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PATRIE

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trainte envers un autre (ci-dessus, prop. 8) ; mais elle ne l’est pas toujours par cela seul que l’on se trouve dans un de ces cas. Elle l’est toujours lorsqu’elle est le seul moyen que possède un peuple de se faire justice à lui-même ou d’exercer son droit de légitime défense.

Nous appellerons, en terminant, l’attention du lecteur sur les deux points suivants :

i) Il résulte des maximes ci-dessus que l’Eglise est naturellement internationaliste et paciliste dans le bon sens de ces deux mots. Comme, d’autre part, son pouvoir s’exerce suj- les consciences d’un très grand nombre d’hommeset que c’est sur lesconsciences qu’il faut agir pour faire prévaloir la justice, condition sine qua non de la paix, aucune institution de paix internationale ne peut être complète et complètement efficace sans le concours de l’Eglise. Et, comme l’Eglise tient l’amour de la patrie pour une vertu en même temps qu’elle réprouve l’antipatriotisme et l’humanitarisme, son concours sera, contre ceux-ci, pour l’internationalisme et le pacifisme, une très utile sauvegarde.

a) L’Kglise, quoi qu’on en ait dit (Jean de Triac, Guerre et christianisme ; Paris, Didot ; et, un peu, Vanderpol, La guerre devant le christianisme), n’a jamais réprouvé peu ni prou le métier des armes, ni considéré comme un péché en soi le fait de se battrn quand on est soldat. Non seulement elle a prêché les Croisades et canonisé Jeanne d’Arc, saint Louis, saint Maurice, — sans parler de bien d’autres qui ont fait et même déclaré la guerre, — mais, dès l’origine, elle a mis la profession militaire sur le même pied que les autres. S. Jean-Baptiste, en prêchant la pénitence, n’a aucune exigence spéciale pour elle (Luc, iii, i !, ) et N. S. Jésus-Christ maudit bien les Pharisiens, les riches, les vendeurs du Temple, mais non pas les militaires. Il n’exprime même pas à leur égard la suspicion qu’il marque à l’endroit des pulilicains. Il ne les range pas, avec ces derniers et les prostituées, parmi les pécheurs notoires et professionnels qui entrerontavant lesjuifsincrédules dans le royaume des cieux. Il guérit le serviteur du centurion et admire publiquement la foi de celui-ci sans un mot de restriction sur sa profession. Dans l’empire romain cependant, où vécurent S. JeanBaptiste et Notre-Seigneur, le métier des armes différait notablement de ce qu’il fut dans la chrétienté au temps de la chevalerie et de ce qu’il est maintenant, au temps de la nation armée. Employé à toutes les besognes de la force, auxiliaire du tortionnaire et du bourreau, instrument de guerres civiles incessantes, mercenaire de la politique, le soldat devait subir la plupart du temps, dans sa moralité, des déformations auxquelles il a pu, le plus souvent, échapper dans les armées féodales et dans la chevalerie, comme il y échappe dans les armées modernes (voir Léon Gautier et J. Rambaud, op. cit. à la bibliog. et cidessus. Paix et Guerbb, col. 1270).

IV. Bibliographie. — Nous indiquerons ici, non pas tout ce qui a été écrit sur les questions dont nous venons de parler, — ce serait dresser le catalogue d’une bibliothèque, — mais les ouvrages utiles à connaître et à consulter pour se documenter convenablement sur ces questions. La plupart d’entre eux en traitent plusieurs, quand ils ne les abordent pas toutes. Nous suivrons donc simplement l’ordre alphabétique, en indiquant sommairement, toutes les fois que nous le croirons utile au lecteur, le caractère de l’ouvrage et les questions pour lesquelles il convient surtout de s’y reporter. Augustin (St), Lettre au comte Bonifacius, P.L., t. XXXIII, p. 854 (Sur le métier des armes). —

Barrés (Maurice), Les Amitiés françaises, Paris, Emile Paul, i vol. Scènes et doctrines du nationalisme, ibid., I vol. Les déracinés, ibid., i vol. L’union sacrée, ibid., i vo. — Bonald (de). Théorie du poui’oir, a vol. Législation primitii’e, 2 vol. — Brdnktièbb (F.), Discours de combat ; Paris, Perrin, i yo. ; Lettres de combat ; ibid., i vol. ; Questions actuelles ; ibid., I vol. (Très utile sur l’idée de pairie, le pacitisme, l’internationalisme. L’auteur est vigoureusement nationaliste). — Cepeda (R. de), Eliments de droit naturel ; Paris, Retaux, i vol. (catholique). — Comte (Auguste), Politique positive ; 1 vol. Paris. — CoiNtenson (L. de). L’avenir du patriotisme ; i vol. Paris. — Delassus (Mgr), Le problème de l’heure présente ; 2 vol. Lille, Desclée (Abondante documentation sur la Francmaçonnerie et l’humanitarisme). — Devas, L’Eglise et le Progrès du Monde, trad. Folghera ; I vol. Paris, Gabalda, 1909 (catholique). — Deville (G.), Principes socialistes ; 1 vol. Paris, Giard. — Encycliques de : Pie IX, « Quanta cura » et Syllabus ;

— Léon XJll, <i Ilunianum genus » sur la FrancMaçonnerie ; « Jmmortale Dei », sur la constitution chrétienne des Etats (adde : Lettre o Præclara gratulationis » aux princes et aux peuples de l’univers) ; — Pie X, « Pascendi dominici gregis » sur le modernisme (cosmopolitisme kantien) ; — Benoit XV. (Toutes ces encycliques sont indispensables à relire. On les trouve à la Maison de la Bonne Presse, à Paris.) — Faguet (E.), f.e pacifisme ; I vol. Paris, 1908 ; Les dix commandements :

« Tu aimeras ta patrie « ; brochure, Paris, Sansot.

— Fovii, LéK(K.), Humanitaires et libertaires ; i vol. Paris, Alcan. — FovRyiÈRE(}i.), L’idéalisme social ; I vol. Paris,.-Vlcan (humanitariste). — Fribouho, L’association internationale des travailleurs ; i vol. Paris (socialiste). — Gautier (L.), La chevalerie ; I vol. Paris, Palmé (surtout le chapitre i pour ce qui a trait au métier des armes et à la guerre devant le christianisme). — Gibier (Mgr C), Patrie ; 1 vol. Paris, 1920(UtiIe exposé de la morale catholique). — Goyau(G.), L’idée de patrie et l’humanitarisme ; vol. Paris, Perrin, igo3 (Abondante documentation et bibliographie sur l’humanitarisme, le socialisme et la Franc-Maçonnerie en France de 1866 à 1901. Indispensable à consulter. Vigoureusement nationaliste). La Franc-Maçonnerie en France ; brochure, ibid. — Haideggbh (Wendelin), Der nationale Gedanhe im Lichte des Christenthums ; i vol. Brixen, 1900 (catholique ; nombreux textes des Pères et des théologiens). — Hamon, Patrie et internationalisme ; 1 vol. Paris, 1896 (humanitariste radical). — Jaurès (Jean), Action socialiste ; 1 vol. Paris. La nation armée ; I vol. Paris. — Jbllinf.k (O.), Das Recht des modernen Staates : Band I : Allgemeine Staatslehre ; I vol. Berlin, 1906. — Johannet, Le principe des Nationalités ; i vol. Nouvelle Librairie Nationale, Paris, 1920. — Kant (Emmanuel), Projet de p/iix perpétuelle. — Legrand (Louis), L’idée de patrie ; vol. Paris, Hachette, 1899 (Philosophie du patriotisme dans un esprit nationaliste). — Loria (Achille), Les bases de la justice internationale ; I vol. Paris, Alcan (Publication de l’Institut Nobel.

— Paciliste), — Lemaitrb (Jules), Opinions à répandre ; Paris, Oudin, i vol. (Très utile). — Marx (Karl), Le Capital : i vol. Paris, librairie du Progrès. — Naqubt, L/humanité et la patrie ; 1 vol. Paris, Stock (humanitariste radical). — Novicow, La fédérationde l’Europe ; i vol. Paris, Alcan, igoi (humanitariste). — Passv (F.) et divers : La paix et l’enseignement pacifiste ; i vol. Paris, Alcan (Pacifiste humanitariste). — Pbrin (Ch.), L’ordre