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PAUVRES (LES) ET L’ÉGLISE

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Madeleine, la Société des berceaux, la.Maternité Sainte-Anne. Pour eset{anls, les Ecoles chrétiennes, soutenues par la Société Générale d’Education et d’Enseignement ; pour les jeunes orphelins, les /’aironages de Dom Bosco, fondés à Turin et répandus aujourd’hui dans toute l’Italie, vërltaliles corporations de métiers qui préservent de l’oisiveté et du vice les enfants délaissés ; dans le même genre, l’Œinre des Orphelins apprentis d’AuteuH, del’sihhé Roussel ; et enfin les innomlîrables patronages et cercles d’études fondés aujourd hui dans la plupart des paroisses, véritables foyers de charité intellectuelle, morale et religieuse. Pour les femmes sans asile, VŒuvre de Bethléem ; pour les servantes et les ouvrières : l’Association des Sa’urs servantes de Marie, la Paroisse bretonne, les Unions aye^ronnaise, bourguignonne, lyonnaise, normande, etc., la Solidarité catholique, les syndicats del’Aiguille, et de la rue de l’Abbaye. Pour les jeunes incurables, les jeunes aveugles, les aUénés, les maisons des Frères de saint Jean de Dieu. Pour les pauvres sans aucune ressource, les nombreux fourneaux économiquesde la Société de Saint- Vincentde-Paul et de la Société Philanthropique, l’Œuvre de la Marmite des pauvres, VŒuvre de la Mie de pain fondée en 1891 par les étudiants du Cercle catholique du Luxembourg et les jeunes ouvriers du Patronage Saint-Joseph de la Maison-Blanche qui distribue 800 à 1.000 litres de soupe par soirée. Pour les cheminots, VUniondes Chemins de / « ; , fondée par l’abbé Reymann, qui compteaujourd’hui loo.oooadhérents. Pour les employés, leSyndicat des employés du Commerce et de l’Industrie elles innombrables syndicats catholiques ; pour les jeunes gens et jeunes lilles anémiés par le séjour deParis, l’CJEuvredes Colonies de Vacances, etc., etc. M. Léon LBFÉBrRKa fondéen 1890 l’Office central des Œuvres charitables, qui « a pour but de rendre l’exercice de la charitéplus ellicace, de faire connaître aussi exactement que possible l’état de la misère et les œuvres destinées à la soulager, de discerner et de propager les moyens les plus propres à la prévenir et à la combattre » (art. i" des Statuts), On trouvera dansles Annuaires de l’0//ice centralde Paris, 176, boulevard Saint-Germain, et des Offices centraux de province alllliés à celui de Paris, et surtout dans le Manuel des Œuvres, institutions religieuses et charita blés de Paris et des départements, dû à l’initiative du Vicomte Armand dh Mklun, la statisque générale des œuvres de charité françaises et des renseignements sur chacune d’elles (i vol. in-32, j30 p., Paris, de Gigord, 1912). Quiconqueparcourra seulement ce Manuel, ne pourra se défendre d’un sentiment d’admiration et aussi de légitime fierté. Oui, la charité catholique est plus que jamais active et agissante ; « jamais, à aucune époque, le sort de ceux qui souffrent n’a été l’objet d’une sollicitude plus ardente qu’il ne l’est de nos jours ; jamais les œuvres destinées à les secourir n’ont été plus nombreuses, et jamais, en même temps, la misère croissante n’a fait plus vivement sentir la nécessitéd’une intervention immédiate, éclairée et dévouée… C’est cette intervention que le Manuel des Œuvres est appelé à faciliter » (Pre’/aee, p. v). Si ces lignes étaient vraies en 1912, combien plus le sont-elles au lendemain du cataclysme qui s’est abattu sur l’Europe ! Si les femmes elles jeunes lilles du monde ont accouru très nombreuses au chevet des blessés et des malades, et pendant plusieurs années ontrevètu la blouse blanche des infirmières, donnant ainsià leurs frères souffrants, leur temps, leur dévouement et souvent leur santé et leur vie, qui dira, sur ce nombre, l’immense proportion des femmes chrétiennes ? Si d’autres ont travailé sans relâche à confectionner des vêtements de toutes sortes pour les réfugiés des

régions dévastées et pour les soldats qui souff’raient de froid dans les tranchées, si des centaines de millions, peut-être même des milliards issus de l’initiative privée ont aidé à secourir des misères indicibles, quelle est la glorieuse part des catholiques ? La statistique ne le dira jamais, parce que beaucoup n’ont consulté que leur cœur et ont voulu que leur main gauche ignorât le don de leur main droite » ; mais la nation tout entière le sait cl l’Eglise lui est apparue de nouveau comme la mère et la consolatrice de tous les affligés. Sur l’initiative de la Société d’Education, des bourses ont été fondées pour les orphelins et les orphelines de la guerre, afin que les enfants des héros morts pour la Patrie puissent recevoir une éducation et une instruction conforme à leur situation sociale ; partout des comités se sont fondés pour secourir les détresses nées de la guerre ; partout le gouvernement a fait appel à la charité catholique et cet appel a été entendu. Qu’il s’agît des emprunts du Crédit national destinés aux régions dévastées ou des emprunts nationaux, le ministre des Finances a demandé officiellement aux évêques et au clergé leur collaboration patriotique. Bref, l’Eglise catholique apparaît plus que jamais à tous les regards comme une puissance d’ordre, d’apostolat et d’incomparable charité (Cf. Raymond Poincark, Discours sur les prix de vertu, Séance publique annuelle de l’Académie française du 25 novembre 1920).

Les objections contre la charité. — Est-il nécessaire, après cela, de répondre aux vieilles objections conlrelacharité ? Ne tombent-elles pas d’elles-mêmes à la lumière de l’histoire ? On disait : « La charité a fait son temps ; le règne de la justice va commencer. La solidarité humaine et la fraternité des peuples vont accomplir des miracles. » Eternel mirage, tant de fois renouvelé depuis 1789 ! Et voiciqu’une guerre sans précédent, basée sur l’injustice, commencée par la violation d’un Etat neutre et conduite par des moyens inhumains, a bouleversé les notions universelles de la morale et du droit, a semé dans le monde entier la discorde et la haine, et pour avoir ajourné à des temps meilleurs le règne de la justice, a rendu plus nécessaire que jamais celui de la charité.

Supprimer la charité ! … Utopie qui n’a même pas le mérite d’être généreuse. Les événements, en effet, lui donnent un cruel démenti. En attendant le retour de l’âge d’or décrit par Ovide, ou la cité future imaginée par Jaurès ou enfin le paradis bolcheviste rêvé par les Slaves, il faut vivre dans la réalité et cette réalité démontre l’éternelle vérité de la parole du Christ : 11 y a toujours des pauvres parmi vous », et dès lors la charité aura toujours l’occasion de s’exercer. La guerre, en bouleversant les classes et les fortunes, n’a-t-elle pas créé « les nouveaux pauvres » à côté des « nouveaux riches » ? Quelle que soit la perfection de l’humanitéfuture, l’inégalitédesintelligences, des talents et des vertus provoquera toujours l’inégalité des fortunes, indépendamment des causes physiques et matérielles de pauvreté, comme le fait d’habiter dans desrégions exposées aux inondations, aux tremblements de lerre.aux éruptions volcaniques ou aux invasions d’un peuple belliqueux, ou comme la perte, pour les enfants en bas âge, des soutiens naturels que sont leurs parents. Il y aura donc toujours des orphelins, des êtres disgraciés, des invalides de naissance ou d’accident, des vieillards sans ressources pour leurs derniers jours. Et à tous ces êtres qui auront d’autant plus besoin d’affection qu’ils seront plus déshérités, l’assistance de l’Elat pourra bien donner le pain quotidien ; mais son administration anonyme, irresponsable, grassement rétribuée, aux yeux de laquelle le malheureux