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PAUL (SAINT) ET LE PAULINISME

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nettait la morl. — b) On suppose qu’il n'était arrêté

[ue par le scandale de la croix ; mais si les phari iens n’avaient eu que ce grief contre Jésus-Christ,

Is n’auraient pas créé le scandale de la croix en le

ruciliant. — t) Holsten doit aboutir en détinitive,

out comme Renan, à une hallucination de Saul. Or

ien n’est moins propre à y conduire que de froids

yllogismes. Renan l’avait senti d’instinct et c’est

lourquoi il se rabattait sur les troubles physiques

t les commotions mentales. — d) Alors même que

: s syllogismes de Holsten seraient concluants, l’ex

'érience desNewman, des Manning et des autres

onverlis, montre combien la voie du raisonnement,

our aboutir à la conversion, est longue et doulou euse. Beaucoup de ceux qui la suivent s’arrêtent

n roule et tous gardent jusqu’au dernier jour le

ouvenir très vif de ce voyage pénible qu’ils compa sntà une agonie. En saint Paul, rien de pareil.

3. Recours à ta théorie de la subconscience. — A

jtéou au-dessous de la conscience normale, il existe

Il nous des états cognitifs ou émotionnels que nous

e pouvons pas susciter à notre gré. mais qui se font

ur sous l’empire de certaines circonstances. L’al rnance de deux ou plusieurs états de conscience se

omme dédoublement de la personnalité. La sub itution permanente d’un état de conscience à l’au e, en matière religieuse, s’appelle conversion.

Dire qu’un homme est converti, c’est dire que les

ées religieuses, qui étaient autrefois périphériques

atentes ou subconscientes) deviennent centrales

onscientes) et que l’idéal religieux forme désormais

: levier habituel de son énergie. » W. Jajibs, '/lie

irietiesof religions expérience, Londres, igo4, p. 18g.

omment cela se fait-il ? Nous l’ignorons encore,

ais peut-être le saurons-nous un jour ; et, en

tendant, nous avons le phénomène similaire de

s conversions subites, dues à des causes mysté euses, qu’on nomme rei’i'ia/s.

Expliquer ohscurum per obscurius, accumuler les cmes mal définis et les phénomènes mal observés, ur se dispenser d’une explication rationnelle : éthode aussi commode que peu scientifique. Pour vivre, un état de conscience doit avoir réellement isté ; et le revival éprouvé par Saul sur le chemin Damas suppose qu’il avait été chrétien aune date térieure.

Aussi la plupart des auteurs modernes s’abstiennt-ils de tout commentaire. Ils disent, parexemple, n en un sens, toute conversion est un miracle, véritable et unique miracle qui relève de la foi… que le converti a éprouvé, il ne le connaît que came une expérience toute-puissante, et nul autre e lui ne peut le savoirni le décrire. » Wrizsabckbr, is apostolische Zeitalter^, Tubingue, igo2, p. 66. contenter d’une pareille explication c’est avouer lirementqu’on n’en a pas de bonne. Le vice radical de toutes les explications naturates est de supposer que Saul était chrétien dans a cœur, sans y songer peut-être, au moment où il llicitait la mission d’aller pourchasser à Damas les eptes du Christ. Or cette hypothèse invraisemblaiest démentie non seulement parle récit des Actes, lis par les témoignages les plus formels de Paul même. On objecte qu'à cette distance ses souves se brouillaient ; qu’il était incapable d’analyser véritable état de son âme ; qu’ayant conscience m grand changement opéré en lui, il trouvaitplus aplc d’en attribuer tout l’honneur à Jésus- Christ, as faire intervenir les causes secondes ; qu’au suris il y a dans les Epitres et même dans les Actes 5 indices de cet acheminement progressif, bien 'à peu près inconscient, vers la foi chrétienne. TOUS demandez quels sont ces indices, on vous

cite le chapitre vrideTEpître aux Romains et le mot de Jésus àSaul : Duruni est tibi contra stimutum calcitrare.

Dans l’Epître aux Romains (vu, ^-aS), l’Apôtre décrit le conllil intérieur d’un Juif harcelé par la concupiscence et mal défendu parla Loi mosaïque, qui éveille en lui la conscience du péché, mais sans lui donner la force d’en triompher. C’est l’histoire de tous les Juifs vivant sous le régime de la Loi ; ce n’est pas l’histoire spéciale de Paul, bien qu’il en ait peut-être senti plus que les autres les douloureux épisodes. Lecontlit, remarquons-le bien, n’a pas pour origine un doute quelconque sur la valeur ou l’obligation de la Loi, ni le soupçon que le système chrétien pourrait être meilleur. Au cours de la erise, l’idéal de Saul reste toujours l’observance de la Loi et il n’insinue jamais qu’il entrevoie, en dehors d’elle, un moyen de salut. Il n’a pas en vue d’attaquer la Loi, mais de la défendre, de montrer qu’elle est juste et sainte et que son échec n’est imputable qu'àla corruption native de l’homme. Tant qu’il a été pharisien, il n’a pas eu d’autre pensée. Sa réflexion finale :

« Qui me délivrera de ce corps de mort ? Grâces à

Dieu par Jésus-Christ Notre Seigneur ! » est le cri libérateur de sa conscience chrétienne. Auparavant ' cette solution ne lui venait pas à l’esprit. S’il est mieux préparé que d’autres à l’accepter, c’est là une I préparation toute négative, celle qui consiste à écarter j les obstacles.

, Mais le motde Jésus : Durum est tibi contra stimu'. lumcalcitrare (Act., xxvi, ii)n’implique-t-il pas des 1 doutes, des perplexités, des remords ? En aucune sorte. Il ne faut pas traduire : Il t’est dur de regimber contre l’aiguillon, sous peine de solliciter le texte et d’y faire entrer une idée étrangère. En grec il n’y a point de verbe (tx)/ ; oov sot tt^ô ; xëvt^k y.v.xziÇztv, calcitrare) et la double métaphore suggère l’idée d’une résistance o|Sposéeà uneforceextérieure. — /OL’sphoj risme est un conseil, iin avertissement pour l’avenir. Il revient àdire : Renonceà luttercontreplus fort que 1 toi ; ton effort serait vain. — Le sens est donc : « Mal i t’en prendrait de t’altaquer à moi ; la lutte n’est pas I égale. i> Et cela peut s’entendre soit des efforts faits

; par Saul pour exterminer l’Eglise, soit plutôt de la

résistance possible à l’appel divin qui vient d’avoir lieu. En aucun cas cela n’implique ni doute ni remords, puisque saint Paul déclare au même endroit que sa bonne foi était enlière (Act., xxvi, C)) : Et ego quidem exisiimaveram (%tïex13timavi, iôoX'> ifixvTa)meadverSHs nomen Jesu Nazareni debere multa contraria agere.

MosKK (cathol.), nie Bekehrung des hl. Pnulus, Miinster, 1907, et Ros’e, Comment Paul a connu JésusChrist (ians la lievtie biblique, 1902, p. 32 1-3^6), étudient spécialementlestroisrécits des Actes ; l’abbé BouRGiNE, Conversion de saint Paul, Paris, 1902 (collection Science et re/Z/j’ion), réfute Renan ; Stkvens, The Pauline Theologj', iVew-York, 1906, p. 1-26, critique les systèmes de Holsten et de Pfleiderkr ; Godet, Introd. particul. au N. T., Neuchàtel, iSgS, 1. 1, p. 92102, expose et combat les divers systèmes rationalistes.

a. Genëæ psychologique du panlinisme. — Le fait de la conversion n’est pas expliqué ; mais, supposé qu’il le soit, explique-t-il à son tour toute la théologie de l’Apôtre ?

I. La conversionet l’expérience religieuse. — SabaTiER (L' Apôtre Paul ^, livre V, p. 289-369) cherche à établir cette thèse : « La théologie de Paul a ses racines dans le fait même de la conversion. On peut dire que chacune de ses idées a été un fait d’expérience intime, un sentiment, avantd'ètre formulé par l’intelligence « (p. agi). Sa pensée se développe d’abord