre et d’accepter ou d’accomplir les pénitences nécessaires, reprend la même image (xi) :

A ceux maintenant qui ont eu la sagesse de bien confesser leurs blessures, mais qui paraissent ignorer en quoi consiste la pénitence et quel est le remède de leurs maux. Ils ressemblent à ces malades qui veulent bien découvrir leurs plaies et leurs tumeurs et n’hésitent pas à faire leur confession au médecin, mais qui refusent ensuite d’appliquer le pansement et d’absorber les potions j)rescriptes.

Ce langage est classique. Il remonte à l’Evangile même : le Christ, en ap|)elant à lui le » pécheurs, ne s’est-il pas appelé leur médecin'?

36. — A Milan, saint Ambhoisb est tout aussi traditionnel et toutaussipressant. Au premier abord cependant, il paraît étrange que son traité de la Pénitence ne soit pas plus explicite sur la confession proprement dite. En un seul passage peut-être (1. II, chap. IX, 86, rapproché de ch.x, 91), l’aveu an prêtre s’y trouve mentionné en propres termes. Partout ailleurs, à s’en tenir aux mots eux-mêmes, la confession dont il parle pourrait s’entendre de celle qui se fait directement à Dieu. Mais cette manière de procéder est ce qui prouve le mieux jusqu'à quel point l’aveu a l’homme était considéré comme faisant partie de la pénitence. Celle-ci, en effet, se demande au prêtre, et saint Ambroise emploie constamment des formules qui supposent ce recours préliminaire (pæniwntinm petunt. uccipiiint ; poscunl pænitentiam). Cette démarche, ajoute-t-il, est ce qui coûte le moins aux pécheurs. Beaucoup s’y résignent par crainte des jugements de Dieu — « pleriqiie futuri supplicii metu, peccatortim suoriim conseil, pænilentitim petunt » (x, 86) — qui n’osent pas ensuite alTronter l’humiliation de la pénitence publique —

« et, cum acceperint, puhlicæ supplicationis revocantiir piidore » (ibid.). Et c’est lui, alors, qui les

exhorte à passer outre, en leur rappelant le courage qu’ils ont eu déjà de se confesser. Il n’y a plus que Dieu désormais à satisfaire, et lui sait tout, tandis que l’homme, auquel on s’est adressé déjà, ignorait :

« An quisquam ferat ut eruliescas Deum ro^are, qui

non eruhescis ro^are horninern ? et piideat te Deo supplicare, qiiem non laies, cum te non pudeat peccala tua homini, queni lateas, ronfileri ? « II, x, 91),

La confession au prêtre est donc loin, on le voit,

: d'être absente de ce tableau de la pénitence, L’om bre même où l’auteur a pu la laisser atteste la