Page:Adhémar d'Alès - Dictionnaire apologétique de la foi catholique, 1909, Tome 3.djvu/84

Cette page n’a pas encore été corrigée

155

MARIE, MERE DE DIEU

156

Schrift, Munster i. W., 1887. — A. Durand, S. J., L’enfance de Jésus-Christ d’après les é’angiles canoniques, suivie d’une étude sur les Frères du Seigneur, Paris, 1908. — B. Bartmann, Christus ein Gegner des MarienkuUas ? Freiburg i. B., 1909 (mêlé).


II. — MARIE DANS L’ANCIEXNE TRADITION PATRISTIQUE

A l’heure où se clôt la révélation du N. T..l’Eglise est en possession de documents écrits et detradilions vivantes louchant la Vierge mère. Ces documents et ces traditions se transmettront d’âge en âge, et, sous l’assistance de l’Esprit saint, leur interprétation acquerra plus de précision ; les conclusions légitimes qui s’en dégagent acquerront plus de fermeté. Tel est l’enseignement de l’Eglise.

A rencontre despréjugés qui attaquent la dévotion catholique à Marie comme le produit fantaisiste d’un christianisme sénile, il est possible démontrer, dans les prérogatives aujourd’hui reconnues à Marie, le développement légitime des données primities déj)0sccs au cœur du peuple chrétien.

A cet elTet, nous interrogerons, selon l’ordre des temps, les plus anciens monuments de la foi et de la piété clirétienne ; non pas, certes, avec la pensée d’y retrouver toutes nos croyances déjà formées ; mais bien avec l’espoir de faire toucher du doigt l’identité substantielle, depuis l’origine, de la foi catholique en ce qui concerne.Marie, et de justilierau regard des esprits non prévenus la loi de son développement. D’autres pourront conduirccette démonstration jusqu’au terme ; qu’il nous suffise de l’amorcer.

Parmi les monuments de la tradition, les plus vénérables sans contredit sont ceux que l’autoriléde l’Eglise a consacrés comme règle ollicielle de la croyance ou du culte : ceux-là nous font entendre réellement la voix de l’Eglise hiérarchique. Puis vient l’enseignement des grands évêques et des docteurs. Enlin, à côté mais au-dessous des écrits datés et signés, que recommande le caractère ou le nom de leurs auteurs, il n’est pas inutile de recueillir les textes apocryphes ou anonymes, soit historiques soit simplement légendaires, dont quelques-uns ont exercé une influence considérable, comme véhicules de la croyance populaire : c’est le cas, par exemple, du Protévangile de Jacques.

A des degrés divers, tous ces documents nous aident à lire dans la conscience de l’Eglise.

1" Tradition anténicéenno

Il convient de faire une place à part, et la première de toutes, au symbole baptismal de l’Eglise romaine, pièce catéchétique singulièrement vénérable, préservée, par sa nature même, des entraînements de l’improvisation et des actualités de la polémique ; on peut être sûr de n’y trouver que la foi aulhenlique, éprouvée, de cette Eglise et des Eglises qui recouraient habituellement à son magistère, c’est-à-dire de toutes les Eglises d’Occident.

Les témoignages concordants de Tcrtullibn (De præscriptione liæreticorum, xiii ; De yirginibus velundis, I ; Adi-. Praxean, 11) et de saint Irknke (Contra hæreses 1, x, 1 ; ni, iv, 2) nous le montrent fixé dès avant la Un du ii* siècle, et permettent d’en ressaisir la teneur. Au nombre des articles essentiels de la foi chrétienne, que tout catéchumène devait professer, figure celui-ci : Jésus-Christ né de la Vierge Marie. Cecjui se passait à Rome en l’an 200, a dû s’y passer en l’an 150 ; nous en avons pour garant saint Jlsti.n, qui n’a pas été amené par les sujets

qu’il traitait à réciter exactement le symbole baptismal, mais qui à maintes reprises rend témoignage de la même foi dans les mêmes termes (notamment I Apol.. XXII, XXXI, XXXII. xxxiii, xlvi, lxiii ; Dial. cum Tryphone Judæo, xxiii, XLiii, XLv, XLViii, l,

LVII, LXIII, LXVI, LXXV, LXXXV, LXXXVIl, C, CI, CV, CXIII,

cxxviii). Pas plus à la date de 150 qu’à la date de 200, cette alliriuation ne présente aucun caractère de nouveauté ; elle était entrée dans les habitudes du langage et de la pensée chrétienne en Occident. Et nous constaterons bientôt qu’à cet égard l’Occident ne différait pas de l’Orient. Il n’y aurait aucune invraisemblance à dater du i" siècle de notre ère le symbole baptismal romain, avec tous ses traits caractéristiques.

On trouvera dans l’Enchiridion de Denzinger-Bannwaut les variantes principales de ce symbole, tel que les citations des Pères nous le révèlent.

Donc, aussi loin que nous pouvons remonter dans l’histoire de l’Eglise mère et maîtresse, nous voyons que les candidats au baptême étaient interrogés au bord de la piscine sacramentelle : « Croyez-vous en Jésus Christ né de la Vierge Marie ? » Sur leur réponse affirmative, ils étaient marqués du signe du chrétien.

Après ce témoignage olUciel et public, recueillons les témoignages privés.

Saint Ignace d’Antiochb (-j- martyr, 107), évêque de la métropole de Syrie qui, selon la tradition, fut le premier siège de l’apôtre saint Pierre, écrit :

Ad Ei’liesins, VII, 2 : Il n’y a qu’un soûl médocin, chair et esprit, né dans le temps et antérieur au temps. Dieu inc. irnc, vraie vie dans la mort, né de Marie et de L)ieu, d abord passible et puis impassible,.lésus Christ Notre .Scifjneur. — xvui, a : Notre Dieu.lésus Clirist a été porté dans le sein de Marie, selon le plan divin, issu du sang de David et de l’Esprit saiiu… —, ix, i : Le prince de co monde ignora la virf^inité de Marie et son enfantement et la mort du Soigneur : trois mystères retentissants, accomplis dans le silence de Dieu.

Ad Tral’îaniis, ix. 1 : Fermez donc l’oreille aux discours de ceux qui vous parlent sans confesser Jésus Christ descendant de David et lils de Marie…

Ad Smyrnæoi, 1, i : Vous croyez fermement on Notre Seigneur, vraiment descendant de David selon la chair, vraiment né de la’x’ierge…

D’après ces affirmations réitérées, Jésus Christ, Fils de Dieu, est aussi en rigueur lils de David, parce que fils de la Vierge. Or saint Ignace nous a transrais l’écho direct de la prédication des apôtres, très particulièrement de l’apôtre saint Jean. Nous n’avons pas craint, pour répondre à ceux qui s’étonnent du silence de saint Jean sur l’enfance du Seigneur, de faire refluer jusqu’à lui le témoignage d’Ignace ; des textes comme ceux qu’on vient de lire nous en donnent sûrement le droit.

Avant le milieu du ii" siècle, l’apologiste athénien Akistiob présentait à l’empereur Antonin le Pieux son libelle, où nous lisons que le Fils du Dieu Très haut, par la vertu de l’Esprit saint, descendit du ciel et s’incarna dans le sein d’une fille des Hébreux, en respectant sa virginité. La rédaction grecque, conservée dans la Vie de Barlaam et Joasaph, P. G., XCVI, lui B, peut paj^aitre suspecte de retouche postérieure, à raison même de sa précision : ’tx r.v.^’iif.j K-/(a ; /i’yr.’iùi àjno’^-j ; t£ x<ti àpWpu ; Q’j.py.y. ài>é)yCt. Mais qu’on se réfère à la version syriaque, éditée par J. R. Harris et J… RoBiNsoN, Cambridge, 1891, c. XV, on constatera son accord substantiel avec le grec.

Saint Justin ({- 167, à Rome), parlant à.antonin le Pieux, I Apol., xxxiii, P. G., VI, 381, s’exprime ainsi sur la conception virginale :