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PENITENCE

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échappatoires. Le caractère de ces médecins des âmes, Origène lui-même nous l’a fait connaître ; il nous l’a dit, en propres termes et à plusieurs reprises, ce sont les lévites, les prêtres, les pontifes, ceux qui participent au sacerdoce du ^rand médecin que fut le Clirist. Quant à son insistance sur la nécessité d'éprouver leur compétence et leur mérite personnel, lui-même encore nous en donnera la raison : autre chose est avoir reçu la grâce du sacerdoce et en remplir les fonctions, autre chose posséder les qualités et les vertus qui lui donnent sa splendeur. N’importe quel prêtre peut s’acquiter de son ministère auprès du peuple, mais il en est bien peu qui possèdent la dignité de vie, la plénitude de doctrine et de science qui est requise ( « Uiium est sacerdotii nomen, sed non uiia vel pro vitæ meritovel pro animi virtutibus dignitas » (In t.ev., Ilom., vi, 6, P. (j'., X11, 473).

Voilà, croyons-notis, d’où vient l’insistance d’Origène sur la nécessité d'éprouver d’abord la valeur et la compétence de son médecin. Il s’y manifeste sans doute une tendance exagérée à faire dépendre l’efficacité du traitement prescrit du mérite de celui qui l’impose : tendance très réelle chez Origène (cf. In Mattli., Commentai. XII, A G., XUI, io13-io15 ; De Oratione, xiviii, P. G., XII, 5a8), mais qui, on le sait, ne lui est pas personnelle. L’attitude d’une partie de l'épiscopat africain et asiatique à l'égard des conditions de l’eflicæité des sacrements en général est bien connue. Mais elle n’inlirme aucunement l’interprétation, corroborée par ses autres affirmations, que dans l’Eglise les médecins des âmes sont les prêtres.

30. — Une autre de ses homélies affirme d’ailleurs plus nettement encore, s’il est possible, cette nécessité absolue de la confession. Elle est le seul moyen de prévenir le témoignage accusateur du démon et la publication de nos fautes au jour du jugement.

Car tout y sera nianifesto et tout y sera mis au jour. Que nous agissions en secret ; qu’il ne s’agisse que d une parole, que d’une pensée secrète, tout, absolument tout doit Pire publié et proclamé. Il y aura là, pour y pourviiir, celui qui est à la fois l’instigaleur et le dénonciateur du pécbé : le même qui nous pousse à mal faire se fait ensuite notre accusateur. Mais, si nouslo prévenons pendant notre vie en nous accusant nous-mêmes, nous échappons à sa malice : Dis toimême tes iniquités tout le premier, si tu veu. être justilié [/s., xiiii, aé]. Voyez-vous bien le mystère dont je vous parle ? Dis loi-mème le premier ; pour l’apprendre à prévenir celui qui se dispose à l’accuser. Toi donc, prends les devants, afin qu’il ne to prévienne pas. Si tu parles le premier, si tu offres le sacrifice de la pénitence ;.. si tu fais mourir la chair alin que ton esprit soit sauf au jour du Seigneur, il te sera dit à toi aussi ; parce que lu as souffert penuant ta vie, maintenant jouis du repos. C’est la parole de David au psaume xxxi, 5 ; j’ai fait connaître mon iniquité et je n’ai pas dissimulé mon péché, , rar dit je déclarerai contre moimême mon injustice, et vous, vous m’avez remis l’impiété de mon cœur. 'oyez-vou3 que la déclaration du péché en procure la rémission ? Prévenu par notre propre accusation, le diable ne pourra plus uous accuser, Nous faire nos propres accusateurs, c’est travailler à notre salut. Attendre que le démon nous accuse, c’est aller au-devant de notre perte : le diable aura pour compagnons dans la géhenne ceux qu’il aura pu convaincre d’avoir été ses associés dans le crime (/n Ler., fjom., 111, 4, P- G., XII, 429).

Nécessité de la confession, et de la confession pour les fautes les plus secrètes elles-mêmes, voilà ce qu’affirme ici Origène. Et il n’y a pas de doute que cette confession ne doive se faire à un prêtre. Manifestement elle est orale, elle est préliminaire à la pénitence ecclésiastique : tout au plus pourrait-on se demander s’il s’agit d’une confession publique ou privée. Mais les passages précédemment cités ne permettent pas de douter que celle-ci n’y soit au

moins supposée, et l’homélie qui précède celle-ci (In I.ev., Hom, , ir, 4) nous oblige à admettre qu’elle y est directement visée : c’est à la même parole de David qu’Origène rattache cette révélation au prêtre qu’il décrit comme faisant partie de la « dure et laborieuse rémission du péché » (ci-dessus, n. 28).

31. — En même temps qu’il énonce la doctrine, Origène en donne donc la preuve : on vient de voir à quels textes de l’Ancien Testament il rattache cette nécessité et cette efficacité de la manifestation du péché par le coupable ; c’est un des motifs pour lesquels nous avons insisté sur son témoignage. Par lui-même d’ailleurs, celui-ci est de premier ordre. L’homme qui le rend est des moins suspects de " sacerdotalisme », et l'époque pour laquelle il dépose est antérieure à cette crise novatienne, d’oi’i l’on daterait volontiers l’organisation du système pénitentiel à base de confession. Origène coupe donc court à toutes ces tentatives de rajeunissement.

Mais il s’en faut, d’autre part, que sa démonstration de la nécessité de la confession lui soit personnelle. Après lui tout au moins, on peut la considérer comme classique : écrivains et orateurs se réfèrent constamment à ce même passage d’Isa’ie (xuii, a6) sur l’aveu préventif du péché : nous en verrons plus loin divers exemples. Ce n’est pas que le sens en soit évidemment celui de la confession proprement dite. Même lu dans le texte des Septante, il peut s’entendre au contraire d’une manifestation quelconque du péché. Mais l’argumentation qu’on y appuie atteste la conviction oii l’on est de la nécessité d’un aveu oral pour le pardon du péché. Aussi reprend-on également la comparaison développée par lui de la consultation du médecin.

Continuons cette revue des témoignages qui montrent la confession à la base de la pénitence ecclésiastique.

38. — La Didascalie des Apôtres (Syrie, seconde moitié du m' siècle), qui décrit si longuement les fonctions pénitentielles de l'évêque, le fait dans le langage le plus technique de la médecine et de la chirurgie. Même quand le pécheur lui est dénoncé, il doit, avant de sévir et de recourir à l’opération douloureuse de l’excommunication, letrailer en particulier II, xxxviii, I, éd. Funk, p. 13^ et 126).

Agissez, lui est-il dit ensuite, agissez envers tous les pécheurs en médecin compatissant, et employez pour le » guérir toute » les ressources de votre art ; ne vous hâtez pas d’araputer les membres de l’Eglise ; recourez d abord aux remèdes moins violents ; voyez la profondeur de la plaie… S’il y a un cancer, appliquez le caustique du jeûne.. Ne soyez donc pas prorai)t à trancher et à scier ; , , , usez d’abord du bistouri ; ouvrez la lumeur alin tie voir au fond et de découvrir la cause secrète du mal. C’est seulement en cas de refus de la pénitence, et quand il ne reste aucun espoir, qu’il faut vous résigner à couper et à rejeter de l’Eghse II, S1.1, 3-9, Funk, p. 130-13a).

L’auscultation, on le voit, est à la base de ce traitement des âmes par la pénitence publique.

33. — ApHBAATE.un évêque persan de la première moitié du iv siècle, a toute une homélie sur ce thème (Denionstr., vii, De pænilentibus, éd. GraffinNau, P. a., t. I, p, 313-360).

Toutes les douleurs se guérissent, pourvu qu’un sape médecin les connaisse (n* 2, p 315j Voilà pourquoi le soldat blessé sur le champ de bataille se confie au médecin. De même celui qui a été blessé par le démon ne doit pas avoir honte de confesser sa faute et de réclamer le remède de la pénitence. Le soldat qui craint » ie montrer sa blessure devient vite victime de la gangrène qui lui ronge tout le corps ; s’il la montre au contraire, il est guéri et peut reprendre la campagne. De même pour le blessé de nos combats. Il a ce moyen de recouvrer la santé : dire : j’ai péché, et demander la pénitence. Si quelau un a bo : ]"- '.c le faire, il ne pourra