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PENITENCE

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l'égard de Dieu : il prononce sur Ananie et Saphire une parole de blàrae, aussitôt ratiliée par le châtiment divin, Jet., v, i-i l. Il rrncontre un faux chrétien, qui a reçu le baptême, mais ne songe qu'à faire argent du don de Dieu : il doit s’avouer impuissant à guérir cette àme et abandonne Simon de Samarie au jugement d’en haut, Act., viii, 9-2^. Sa première épître signale, avec des abus déjà existants dans l’Eglise, l’urgence de prévenir le châtiment divin, I Pel., IV, j-S ; V, 8 ; II Pet., 1, 1 ; 11, 1.20-22 ; iii, 9.

Saint Paul trouve aussi sur son chemin le vice, et le vice monstrueux. Il excommunie l’incestueux de Gorinthe, 1 6'or., v, i-13. On s’accorde généralement à croire que le coupable s’amenda et qu’un autre texte de l’Apôtre le montre réconcilié. Il Cor., 11, 5-ir. Certainement l’intercession des Frères exerça quelque influence sur l’Apôtre, qui d’ailleurs, dans la même épître, revient à diverses reprises sur le ministère de la réconciliation, II Cor., v, 18-20 ; vii, 9-10 ; xii, 20-ai. Tertullien s’est refusé, De piidicit., xiii-xvir, P. L., II, ioo3-io14, à reconnaître l’incestueux de Gorinthe dans le coupable absous par saint Paul ; mais cette opinion singulière, lancée dans un écrit montaniste, est démentie par le sentiment commun des Pères. Edit de Culliste, p. 41.^2.

Nous retrouvons sur d’autres théâtres saint Paul, ministre de la pénitence. Déjà les Thessaloniciens s’entendaient rappeler à l’exercice des vertus chrétiennes, et notamment à la pratique de la correction fraternelle, I Thess., iv, S-'j ; v, i/i ; même leçon dans l'épître aux Galates, vi, i. Les Romains sont pressés par l’Apôtre de rejeter les œuvres de ténèbres et de revêtir les armes de lumière, ftant., xiii, 11-14. Dans la I-' épître à Timothée, on voit deux coupables, Ilyménée et Alexandre, après leur naufrage dans la foi, livrés à Satan, pour apprendre à ne plus blasphémer, I Tint., i, 20. D’autres sont repris publiquement pour le scandale de leur vie, v, 611 ; et peut-être faut-il voir, v, 20-22, une recommandation faite à Timothée de ne pas brusquer la réconciliation des pécheurs, mais d'éprouver la sincérité de leur conversion. L’appel à la correction fraternelle reparaît II Tim., 11, 25-26 ; iii, 8-9 ; iv, 2 ; Tit., III, lo-ii. Il est remarquable que les dernières épîtres de l’Apôtre ne nous apprennent rien de très nouveau sur ses expériences morales. Le spectacle de la faiblesse humaine frappa ses regards dès le début de son ministère apostolique et ne le détourna point de considérer les pécheurs comme véritables membres du corps du Christ ; membres malades, sans doute, mais ne cessant pas d appartenir à ce corps, tant qu’ils n’en avaient pas été retranchés par sentence positive.

L'é[)ître de saint.læques a des promesses de pardon pour tous les pécheurs qui s’humilient, lac, iv, 8.9 ; v, l5.16. Celle de saint.lude préconise, comme une œuvre excellente de charité, le zèle de la conversion des pécheurs, qu’il faut sauver de l’enfer et d’eux-mêmes, / » rf., 22-23.

Saint Jean, dans l’Apocalypse, surtout dans les lettres dictées par l’Esprit de Dieu pour les anges des Eglises, iiiii, signale des désordres ; à côté des désordres, il montre ouverte la voie de la pénitence et du pardon. La pratique de l’Apôtre répondait à ces exhortations. Rien n’est plus connu que l’histoire de ce jeune néophyte instruit et baptisé par ses soins, puis perverti et devenu chef de brigands, enfin retrouvé par lui et rendu à l’Eglise. Ce trait, que nous a conservé Clément d' Aluxandrib, Qui.' : dives salvetur, xlii, P. G., IX, 6^8-649. nous permet de lire dans la conscience des chrétientés apostoliques..

B. L’Eglise primitive

1° La pénitence â Rome au II" siècle d’après le Pasteur d’Hermas

Le premier écrit chrétien qui puisse être désigné, en un sens très large, comme un traité de la Pénitence, est le Pasteur d’tlERMAs. Ecrit allégorique, où l’on se gardera bien de chercher des précisions d’ordre canonique, mais que les générations suivantes n’ont pas cru négligeable et que nous ne devons pas négliger non plus. L’auteur est un voyant ; mais particulièrement représentatif, par le temps, le lieu où il a vécu, par lesattaches personnelles qu’il eut avec les chefs de l’Eglise romaine. La déposition du fragment de Muratori et du Catalogue libérien, qui en font le propre frère du pape saint Pie I" (iSg-iôi), ne paraît pas à tout le monde recevable. Il n’en est pas moins certain qu’Hermas nous permet d’entrevoir, sous le voilede l’allégorie, l’Eglise romaine peu après le commencement du 11* siècle. Cela suflitpour donner à son œuvre un puissant intérêt. Et les Pères du 11" et du m" siècle se réfèrent expressément à son enseignement sur la pénitence, soit pour l’approuver, soit pour le discuter.

Hermas décrit, à diverses reprises, notamment Vis., m ;.S ; m., vin et ix, une tour construite sur les eaux. Cette tour, d’après sa déclaration expresse, ligure l’Eglise ; les pierres, qui sont tirées de l’eau pour entrer clans la bâtisse, figurent les fidèles, qui sont introduits dans l’Eglise en passant par l’eau du baptême. L’allégorie de la tour tient dans l’ouvrage une place capitale ; le sens général du symbolisme est très clair. Ne nous arrêtons pas aux développements d’Hermas sur le triage des pierres destinées à la bâtisse, lequel figure certainematit le recrutement des eatéchumènes. Dans les diverses catégories de pierres employées à la bâtisse ou laissées plus ou moins au rebut, il semble qu’on puisse, sans témérité, chercher quelques lumières sur les diverses catégories île fidèles appartenant à l’Eglise, dans un temps où sans doute la discipline du catéchuménal et de la pénitence publique s'élaborait. Vers l’an 200, les écrits de Tertullien nous montrent ces institutions fonctionnant régulièrement à Carthage où, sans doute, elles ne dataient pas de la veille. Elles avalent dû fonctionner à Rome dès une date plus ancienne, et ont pu laisser quelques traces dans la peinture allégorique d’Hermas. Ne nous attardons pas à ces traits, que nous avons essayé d’interpréter, £dit de Calliste, p. 5/1-67.

Les Idées morales du livre doivent retenir davantage notre attention. Des trois parties qui le composent — ]'isions. Commandements, Paraboles, — les deux dernières mettent constamment en scène le « Pasteur, ange de la pénitence ». Ce personnage surnaturel qui, au nom de l’Eglise, instruit Hermas, a donné son nom à tout l’ouvrage. Les idées dont il se fait le héraut, ont été diversement comprises. Avant de les étudier, il n’est pas indltférent de noter le souvenirqu’ellesavaient laisséaux chrétientés en relations directes avec Rome. Trrtullien, durant sa période catholique, cite le Pasteur avec res|iect, comme « Ecriture », donc presque au rang lie nos Livres saints (De ornl.. xvi, P. /.., I, 1172). Devenu montaniste, il se retourne violemment contre la morale du Pasteur, qu’il appelle le manuel des adultères (De Pudicit., x.xx, P. L., II, 1000 ; 1021). Hermas ne semble donc pas avoir laissé en Occident le souvenir d’un auteur rigide. Il n’en allait pas autrement en Orient, comme nous l’apprendrons de Clément d’Alexandrie. Ces deux témoins, séparés d’Hermas jiar deux ou trois générations tout au