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PATRIE

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la Haute- Banque, le socialisme international et la Franc-Maçonnerie, coipme éminemment aptes à opérer dans le sein de toutes les nations le travail de dissolution nécessaire au triomphe d’Israël. La Franc-Maçonnerie universelle est, à son tour, le centre, reconnu ou ignoré, d’un certain nombre de sectes humanitaires plus ou moins secrètes, soit dans leur doctrine (ésolérisme), soit dans leur organisation agissante, et qui, sous les apparences de la philanthro [iie, de la science, voire même de croyancesspiritualistes (ttiéosophie, spiritisme, occultisme) parfois élevées et généreuses à certains égards encore que dérivées de très vieilles erreurs (panthéisme, naturalisme, animisme, dualisme, métempsychose, nécromancie), venues de l’Asie par emprunts modernes (à l’hindouisme, au brahmanisme, au bouddhisme ) ou par tradition dans les sociétés secrètes (gnostiques, manichéens, albigeois, templiers, etc.), tendent en réalité à la subversion des sociétés chrétiennes, à la destruction de l’Eglise catholique et à la restauration du paganisme, non seulement dans les idées, dans les mœurs et dans les institutions politiques, — ce n’est hélas I déjà que trop fait ! — mais encore dans le domaine religieux et cultuel.

Les papes ont signalé depuis longtemps la Franc-Maçonnerie comme le centre de cette conjuration antichrétienne. Il A notreépoque, écrit Léon Xllldans l’encyclique Humanum genus(io avril 1884), les fauteurs du mal paraissent s’être coalisés dans un suprême effort, sous l’impulsion et avec l’aide d’une société répandue en un grand nombre de lieux et fortement organisée, la société des Francs-Maçons… Le péril fut dénoncé pour la première fois par Clément XII en 1^38, et la constitution promulguée par ce pape fut renouvelée et conlirmée par Benoit XIV. Pie VII marcha sur les traces de ces pontifes et Léon XII, renfermant dans sa constitution Quo graviora tous les actes et décrets des précédents papes sur cette matière, les ratilia et les conCrma pour toujours. Pie VIII, Grégoire XVI et, à diverses reprises. Pie IX, ont parlé dans le même sens… Il existe, dans le monde, un certain nombre de sectes qui, bien que différentes les unes des autres par le nom, la forme, les rites, l’origine, se ressemblent et sont d’accord entre elles par l’analogie du but et des principes essentiels. En fait, elles sont identiques à la Franc-Maçonnerie, qui est pour toutes les autres comme le point central d’oii elles procèdent et oii elles viennent aboutir… Il s’agit pour les Francs-Maçons, — et tous leurs efforts tendent à ce but, — il s’agit de détruire de fond en comble toute la discipline religieuse et sociale qui est née des institutions chrétiennes et de lui en substituer une nouvelle, façonnée à leurs idées et dont les principes fondamentaux et les lois sont empruntés au naturalisme. Tout ce que nous venons de dire ou dirons par la suite, se doit entendre de la secte maçonnique envisagée dans son ensemble, en tant qu’elle embrasse d’autres sociétés qui sont pour elle des sœurs et des altïées. »

La Franc-Maçonnerie et les sectes qui s’y rattachent ont toutes, vis-à-vis de la patrie et du patriotisme, l’attitude que nous avons décrite ci-dessus en traitant de l’humanitarisme. Toutes elles ne diffèrent en ce point que par leurs idées sur la forme politique et sociale que doit prendre, au terme de son devenir, le dieu-messie Humanité. Les uns rêvent d’une théocratie panthéistique organisée en république ou en empire ; les autres, simplement de la fusion de tous les Etats du monde en un seul Etat, démocratique ou monarchique, unitaire ou fédéral. Les plus logiques envisagent l’avènementfutur, sinon prochain, de l’anarchie absolue : l’humanité, deve nue parfaite en elle-même et dans chacun de ses membres, n’aurait plus besoin de chefs ni de lois, tous et chacun faisant toujours, sans erreur ni faute, tout ce qu’il y aurait de meilleur à faire. Ce serait le paradis s ur terre. (Voir les auteurs cités plus haut à propos de l’humanitarisme spéculatif ; NxQUET.op. cit. ci-après, bibliog. ; citations nombreuses dans GoYAU, op. cit., notamment celles de Rayot, p. xvii ; Fauvety, p. 3’j ; Jean Macé, p. 5^ : « La maçonnerie de tous les pays ne fait qu’une grande famille, au sein de laquelle on ne connaît qu’une patrie, l’humanité, dont tous les membres doivent se sentir solidaires d’un bout de la terre à l’autre i), et 170 ; François Favre, p. 92 ; Véricel, p. 98 ; adde, ibid., p. 107 et s. ; 343, n. 3 ; 3^6 ; 38^, n. 2.)

Le pacifisme doit être distingué avec soin des internationalisnies pratiques dont nous venons de nous occuper. Il est, sans doute, utilisé par eux et un bon nombre de ses organisations travaillent sous leur direction et à leur profit ; mais quelques-unes en demeurent indépendantes et il ne mène ni ne se rattache nécessairement à l’humanitarisme, à l’antipatriolisme ou à l’antimilitarisme. Son but étant d’ailleurs excellent en soi et tout à fait désirable, l’attitude qui semble convenir aux catholiques à son égard est celle d’une sympathie prudente et d’un zèle « secundura scientiam ».

On appelle pacifisme l’ensemble des théories et des activitésqui tendent à établir dans le monde un état de paix aussi général, aussi complet et aussi durable que possible, en agissant sur l’opinion publique (presse, conférences, congrès) et sur les gouvernements (élections, politique, diplomatie), pour substituer, par divers moyens (traités, conventions, alliances, institutions inter ou supra-nationales telles que la Conférence de La Haye naguère ou, depuis 1919, la Société des Nations), un mode juridique (loi.jugement )au mode politique (négociations, guerre) jusqu’ici presque seul en usage pour le règlement des relations ou des différends entre les Etats ou les nations.

Le pacifisme est donc conforme, en soi, à la mission, aux vœux et à l’œuvre de l’Eglise catholique. II est compatible, en soi, avec le patriotisme et le nationalisme. Il n’implique, en soi, aucune prééminence de tel régime politique ou social sur tel autre.U peut donc être approuvé et secondé par les catholiques et les patriotes de toute opinion, pourvu seulement qu’on le dégage des éléments parasites que l’on y a trop souvent mêlés (démocratisme, socialisme, maçonnisme, humanitarisme, humanisme, naturalisme, etc.) et des méthodes compromettantes ou dangereuses adoptées par certains pacifistes dans leur propagande ou préconisées par eux pour l’établissement de la paix (désarmement unilatéral, antimilitarisme, antipatriotisrae, défaitisme, falsification de l’histoire ; dénigrement des vertus patriotiques et militaires, telles que l’obéissance, l’abnégation, le mépris du danger, de la souffrance et de la mort, le sacrifice pour autrui ; excitation des instincts contraires, etc.).

Il n’y a malheureusement pas beaucoup de pacifistes, même parmi les pacifistes chrétiens, qui aient su, en collaborant avec les autres, se garder suffli samment de ces erreurs et de ces compromission ». (Voir les ouvrages cités à la bibliog.)

Parmi les formes de l’internationalisme, il faut enfin ranger le catholicisme. Nous lui consacrerons le dernier paragraphe de cet article.

3* Le Catholicisme. — Que l’Eglise soit une

« internationale », cela résulte du seul fait que son

Fondateur l’a organisée en société, lui a donné la terre entière pour domaine et l’a chargée d’exercer,