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PENITENCE

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explicilemenl en distinguant deux catégories de jiécbés, lesunsrémissibles par le ministère de l’évêque, les autres réservés à Dieu, Pitd., xviii, P. /,., 11, 1017 B : Salwa ilta pænitenliæ specie post fidemquae aut levioribus delieits teniam ab episcopo consequi poterii aut maioribus el irreiiiissibitibits a Deo solo. Les nouveautés doctrinales apportées par cet écrit peuvent se ranger sous trois cliefs : 1° Doctrine des trois pccbésirrémissiljles, insinuée ou formulée, /" « rf., VI. II. XII. XIX. XXII ; — 2° Doctrine du péché direct contre Dieu, échappant, de sa nature, au ministère ecclésiastique, Pud., 11. xxi ; — 3° Doctrine de la rémission directe par Dieu, antithèse delà rémission au sens catholique ; étudier à cet égard le sens pleinement ecclésiastique des mots : Absolvere ; Reconciliatio ; ftestilutus, Hestitulio : Pa.r. Sur tous ces points, nous renverrons à Editde Calliste, p. 196-216. Voir aussi G. EsSEB, Die liussschriften Tertiillians De pænitentia und De pudicitia, und das Indulgenz-Edikt des Papstes Kallistus, Bonn, if)o4, in-4 ; et R. P. J. Stufler, S. J.jDie Bussdiszipdinder abeidàndlichen Kirclie bis Kallistus, dansZei{sclirift f. Katli. Théologie,

lr, 0^, p. 433-/473.

Trente ans plus tard, l’œuvre pastorale de saint Cypribn éclaire d’une lumière rétrospective les débals où fut mêlé TertuUien. On y apprend que certains évêques d’Afrique ont exclu les adultères des pardons de l’Eglise, sans pourtant imposer leur intransigeance au corps de l’épiscopat et sans faire schisme. £p., Lv, ai, éd. Hartel, p. 638.63g. On apprend aussi que la persécution de Dèce, en provoquant des apostasies nombreuses, mit à l’ordre du jour la délicate question de la réconciliation des lapsi.

L’altilude personnelle de saint Cyprien est celle d un homme du gouvernement, mais non celle d’un novateur. Il blâme et désavoue l’indiscrétion des prêtres qui, de leur propre mouvement, sans en référer à révêque, ont procédé à des réconciliations hâtives ; en quoi ils eurent deux fois tort : d’abord parce qu’ils ont méconnu l’autorité de l’évêque ; puis parce que, en dispensant les pécheurs d’une satisfaction convenable, ils ont compromis le sérieux delà pénitence et fait aux âmes plus de mal que de bien. Voir à ce sujet Ep., xvi, p. 617 ; De lapsis, xvi, p. a48. 2^9 el passim. Ce que veut Cyprien, c’est qu’une question aussi grave ne soit pas traitée à la légère ni livrée au hasard d’initiatives individuelles, mais réglée de concert par tout répisco])al africain. Voir notamment Ep., lv, 7, p. 628. D’ailleurs il excepte les cas d’urgence : l’imminence de la mort justiŒ une réconciliation sommaire, /î^., xviii, i, p. 523. 52/) ; et devant la menace d’une nouvelle persécution, Cyprien est le premier à estimer qu’il ne faut pas faire attendre davantage les apostats qui ont donné des gages sérieux de pénitence, mais les fortifier en vue des dangers nouveaux, en leur rendant la paix de l’Eglise et la participation à l’Eucharistie, Ep., Lvii, i, p. 650-651. Jamais il ne donne à entendre que ces réconciliations, estimées nécessaires, soient des mesures sans précédent ; il ne veut que maintenir la tradition de l’Eglise, en veillant au sérieux de la pénitence.

Ainsi les paroles suivantes, de cette lettre synodale adressée au pape Corneille, ont une portée universelle, p. 650, 20-651, 16 : Ncc eiiim fas erat aut permittebat patenia pietas et divina clementia Ecclesiam piilsantibiis cludi et dolentibus ac deprecantibus spei salutaris subsidium denegari, ut de s/ieculo recedentes sine communicalione et pace ad Dominum dimit terentiir ; quando permiserit ipse et legent dederit ut ligata in terris, et in cælis ligata essent, so/vi aulem passent illic quæ hic prius in Ecclesia soU’erentur. Sed enim cum videanius diem rursus alte rius infcstalionis adpropinquare coepisse…, necessitate cogente censuimus eis qui de Ecclesia Domini non recesserunt et pænitentiam agere et lamentari ac Dominum deprecari a primo lapsus sui die non destilerunt, pacem dandam esse et eos ad proelium quod imminet armari et instrui opnriere.

Cette ligne de conduite, ferme et prudente, est celle même que le clergé de Rome, durant la vacance du Saint Siège, avait tracée au clergé de Carthage, Ep., viii, 3, p. 487.488. On la retrouve, avec une nuance de sévérité en plus, dans la lettre adressée à Cyprien lui-même, au nom de l’Eglise romaine, par NovATiEN, peu suspect d’indulgence. Ep., xxx, 3. 5. 8, p. 55 1, 553, 556. L’idée d’une rupture avec le passé ne s’affirme nulle part.

Nous ne nous étendrons pas davantage sur ce sujet, traité tout au long dans notre Edit de Calliste, ch. X, et dans notre Théologie de saint Cyprien, 1. iii, ch. iii, Paris, 1922.

2* Calliste et Ilippolyte. — Dans l’évêque flétri par TertuUien pour son laxisme, on reconnaît généralement le Pontife romain. Les noms qu’il lui donne par ironie : pontifex maximus, episcopus episcoporum (Pud., i), ne seraient pas par eux-mêmes une preuve suflisante, non plus que ceux-ci, qui se présentent plus loin(xiii) : bonus pastoretbenedictus papa ; mais le nom A’apostolicus (xx :) elles allusions au siège de Pierre (ibid.) paraissent désigner assez clairement l’évêque de Rome. Ne nous arrêtons pas à discuter d’autres hypothèses. On a proposé de tout rapporter à l’évêque de Carthage, Agrippinus, et cette hypothèse vient d’être reprise par M. K. Adam, Der sogenannte Bussedikt des Papstes Kallistis, Miinchen, 1917. D’autres ont cru devoir dédoubler le personnage ; ainsi M. G. Esseh, Der Adressât der Schri/t Tertullians « De Pudicitia r> und der Verfasser des romischen Bussedilites, Bonn, 1914. Ces hypothèses ne nous semblent pas plausibles. Nous les avons examinées brièvement dans Becherches de science religieuse, 1920, p. 254-256 ; les raisons apportées ne sont pas nouvelles, et difQcilement les croira-t-on décisives. Donc nous nous en tenons à l’opinion commune, d’après laquelle un seul personnage est en cause, à savoir le Pontife romain. Mais encore lequel ? Autrefois on s’accordait généralement à nommer le pape Zéphyrin( 199-2 17). Cette attribution est bien ébranlée depuis la découverte des Philosophumena, ou Béfutation de toutes les hérésiesipahliés pour la première fois en 1851 à Oxford, par E. Miller, sous le nom d’Origène, et aujourd’hui reconnus presque unanimement pour l’œuvre d’HiPPOLVTB, alors schismatique (sur cette question d’auteur, voir notre Théologie de saint Ilippolyte, Introduction, p. xxiv-xLni, Paris, 1906).

D’après les Philosophumena, J. B. de Rossi a mis en avant (Bullettino di archeol. crist., 1866) le nom du Pape Calliste (217-222). Reprise en 1878 par M. Harnack, cette solution rallie de nombreux suffrages. Nous y avons souscrit dans notre Théologie de saint Ilippolyte, en 1906. La page des Philosophumena sur laquelle elle se fonde, constitue un réquisitoire très violent contre le pape Calliste. Cette page est d’une grande importance pour l’histoire de la pénitence. Nous croyons devoir la traduire. Philosophumena, X, VII, éd. Cruice, p. 443-446, ou P. G., XVI, 3386-3387 :

Le premier, Calliste s’avisa d’autoriser le plaisir, disant qu’il reinetlait ii tout le monde les péchés. Quiconque se serait laissé sJduire par un autre, pourvu qu’il fut réputé chrétien, obtiendrait la rémission de toutes fautes en recourant à l’école de Calliste. Pareille di^claration combla de joie bien des gens qui, la conscience ulcérée, rejetés déjà par diverses sectes, quelques-uns même excommuniés