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PARABOLES DE L’EVANGILE

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out l’Ancien Testament, dont l’iiisloire n’est guère |ue le récit des « faveurs » faites par Dieu au peuple lu. 2' Sens du texte. — « ) S’il y a une chose certaine, est que les paroles de Jésus-Glirist, qu’elles soient u non rapportées à leur place chronologique, ne auraient s’eiilendre des effets de son enseignement ar paraboles. U’abord, ce n’est pas ce qu’on lui a (mandé. A la question précise : n Pourquoi leur arles-tu en paraboles ? » il répond : « La raison pour iquelle je leur parle en paraboles, c’est que voyant, s ne voient point ; entendant, ils n’entendent ni e comprennent. » Matlh., xiii, 13. Il s’agit d’une isposilion delà foule qui est antérieure a>i chaiigeleiil d’attitude de Jésus à son égard. Celte dispotion est précisément la cause ou motif qui a déleriné ce changement. Parce que, jusque-là, la foule a i les œuvres de Jésus sans com|)rendre qu’elles ablissaient ses prérogatives divines ; parce qu’ils jt entendu ses discours simples et clairs, sans en métrer le sens, préférant s’attacher à leurs idées ^arnelles et mondaines au sujet du Royaume des iux, le Christ décide de leur parler désormais en .rabotes.

Qu’est-ce à dire ? Certes, ce nouveau mode d’en ignement n’apportera pas un surcroît de clarté,

lisque de sa nature il est moins clair, et même

scur. La parabole toute seule, sans explication,

lie qu’elle se présente pour « ceux du dehors o

'arc, IV, 1 1), est, en délinitive, une soustraction de

uière. Les disciples seront mieux partagés. D’où

jnt celle différence ? De deux causes distinctes,

lis corrélalives. D’abord, du don d’en haut, qui a

! fait gracieusement aux disciples, celui de connaî
; les mystères du Royaume des cieux ( ijatlli., xiii, 

l’j ; cf. XI, 20). Ensuite, de la correspondance à la

àce divine. Cette correspondance a fait défaut dans

plus grand nombre de ceux que l’Evangile appelle

a foule ». A cause de cela, chacun est traité main laiit d’après ses dispositions antérieures. Car ici

?toul se vérilie le proverbe. « A celui qui a, on

nnera, et il sera dans l’abondance ; mais à celui

i n’a pas (ce qu’il devrait avoir), on enlèvera

: me ce qu’il a. >< Les disciples progresseront dans

connaissance des choses du Royaume des cieux,

idis que les autres perdront le peu de vérité qu’ils

aient acquis. C’est la régression formulée dans

liage : Qui n’avance pas, recule.

'i) Saint Matthieu cite expressément (saint Marc

iaintLuc implicitement) un passaged’Isa’ie(vi, gi<)),

i, par manière de formule, revient deux fois ail , rs dans le Nouveau Testament, pour caractériser

l’euglement des Juifs. Jean, xii, ^^y-^io ; Ârl., xxviii,

17. (Sur l’aveuglement des Juifs, il faut encore

; Hoin., XI, 7-10 ; Il Cui, iii, 14-16.) Certes, le texte

prophète est dillicile à entendre « rf litlerani. Que

ur l’expliquer on fasse a|)pel à la mentalité des

nites et aux propriétés de la langue hébraïque ;

on dise que la parole d’isaïe ne devait pas être la

e, mais seulement l’occasion de l’endurcissement

J Juifs ; qu’on ajoute que son message devenait

; uglaiit et assourdissant [>ar son évidence même, 

il endurcissait en se faisant plus pressant, soit ;

is là n’est pas l’important dans le cas qui nous

iupe. La citation vise ici le résultat obtenu, qui

le mcinc de part et d’autre : au lem|is de Jésiis rist, comme à l'époque d’Isaie, les Juifs s’obsli nt à ne pas voir et à ne pas entendre (cf. Jedii et

tes, l. c.) ; niais ils ont bien pu aboutir à cet eiidur sement par des voies différentes. Or, c’est un fait

e les trois évangélistes s’accordent à représenter

meuglement des Pharisiens, de tous les auditeurs

jerliciels, négligents et lâches, "non pas comme

résultant de la lumière projetée dans leurs jeux malades, par l’enseignement en paraboles ; mais, au contraire, comme un effet des conditions moins favorables faites désormais à « ceux du dehors ». La parole capitale est celle qui se lit dans saint Matthieu, xiii, 1 1, dans saint Marc, iv, 1 1, dans saint Luc, viii, 10. Dans l’hypothèse de paraboles d’une clarté limpide, on ne comprend plus pourquoi, dans l’intimité, les disciples en sollicitent l’explication. Et qu’on ne dise pas qu’ils n’ont interrogé le Maître qu’au sujet de la parabole du Semeur. Le texte grec (Marc, iv, 10) porte qu’ils « l’interrogèrent sur les paraboles ». En outre, ils demandent expressément le sens delà paraliolede l’ivraie. Enlin, saint Marc, IV, 33-34, dit d’une façon générale que le Seigneur leur « adressait la parole en de nombreuses paraboles semljiables, selon qu’ils jiouvaient comprendre, et il ne leur parlait pas sans parabole, mais, en particulier, il expliquait tout à ses disciples ». Lue dans son contexte, l’incidente proul nuteranl uudire prend un sens bien détlni, elle veut dire :

« selon leurs dispositions ». C’est le commentaire

deRlALDONAT : « Idem ergo est prout poterant audire, ac si diceret : prout digni erant. » Le docte interprète dit, il est vrai, que de son temps la plupart des auteurs entendaient ce passage de la condescen-' dance avec laquelle Jésus-Christ se mettait à la portée de ses auditeurs. Nous sommes dans l’imiiuissance de contrôler l’assertion, mais on peut supposer ([ue ces auteurs voulaient parler des jiaraboles en général, plutôt que des paraboles énigmatiques, dites dans la barque, sur les bords du lac.

3° Comment, lire traditionnel. — L’exégèse que nous venons de faire est celii' de tous les anciens, de S. Irénée à S. Thomas.

Plus que tout autre, S. Irénéb a insisté sur l’obscurité des paraboles (voir ci-dessus, col. 1669). Ailleurs, bien qu’incidemment, il rattache l’aveuglement des Juifs à ce mode d’enseignement. « Et qua ratione Dominus in parabolis loquebatur, et cæcitatem faciebat Israël, ut videnles non vidèrent… » Adv. Huer., IV, xxix, 2 ; P. G., VII, 1064. Dès lors, on voit à quoi se réduit la comparaison dont il se sert dans le paragraphe précédent, où il compare Dieu au soUil qui éclaire ou aveugle les yeux, selon qu’ils sont sains ou malades.

S. Thomas, Sam. theol., p. III, q. xlii, a. 3 ; Comm. in Malth., xiii, résume ses devanciers, tant grecs que latins, en s’inspirant surtout de S. Augustin, auteur supposé des Qaæst. septeindecim in Mallltæum, q. XIV, I ; /'. /,., XXXV, 1372 ; cf. Tract, in J « annem, xii, 37-40. S. Thomas ramène à deux les motifs qu’avait Jésus-Christ de dire les paraboles du lac : cacher les mystères aux indignes et instruire les simples. D’ailleurs, il n’expliquepas comment renseignement par paralioles [louvait atteindre ce double but. Le saint docteur s’attache surtout à justifier devant la raison le décret divin de réprobation, qui pèse sur les Juifs. « Solvit Augiislinus. Possuiuus dicere : hoc quod oxcæcati sunt, ex præcedentibus peccatis ineruerunt. » / « Afaltli, xiii, 15.

A son ordinaire, S. Chhvsostomb (In Matth., xiii, 10 ; homil. xi-v, i-a, />. fi., LVIIl, /, -]i- ! , -&) insisté sur les responsabilités du libre arbitre. Il convient que Jésus-Christ a recouru à la parabole énigmatique pour punir les mauvaises dispositions des Juifsmais, en même temps, il tient à écarter d’avance l’objection de l’ironiste grec, qui ne manquerait pas de demander si le Christ avait parlé pour ne pas être compris. Dans ce cas, répond le polémiste, il n’avait qu'à se taire. S’il a parlé, c’est assurément pour instruire. Mais, à cet effet, il n’est pas nécessaire de tenir un langage qui se passe de toute