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PENITENCE

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cialement député à la prière. Car c’est des prêtres qu’il vient d’être dit qu’ils ont à prier pour le mournnt (TrpouEi/laîSwTCT iTt’aÙTOv) et que la prière de la foi le sauvera (14-15) ; et maintenant, ici encore (16), c’est en vue de l’eflicacité de la prière que la confession est recommandée : « Confessez-vous les uns aux autres vos péchés et priez les uns pour les autres (rooMùj ; £’8£ ÙTkp ày>r ; /t.) »), afin d’être soulagés, car très ellicace (ro/ù tT ; ^€i) est la prière du juste » : suit l’exemple d’Elie, liomræ sujet lui aussi aux inlirmilés, mais dont la prière obtint des miracles. Cette répétition du mot oiJyiJ’jv à propos d’une prière, dont le contexte ne permet pas de douter que les prêtres en soient les auteurs qualiliés, conlirnie le sens donné à l’ii)jx, }iti de la confession, et il est donc tout naturel de reconnaître ici la prescription de l’aveu des péchés aux ministres de l’Eglise pour en obtenir le parilon. Ainsi l’ont fait jadis bien des théologiens catholiques ; ainsi le font aujourd’hui encore des auteurs protestants eux-mêmes : Manifestement, écrit, A. J. Mason dans Pictionary 0/ the Bthle, t. IV, ait. Power o/’the keys, p. Sa, manifestement le malade est exhorté à faire sa confession aux prêtres qu’il a appelés près de lui, et eux à leur tour sont exhortés à solliciter pour lui le pardon dont on fait dépendre son rétablissement. »

Pour nous, à raison même de l’imprécision et de l’amphibologie des termes employés, nous nous bornerons à en retenir que les apùlres maintiennent dans l’esprit des fidèles la connexion traditionnelle entre l’aveu et le pardon du péché. Pour plus de détails, voir la discussion de ce texte par Mgr Ruch, à l’article Extrême Onction, D. T. 6’., col. igoS-igia. 21. — Mêmes observations pour le précepte de la confession qui se lit en deux passages de la Doctrine dea Apôtres. « A l’église, tu confesseras tes fautes et tu n’iras pas à la prière avec une conscience souillée » (iv, 14). " Le jour du Seigneur, quand vous vous réunissez pour la fraction du pain et pour l’Eucharistie, vous commencerez par confesser vos fautes, afin que votre sacrifice soit pur » (xiv, i). Ici, plus encore que dans saint Jacques, la confession se présente comme le moyen nécessaire de la purification des âmes, et, s’il est constant de par ailleurs qiie, pour présider à ces « synaxes », il y a Jes prêtres, dont la Doctrine prescrit la nomination à cet efl’et (xv, 1), rien n’est plus naturel que de se les représenter comme répondant ou s’associant par une prière spéciale à cette confession des fidèles. Il est vrai qu’on n’aurait affaire alors qu’à une confession rituelle analogue à celle dont aujourd’hui encore on fa’t précéder la messe et la communion : et telle est bien sans doute l’origine de notre Confitfor^ avec VJnriiil^entiam et le Misereatiir qui y font suite. Mais il ne serait pas exclu pour cela que cette confession ait été primitivement sacramentelle, ou plutôt que nous puissions y retrouver une des formes primitives de la confession a[)pelce depuis sacramentelle. En bien des cas aujourd’hui encore, et pour des motifs d’ordre bien divers, — dont le moins rare est l’ignorance ou l’impuissance du pénitent à mieux spécifier ses fautes, — la confession n’est pas plus détaillée, aussi détaillée, que l’est celle du Confileor ; la publicité d’ailleurs de l’accusation n’étant pas non plus, nous l’avons dit, exclusive de son caractère sacramentel ; et l’absolution, d’autre part, s’étanl longtemps exprimée sotis forme rie prière, rien ne s’oppo «e à ce qu’on voie, à ce qu’on ait vii, dans un équivalent de Vfndulgentiam ou iVisereotiir^une véritable absolution. Aujourd’hui encore le prêtre, à qui il plairait de l’employer, contreviendrait sans doute à une défense de l’Eglise, mais absoudrait réellement. Peut-être même est-ce dans cette forme rituelle de la

confession qu’il conviendrait de rechercher le point de départ de la confession sacramentelle. Un maître des plus autorisés de l’enseignement catholique le suggérait il y a quelques années et nous serions fort porté pour notre part à insister sur ce point de vue, si nous entreprenions d’écrire l’histoire de cette institution. (Voir J. V. Bainvbl, dans Hefue pratique d’apologétique, iTjanv. 1910, p. 53a ; et de nouveau, Hecherches de Science religieuse, 1919. p. ai^, sqq.) L’institution a évolué, et sans que, même à l’âge apostolique, — le fait d’Ephèse et l’extiortution de saint Jacques en sont deux preuves entre autres, — Sii forme rituelle ait été la seule connue, il pourrait bien néanmoins se faire qu’alors et longtem) s encore elle ait été la plus usuelle… Mais nous n’écrivons pas cette histoire ; il suflit à notre but d’avoir constaté pour l’âge apostolique la pratique et le précepte de la confession, comme de la condition ou du moyei ; d’en obtenir le pardon dans l’Eglise.

33. — 3* L’organisation de la pénitence avec confession, caractéristique de la véritable Eglise.

— Après cela, il serait intéressant sans doute de constater comment, au cours du second siècle, ce moyen se généralise et se particularise à la fois : la propagation de l’Eglise en rendant l’usage plus universel, et l’afiinement progressif des consciences y acheminant à une spécification de plus en plus détaillée des fautes commises. Mais on sait quelle est pour cette période la pénurie des documents où se manifeste la vie intime de l’Eglise. Des ouvrages qui nous en restent, la plupart poursuivent un but apologétique ou de polémique ; ils n’ont donc pas à s’occuper d’une institution dont on ne parle ou ne discute qu’entre chrétiens. Tertullien note en effet que, si tout le monde, sans en excepter les païens, peut se rendre compte de la première conversion, do celle qui aboutit au baptême, la seconde au contraire. celle qui réhabilite le pécheur baptisé, parce qu’ell. est aiïaire de discipline intérieure, les Juifs eux-mêmes ne la soupçonnent pas : a Illa etiam ethni cis relucet, hæc vero, quæ in ecclesiis agitur, «. Judæis quidein nota est » (Pndic, ix, 19).

Cependant c’est bien au cours de ce siècle ques’oi ganise et prend corps l’administration de la pénitence. Les grandes lignes en apparaissent fort nettes dès l’époque de saint Irénée et de TertuUien ; la correspondance de saint Cyprien permet d’en saisir le fonctionnement régulier, et, au début du iv « siècle, lorsque les persécutions prennent fin et que l’Eglise se produit au grand jour, Lagtancb signale hautement, comme un de ses traits distinctifs, la rémission des péchés par la confession et la pénitence :

« Sciendum est illam esse leram [Ecclesiam] in qiiu

est coNPKSsio et pænitentia, quæ peccata et vulnern, quihus suhjecta est imheciuitas carnis, saluhriter curât » (ZJiV. Instit., IV, xxx, 13, /’./,., VI, 544). Or. on ne saurait troj) le remarquer, la confession, qui précède ainsi la pénitence, n’en est pas un élément accessoire et secondaire ; sans elle, la pénitence demeure inefficace. Cette circoncision spirituelle des âmes comporte, en effet, une révélation complète de la conscience : « ne quod pudendum facinns intni conscientiæ sécréta velemiis ». Le cœur y doit être mis à nu, c’est-à-dire, les péchés y doivent être confessés tout aussi bien que la satisfaction y doit être offerte, si l’on veut obtenir le pardon divin : u Pænitentiam nobis in illa circumcisione proposuit [Deus], ni, si cor nudaterimus, id est si peccata nostra cimfessi satis Deo fecerimus, veniam consequamur ». Les obstinés et ceux qui dissimulent leurs fautes n’y ont point de part, car Dieu, à la différence de l’homme [qui administre la pénitence], voit jusqu’au plus intime de l’âme : « Quæ [yenia] contumacibus et