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PENITENCE

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pénitence postbaptismale ; il applique encore à celle idée le verbe.ustîîvî-îv.

L’appel dont le Pasteur parle à deux reprises n’est pas, comme on l’a souvent cru, son appel présent à la pénitence : nulle part, dans ce livre, il n’est question B d’appel à la pénitence ». Les mots x^jj^iç, xa/ew n’y présentent jamais ce sens. Mais il est question, ici et ailleurs, d’appel à la foi et au baptême. C’est là une expression consacrée par l’usage du NT., (iorn., XI, 29 ; I Cor., I, 26 ; vii, 10-24 ; Eph., i, 18 ; iv, I ; Pkil., iii, il, ; II Tlies., 1, 11 ; Ileb., iii, 1 ; lPet., i, 10, et beaucoup d’autres exemples ; voir Cbemer-Kogel, Biblisch-theologisclies ff’nrierbuclt der NT Gnizitât, p. 561 sqq., expression reprise par Hermas, Sim, , vin, I, i ; II, i ; ix, 14, 5 ; 17, 4. C’est le même sens qu’on retrouve ici par deux* fois : tsi" ; x/>)6EΠ! ri npo

TCÙTWï Tii-J Y.nipSt) ! … /7.£Tà Try yj : r, an ixtivTi-J t/.ï ll.vtcùr, 'j x « i

S’il était besoin de confirmer ces précisions lexicographiques, on pourrait étudier le jeu très précis des pronoms démonstratifs. Le pronom ixd-joi s’applique toujours en grec à un objet lointain, aussi est-il réservé à la pénitence préliminaire au baptême et à l’appel du baptême : ysTcvoia … l/.uvn £t£ ci ; iiotp XKTiCn ; j.sv, … TY.-J A-r.'jiv ixsivvj Tr, v y.r/KXr, v xy.i ffE/<v/ ; y ; — aU

présent, est réservé le pronom oî « ? : t/, v ncrmoiv.-j 7-KÙT/ ; v, etc. Il est tout.i fait impossible de trouver dans cette x'/f, 7ti une allusion au ministère présent du Pasteur, comme inaugurant une ère nouvelle dans l'économie de la pénitence.

Mais alors, comment expliquer la différence clairement mise par le Pasleur entre ceux qui ont déjà répondu à l’appel du baptême, t « îç x'^rfici^iv npi zoOtoi-j Tû » h/ispif-', et ceux qui pourront y répondre dans l’avenir ? Cette différence s’explique le plus simplement du monde, par un calcul de prudence, que le Pasteur énonce expressément et qui répond au but de l’ouvrage. Le Pasleur se préoccupe de ne donner ni aux uns ni aux autres occasion de spéculer sur la facilité des pardons divins : p.h Sici’ji i.fnp ; j->, -j rcifj p.é'JjO’j7t 7Tta-T- : -£(v Yi TOii vûv TTtffTeJcaffiy £( ; Tti* Kùpinv. Il énonce par deux fois cette distinction, non pour annoncer jin Iruiterænt difTcrenl aux uns et aux autres, mais au contraire pour promettre aux uns et aux autres un même traitement : ol yv.p vOv ris^T£v(7 « vrs ; r, p.a.ymzi TTio-Tsùeiv / « TOvot-z » v.ft.n.pTi.Cyj oiix "tyrjMdvi — ni les uns ni les autres n’ont en perspective un second baptême ; —

« tEiTi » li "iywai T&'J -npoTipwJ àp-'ApnCt-j vmtCii^ mais les uns

et les autres doivent s’en tenir au pardon baptismal. Qnanl à la pénitence postbaptismale, le Pasteur eu explique l’institution à ceux-là seuls qui peuvent aujourd’hui en avoir besoin ; mais il a soin de les avertir qu’on ne joue pas avec la miséricorde divine : c’est vouloir se perdre que d’osciller perpétuellement entre le péché et la pénitence.

Et c’est pourquoi le Pasleur a commencé par donner son entière approbation aux maîtres qui enseignent qu’il existe une seule pénitence, la pénitence préliminaire au baptême. Ces maîtres ne sont pas des dissidents : ce sont tout simplement les catéchistes de l’Eglise romaine, qui, préparant les catéchumènes au baptême, ne jugeaient pas opportun d’ouvrir à leurs yeux des perspectives infinies de rémission. Considérant comme leur premier devoir d’assurer le sérieux de la pénitence présente, ils avaient soin d’inculquer à leur auditoire l’obligation de renoncer pour tout de bon au péché, abandonnant à l’avenir le supplément d’instruction que l’expérience de la vie devait, hélas, trop souvent rendre nécessaire.

Cette pr.itique n'était point particulière aux catéchistes romains du 11" siècle : on la relrouve dans toutes les cntéchèses des Pères, depuis le De Baplismo de TertulUen au commencement du 111° siècle.

jusqu’aux instructions des grands évèqnes du iv' siècle. Qu’on parcoure les catéchèses de saint Cyrille de Jérusalem ou le De mysteriis de saint Arabroise, les discours prononcés en de pareilles circonstances par saint Basile, saint Grégoire de Nazianze, saint Jean Chrysostoræ ou saint Augustin : en vain y cherchera-t-on ces développements sur la pénitence postbaptisinale, qui avalent leur place marquée dans un stade ultérieur de l’instruction chrétienne. Il j' a plus : beaucoup de Pères tiennent, même à des auditoires chrétiens, un langage identique à celui du Pasleur d’Herraas, sans qu’il y ail l’ombre d’un doute sur leurs intentions, surtout quand il s’agit des Pères contemporains du plein développement de la pénitenceeccIésiaslique.Nous avonsrelevé des textes, Edit de Calliste, p. 8.'|-85. Voir notamment H » démentis, VIII, 6 ; sainl Justin, Dial., XLiv, P. G., 'VI, 75a A, coll. VII et c.xli ; TEmuLLiEN, De Bapt., xv, P. /.., I, 1216 C ; Origknf, In lerem., Hom., xix, ! , P. G., XUI, 5036D ; sainl Ambroisb, De pænit., U, X, 95, P. L., XVI, 520 A ; saint Pacikn, Jd Sjinpron., Ep., 1, 5, /-". /.., Xlll, io55 ; saint Jean Chrysostomb, In Ileh., Ilom., xxxi, 2, P. G., LXIII, 215 ; saint Augustin,.s>rm., C( : ci.ii, 3, 8, P. £., XXXIX, 1558.0n pourrait allonger beaucoup celle liste.

Il est temps de rendre en français le texte d’Hermas, Mand., iv, 3 :

Je vous poser’ai encore une que-'lion. Seigneur. — Parle, dit-il. — J’ai entendu, Seigneur, certains maîtres enseigner qu’il n’y a pas d’autre péuilonce que celle que nous avons faite, lorsiiue nous descendîmes dans l’eau et y reçûmes le pardon de nos précédentes fautes. — Il me dit : Tu as bien entenJu, il en est ainsi. Car celui qui a roi ; u le pardon de ses fautes ne devrait plus pécher, mais demeurer dans l’innocence. ' Mais puisque tu veu. savoir le dernier mot de tout, je ta (k’Oouvrirai enr. ire ceci, non pour encourager [à pécher] ceux qui désormais croiront ou qui déjà ont cru au Seigneur. Car ceux qui déj, *i ont cru ou qui croiront n’ont pas [en perspective) la pénitence de leurs fauies [ultérieures], mais lien le pardon de leurs fautes précédentes. 'Donc, pour ceux qui ont été appelés avant ces jours, le Seieneiir a établi une pénitence : car connaissant les cieurs et prévoyant toutes choses, le Seigneur a vu la faiblesse humaine et l’astuce du diable, ses entreprises funestes et ses attentats contre les serviteurs do Dieu. Le Seigneur plein de miséricorde a eu pitié de sa créature ; Il a établi cette pénllence et m’y a préposé. s.Mai^ je te le dis ; après ce grand et solennel ; ippel [du baptf-me], si quelqu’un, cédant i » une tentation du diable, pèche, il a [en perspective] une pénitence ; mais s’il retombe indéfiniment pour faire encore pénitence, qu’il n’en espère pas de fruit : son salut est bien compromis. — ' Je lui dis ; Vous m’avez rendu la vie, pnr ces paroles si précises. Je sais maintenant que si je ne retombe plus dans le péché, je serai sauvé. — Oui, dit-il, et tous ceux qui feront de niL-rae.

Le sens que nous y avons trouvé est substantiellement conforme au commentaire de Cliîmbnt d’Alexandrie, Strom., II, xiii, P.G., VlII.ggS B-996B :

Celui donc qui a rei.u le pardon de ses péchés ne doit plus pécher. Car après la première et unique pénitence des péchés (entendez la pénitence de ceux qui ont jusque-là -vécu comme les païens, dans l’ignorance), il n’y a place, pour les appelés de Dieu, qu'à la purification de la péoitenco, qui doit débarrasser l'àme de ses souillures, afin que la foi s’y fonde. Mais Dieu, connaissant les cœurs et prévoyant l’avenir, l’Inconstance de 1 homme, l’afliarnement et la perfidie du diable, a prévu dés le commencement que, jaloux du pardon accordé à 1 homme, il Inventerait des occasiom de péché pour les serviteurs de Dieu, et mettrait une habileté criminelle à les entraîner dans sa ruine. C’tKt poun|uoi, à ceux qui tomberaient après être parvenus à la foi. Il a dans sa miséricorde donné une seconde pénitence, afin que, si l’homme venait à être tenté après l’appel divin et à succomber aux artifices diaboliques, il eût encore à sa portée une pénitence délinitlve. Que si nous péchons à plaisir après avoir reconnu la vérité, nous n’avons plus de sacrifice à ofl’rir pour nos péchés, mais seulement l’attente effroyable