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PAUVRES iLES) RT L’EGLISE

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nourriture et prier ensemble ; car ciiaque diaconie avait sa chapelle et son oratoire (Du Gange, (itot-Siiire de la basse lalinilé, au mot Diaconie). L’abbé ToLLiiMBR regarde cesdiaconies comme des espèces d hôtelleries « pour les pauvres libres et pour les mendiants d’un quartier ou de toute autre circonscription convenue » (up. cit., p. 556). Elles se distinguent des xeiiotrnpltia en ce que ceux-ci ne reçoivent quelesétrangers ou les passants. Elles ne furent pas toujours dirigées par des diacres, mais parfois aussi par des prêtres. Elles ne fournissaient pas seulement aux pauvres la nourriture, mais aussi les vêtements. Saint Cypribn (Epist., v), saint Augustin (Episl., cxii.ii, 2), saint GnKGoiRE(/ff^>/, T<., IX, xxi) le recommandent expressément. S. Grégoire, dans une lettre à son sous-diacre Anthémius, se préoccupe

« de la chaussure et de la nourriture des enfants

pauvres » (Reg., I, xxxvii), et dans une autre lettre au sous-diacre Pierre, il écrit à l’occasion de la dédicace d’une chapelle consacrée à la Vierge : « Nous voulons que vous donniez, pour être distribués aux pauvres, 10 écws, A’ov^io amphores de viii, 200 agneaux, a orques d’huile, la moutons et 100 poules. Le tout sera imputé sur voscomptesr (Regist., 1, Liv, p. jg). Il n’est pas inutile de rappeler à ce propos les maximes païennes, celle-ci, par exemple, d’un vieillard de Plante : <c C’est rendre un mauvais service i un mendiant que de lui donner de quoi boire et de quoi iianger : pour soi, c’est perdre ce qu’on donne ; )onr lui, c’est prolonger sa misère r> (Plaute, Trinum., Act. 11. Se. 2). L’opinion du monde sur ce joint a été retournée, et tout chrétien admet que 1 donner au pauvre, c’est s’enrichir, parce que l’aunône couvre la multitude des péchés » (lac, y, 20)

: t (I qui donne au pauvre… prête à Dieu >>.

j’La Biisitiade ou Busiléide (SGg). — La célèbre ondation de saint Basile à Césarée de Cappadoce, à aquelle nous avons fait allusion plus haut, doit être -aentionnée à part. Elle précéda d’au moins 30 ans

« elle de Fabiola à Rome et de saint Jean Ghrysoslorae

Constanlinople. Elle dépassa si bien les cadres spétiauxdu /i/oc/(o<ro/)/iiuni, terme sous lequel la désigna l’abord saint Basile, ou du nosocomium, ou des autres tablissements déjà énumérés, que les historiens ne rurent pouvoir lui donner un antre nom que celui eBanietoi ; , sous lequel le peuple l’avait désignée dès origine. Cent ans après, elle portait encore ce nom, t gloriQait à juste titre la charité de saint Basile iozoMÈivE, Hist. ecclés.. VI, xxxiv, P. G., LXVII, . 1898). Pour l’établir, le grand évêque connut les ifticultés ordinaires à ceux qui font le bien. Sa réponse u gouverneurElie, auprès de qui s’exerçait la calomie, nous renseigne sur l’usage de cette maison bâtie n dehors de la cité et si vaste qu’elle paraissait une nouvelle ville » — « A qui donc avons-nous fait î moindre tort en construisant ces lieux de refuge, atagàgin, pour recueillir soit les étrangers qui passnt dans le pays, soit ceux qui ont besoin d’un alternent particulier, en raison de leur santé ? C’est n vue de ces derniers que nous avons établi, dans otre maison, les moyens de leur assurer les secours écessaires, des gardes-malades, des médecins, des orteurs, des conducteurs. Il a été indispensable d’y undre les industries nécessaires à la vie et les arts eslinés à l’embellir. Par là même, il a fallu consnire des pièces où l’on pût convenablement exécu ! r ces divers genres de travaux. Cet établissement it l’ornement de la cité et la gloire du gouverneur, ip qui en rejaillit l’éclat » (Basii,., Epist.xr.iv, P. G., XXII, 485). Hôtellerie, refuge, hôpital, manufacture l école inilustrielle, la H us i I iade (ul auf^’^i une lépropie avant la lettre, et l’empereur Valens. frappé’admiration en présence de cette œuvre merveilleuse,

fit à l’évêque des donations de terres dont le revenu servit à nourrir les pauvres et les lépreux. Pour éviter aux autres malades ou aux pauvres le contact des lépreux, saint Basile fut amené à construire des pavillons spéciaux et à agrandir considérablement l’édifice primitif ; delà cette immense étendue de bâtiments qui frappa vivement les contemporains et lit naître l’expression, de Basiliade. « Faites quelques pas horsdelaville, <lisaitsaint GrégoiredeNazianze à ses auditeurs en prononçant l’oraison funèbre de saint Basile, et vous verrez une ville nouvelle. C’est le lieu saint où ceux qui possèdentont renfermé leur s trésors, où sous la puissante inlluence des exhortations de saint Basile, le riche a <léposé le superllu de sa fortune, en même temps que le pauvre y apportait de son nécessaire… Ainsi nos yeux ne sont plus attristés du plus terrible, du plus douloureux des spectacles qui se puissent voir. Nous ne voyons plus ces cadavres vivants, promenant çà et là ce qu’une effraj’ante maladie leur a laissé de membres sur des troncs mutilés. Repoussés loin des villes, des habitations, des places publiques, des fontaines et de leurs amis, qui pouvait les reconnaître sous les ravages de la hideuse maladie qui les déligure ? De la forme humaine, ils n’avaient conservé que le nom ! … C’est saint Basile qui a incliné la charité vers cet excès de douleurs. .. nies embrassait comme des frères, et par ces pieux baisers, il inspirait le courage de les aborder et de les secourir » (S. Grkq. Nazianz., Oraison fan. de S. Basile, discours xliii, § 53. P. G., XXXVI, p.5’j8-579). Ces paroles, qu’aucun habitantde Césarée ne pouvait démentir, jettent un jour lumineux sur l’inspiration de la charité chrétienne et expliquent que la Basiliade ait laissé un tel renom dans l’histoire.

i’Administration des hôpitaux. — Les noms des grands évêques, que nous venons de rencontrer dans la fondation des établissements hospitaliers, nous ont déjà livré en partie le secret de leur administration et de leur fonctionnement, i » Ils étaient biens d’Eglise, tout en ayant uneexislence propre, reconnue par les Codes, et l’intervention de l’Evêque était nécessaire pour la fondation, qui devait avoir lieu d’ordinaire dans le délai d’un an, à partir du jour de la donation reçue à cet efi’et. 2" Les hôpitaux étaient exempts des charges viles et des impôts extraordinaires ; ils pouvaient hériter et acquérir librement à titre gratuit ou onéreux (Cod. Justin., I, ii, de Eccles., ig ; I, iii, de Episc, 35, ^9 ; viii, liv, de donation., 36, §3). 3° Ils ne pouvaient aliéner que les biens meubles, mais non les immeubles, bâtiments, terres ou jardins, et cela dans l’intérêt des générations avenir ; ils pouvaient cependant faire des échanges d’immeubles entre eux et avec les églises et les maisons impériales, povirvu qu’il y eût indemnité réciproque, consentement des administrations et approbation de l’évoque. 4’Les directeurs et économes étaient généralement désignés par l’évêque ; cependant le droit de nomination ou de présentation appartenait d’ordinaire aux fondateurs, sous la réserve qu’en cas d’incapacité constatée, l’évêque avait le droit de les remplacer. 5° Le cinquième concile d’Orléans (54g) recommande » en vue de l’éternelle récompense » de choisir comme directeurs des maisons de charité « des hommes capables et craignant Dieu ». Le’jo’canon arabique prescrit à l’évêque de choisir, afin d’éviter les infiuences locales souvent pernicieuses, « un des frères qui habitent dans le désert ; qu’il soit étranger à la localité, loin de sa patrie et de sa famille ». S. Grégoire le Grand recommande de préférence les religieux, afin d’assurer plus parfaitement l’exercice désintéressé de la charité. Et ce n’est pas seulement