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PÉNITENCE

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mini iniiicare peccalum suum et quærere niedicinam, secunduni eum qui ait pronuntiaiu iitjiistitiam ineam Domino el tu remisisli impietatcm cordis mei » (/ » Ler., Hom., l, ^, 7^. G., XII, 4’8.^ 19) — car le s.icerdoce a été institué en vue de cette réiuission du péché : u CoTisequens eniin est, uf, secandiiin itna^iriein ejus qui saccrdotium Ecclcsiæ dédit, etiani ministri ti sacerdotes Ecclesiæ peccatu ptipuli accipiant, et ipsi imitantes m « i, ’(s/ ; i(jH, reniissiunem peccatorum populo tribuanl » (/ « /.cf., Iloin., v, 3, l G., XU, iiôiC). « Les apôtres, en effet, et leurs successeurs dans l’Eglise, sont les médecins établis par le chef médecin Jésus-Christ pour guérir les blessures de l’àræ (quos voluit Deux in Ecclesia sua esse niedieos animaruui) » (In Ps., xxxvii, J/nnt., i, 1, P. G., XII, iSfigC).

Aussi suliil-il de leur découvrir le mal pour en obtenir la j^uérison : la manifestation du péché en procure la guérison. Si nous péclions, nous devons dire : Je vous ai fait connaitre mon peclié el je n’ai pas dissimulé mon ini..]uité. J’ai dit : J’annoncerai contre moi-même au Seigneur mon injustice propre l^s., xxxi, 5]. Si nous lo faisons en effet, si nous révélons nos péchés, non seulement à Dieu, mais aussi à ceux qui peuvent y porter remède, ils seront effacés par celui qui a dit : Je ferai disparaiire vos iniquités comme un nuage et vos péchés comme un brouillard [/s., xi.iv. 2. ?] (lu Luc, Hom., xvii, /’. G., XUI, 1846A ;.

Ceux qui ne sont pas saints meurent dans leurs péchés ; [mais] ceux qui sont saints font pénitence pour leur péché, ont conscience de leurs blessures, comprennent leur chute, recherchent le prêtre, demandent la santé, cherchent la purification par le oontife (In Aum., l/om., k, 1, /’. G., XII ((135Det638A).

Cette utilité, cette nécessité i)lulôt de l’aveu du péché, Origcne la trouve également suggérée par le V. igdu psaume XXXVII : Quoniam iniqaitatem meani pronuntiabo.

Xous avons déjà parlé souvent de cette « prononciation » de l’iniquité propre, c’est-à dire de la confession du poche. Voyoz donc ce que l’Ecriture nous enseigne : il ne faut pas cacher le péché au dedans de soi. Ceux qui souffrent d’une indigestion ou se sentent l’estomac surchargé de bile, de vomir les soulage ; de même pour ceux qui ont péché. S’ils cachent et retiennent au dedans d’eux-mêmes leur poché, ils en sont oppressés et presque sulî’oqués. Ctlui au contraire qui s’accuse lui-méine, en s’accusant et se confessant, vomit en quelque sorte son péché et rejette toute la cause de son malaise. Il n’est donc que de chercher avec soin h qui accuser son péché. Commencez par vous assurer du médecin auquel vous devez exposer la cause de votre langueur ; qu’il sache coujpatir au malade et pleurer avec celui qui [deure ; qu’il connaisse cette discipline de la condoléance et de la compassion. Mais ensuite, ce que vous aura dit ce médecin à la science et à la piété éprouvées, ce qu’il vous aura conseillo. faites-le, même s’il croit que. étant donnée la nature Je votre mal, il y a lieu de le découvrir et de le traiter (rxponeie el curai e) en présence de toute l’Eglise, afin, par là, de concourir à l’édification commune et de faciliter votre propre guérison. Cependant ceci mérite considération et ne doit se faire qu’après rnùre réflexion de la part de ce médecin [In Ps xixvn, Hom., II, 6, P. G., XII, 1386A- B).

II est difficile, semble-t-il, d’exprirner avec plus de netteté la nécessité de la confession, de la confession secrète. Non seulement elle est le préliininairo indispensable de la confession publique — ou peut-être tout simplement de la pénitence publique en général : Mgr B.iTiKi.oi., dans sa dernière édition (1920, p. 3.^4, note 3) met justement en doute, nous semble-t-il, qu’Origène ait ici en vue, comme possible, une confession publique proprement dite — c’est le confesseur et point le pécheur qui décide s’il y a lieu d’y procéder ; mais de plus, elle peut suffire : ce n’est qu’autant qu’il y verra profit pour le pénitent et pour la communauté, que le confesseur pourra prescrire ou conseiller la manifestation ou l’expiation publique de la faute.

S9. — Toutefois on s’est acharne à atténuer le sens et à restreindre la portée de ce passage d’Origèiie. Dans le médecin indiqué, on s’est refusé à reconnaître nécessairement un prêtre : il n’y aurait pas lieu dans ce cas d’insister ainsi sur les qualités et les mérites personnels à exiger de lui. La circons|)eclion recommandée aux lidèles dans le choix à l’aire de leur confesseur serait offensante pour le clergé el de nature à éveiller la défiance envers lui. D’ailleurs est-il probable que le clergé d’une Eglise, de Gésarée en particulier, l’fit alors as’^cz nombreux pour rendre possible un tel choix ? Ori, i ; ène ne parlerait donc ici que d’une manifestation spontanée des troubles de la conscience ; le médecin à consulter ne serait qu’un conseiller bénévole et particulièrement autorisé à raison de ses lumières et de son mérite persoiinels.

Mais ce sont là, on le voit, considérations psychologiques el subjectives, qui se heurtent à une série de faits incontestables.

U est incontestable en effet, et Zezschwitz, par exemple, l’a fait remarquer (Xeitsclir. f. Prutestantismiis und Kirche, 1862, p. 364), qu’il appartient à ce conseiller de prescrire ou d’interdire le traitement public du péché. Or, au m’siècle, alors que la hiérarchie est si solidement constituée, est-il vraisemblable qu’un simple fidèle ait pu assumer cette responsabilité’.’Origène avait cependant des raisons bien personnelles de savoir que, « in conventu tolius Ecclcsiae », l’initiative de la parole à prendre ou à donner n’appartenait pas, fût-il prêtre, au premier docteur venu. Saint Cyprien n’était pas le seul évcque à revendiquer pour le clergé le droit exclusif de régir les lidèles. Et rien ne sert, pour éluder la force de cette remarque, d’en appeler, comme le fait Holl (.Bh/Ahsiasnius und Bussgenalf, p. aS^), à l’autorité dont jouissaient alors les i confesseurs », c’est-à-dire, les martyrs, dans les Eglises..S’il est quelque chose de bien établi au sujet du rôle joué par ces « confesseurs », c’est que leur intervention en faveur « les pénitents se bornait à leur obtenir la remise de leur peine et ne produisait d’ailleurs son effet qu’autant que l’évcque la ratiliait (Cf. S. Cyprien, Ep, , xv, i, 3 ; XVI, 3 ; xxvii, i ; De Inpsis. xvu. xvin. xxxvi). De plus il est bien manifeste que le personnage visé et décrit ici par Origène n’a aucun des traits des

« confesseurs » martyrs.

I ! est à remarquer en outre, et Zezschwitz l’a fait également observer (loc. cit.), que le traitement mblic du péché n’est pas envisagé comme nécessaire : le médecin consulté peut en dispenser, ou plutôt, ne le prescrit qu’exceptionnellement, et rien n’indique que la guérison, à son défaut, soit compromise. Est-ce à un simple laïque, dans ce cas, qii’Origène en attribuerait le mérite ? Le prétendre serait contredire à son allirmation si nette du De Vratione (xxviii, P. G., XI, 528) que, si nous pouvons tous remettre les péchés commis contre nous, il n’y a que les apôtres et leurs successeurs à pouvoir remettre les péchés au nom de Dieu. Le texte considéré en lui-même s’oppose donc à ce qu’on voie dans le médecin autre chose qu’un personnage olliciel de l’Eglise, qu’un membre du clergé.

Le commentaire sur la résurrection de Lazare marque aussi à plu’^ieurs reprises que le ministère de la pénitence est un ministère réservé. Lazare au tombeau est l’image du pécheur ; il se lève à la voix de Jésus ; encore faut-il que ses bandages lui soient ôtés par ceux qui ont reçu ce pouvoir, roH S-Ma/ii-joi ; y.ftijvt -j’j-’.-i, TOî ; >û3 « i « iriv Sj-jy./xhoii. In Joan., t. XXVIII, 6. 7, P. G., XIV, 60f)AD ; 697C.

Du reste, les passages parallèles déjà cités écartent d’avance toutes ces interprétations et toutes ces