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mœurs nn jugement suprême el le plus solennel de tous » (c’est le cas du Concile œcuménique, où ils jugent avec leur chef), o lui même toutefois, comme Doclcui' de tous les chrétiens, par lequel Pierre parle et juge etc., peut à lui seul trancher les controverses par une sentence absolument iriéformahle, et les tranche ainsi quand il délînit ex cathedra. Ses constitutions, indépendamment de la sanction d’un pouvoir quelconque, ont vine telle force j » roy7 ; e, qu’elles sont rcgie de ce qu’il faut croire, et faire, et qu’elles ohl geiit réellement tous sans excei)tion. non seulement devant l’Eglise (au for extérieur) ma is encore rfcenn^A/ip » (dans leur conscience) ». Ibid., col. i^.'i. — On ne peut allirmer plus explicitement la doctrine quisera délinie au grand Concile, quinze ans plus tard.

3" Les grandes réunions d'évêques à Rome. — Aux conciles provinciaux, ajoutons un autre genre de groupements épiscopaux, les assemblées à Rome d'évêques de toute nation en trois circonstances solennelles, et les témoignages de leur pensée commune sur l’inf lillihilité pontilicale.

1) La premit’re de ces circonstances fntla définition de l’Immaculée Conception, en 1854. Pie IX avait in ité assez longtemps d’avance, pour y assister quand elle pourrait avoir lieu, les cardinaux étrangers et près de quarante évêques des diverses nations, comme ses liotes ; et bien d’autres évéqnes vinrent alors à Rome de leur propre mouvement. Le Pape les consulta tous ensemble, au Vatican, à propos de la bulle déjà préparée ; il y eut (pialre réunions, où assistèrent d’abord au moins 80. et ensuite lao évêques. Ihid.. co. 829 sq., 833. Ces assemblées d'évè(pies fournirent d’utiles remarques, notamment sur la manière de présenter les arguments scripturaires pour le privilège de l’Immaculée, indiqués dans la bulle : on en tint compte dans sa rédaction délinitive ; ibid., 831.

Mais un incident surtout nous intéresse. Deux évêques. l’un italien, l’autre frança-s. demandèrent

« s’il ne conviendrait pas de mentionner dans la

bulle non seulement le désir, mai'^ encore le jugement de l’Episcopat, ce qui donnerait à la délinition une plus grande autorité extrinsèque et servirait à réfuter les objections que les incrédules ne manqueraient pas de faire ». Mais l’assistance n’approuva point cette addition, et un évêqiie répondit au nom des autres : u Nous n’avons pas été convoqués à un concile : nous ne sommes donc nullement dans le cas où, d’après le droit ecclésiastique, nous aurions à porter un jugement dogmatique. Comment donc mentionner dans la bulle un jugement qui n’aura pas été porté '.'Et pviis, dans quel butinterviendrail le jugement des évêques ? Pour faire connaître la foi de nous tous ? Mais, sans parler de notre présence ici, qui à elle seule suffirait à montrer nos senti ments, la foi de l’Episcopat au privilège de Marie n’est-elle pas surabondamment prouvée par nos répoi ses au Saint-Père, qu’il a pris soin de faire imprimer ? » Ibid., col. 83a. Il faut se rappeler ici que Pie IX avait écrit de Gaëte. en 18^9, à chacun des évêques du monde catholique, leur demandant de lui répondre avec soin sur la dévotion de leurs fidèles à l’Immaculée Conception, et surtout sur leur propre pensée à ce sujet, sans négliger de faire invoquer le Saint Esprit par des prières publiques. Or, en 1854, il avait déjà reçu 603 longues réponses épiscopales, et il les lit imprimer en neuf volumes, dont il distribua des exemplaires aux évêques qui venaient à Rome : et 546 de ces réponses supjiliaient le Pontife de définir le plus tôt possible, par un jugement du Siège Apostolique, a Conception inimacnlée de la 'Vierge. Ibid., col. 8a8,

Revenons à l’assemblée de Rome el à l'évêque interprète du sentiment commun, qui Unit ainsi sa réplique : oSi le Pontife seul prononce la délinition, suivie par l’adhésion spontanée de tous les Udèles, son jugement, par le fait même, démontrera le don d’inerrance que le Christ a octroyé à son Vicaire, en même temps que la suprême autorité de l’Eglise enseignante. Si l’on fait, au contraire, intervenir le jugement des évêques dans la délinition, non seulement on n’obtiendra pas le même avantage, mais le S. Siège semblera flatter des opinions surannées et depuis longtemps mat famées dans l’Eglise (les opinions gallicanes). Soj’ons donc reconnaissants envers le sage Pontife qui, i)0ur le bien de toute l’Eglise, a décidé de prononcer seul la définition qui comble nos désirs. » Ibid., 833.

2) La deuxième réunion d'évêques eut lieu pour la solennelle canonisation de nombreux martyrs japonais, en iSOa.Pie IX venait d'être spolié d’une grande partie de ses E’ats ; devant les appétits croissants de la Révolution, on se demandait s’il pourrait rester à Rome. D’après la loi ecclésiastique, les évêques compris dans une certaine zone devaient venir à' Rome avant toute canonisation projetée, pour donner là-dessus leurs suffrages avec les cardinaux présents, et, quand il y avait lieu, assister aux fêtes ; la coutume était d’inviter avec eux les autres évêques d’Italie. Mais cette fois on ]>révoyail l’impossiliilité d’avoir un nombre convcnal)le d'évêques italiens : la plupart étaient comme retenus captifs par le gouvernement usurpateur ; d’aulresne pouvaient pas quitter leur troupeau en des temps si troviblés. Pie IX. magnanime et confiant en la Providence, eut l’heureuse inspiration de faire inviter par lettre, en janvier 1862, chacun des évêques du monde catholique à venir ]>rendre part aux déli’bératioiis du mois de mai sur la canonisation, puis aux fêtes. Aussilôt la |ire^se hostile, aidée par les furieuses déclamations du parlement de Turin, accuse le Pontife de noirs complots contre l’unité et la liberté de l’Italie, et pousse les princes à interdire à leurs évêques le voj’age de Rome ; du reste, sans succès. Ibid., col. 851-854.

Ce qui nous intéresse pour le moment, ce n’est pas la fête magnifique de la canonisation, avec une immense aflluence d'évêques de tous pays : c’est leur adresse au Saint-Père préparée et signée par eux chez le cardinal Wiseman (ibid., col. S^g), puis présentée par eux au Vatican, le lendemain de la fête, et lue en leur nom par le doyen du Sacré-Collège. Cette adresse roule principalement sur le pouvoir temporel du Pape, dont ils affirment ensemble, comme ils avaient déjà fait séparément, la légitimité, l’institution providentielle el la nécessité. Mais elle contient aussi une assez claire adhésion à Vinfailliliilité pontificale : » Nous venons unanimement déclarer… que du fond de l'âme nous adhérons à tout ce qu’un autre Pierre a enseigné… Vous êtes pour nous le maître de ta saine doctrine, le centre de l’nnié, la lumière indéfectible préparée au.x nations par la divine Sagesse… Quand vous parlez, c’est Pierre que nous entendons, quand vous commandez, c’est au Christ que nous obéissons. » Ibid., 883. Et vers la fin : « En présence de Marie, à qui en ce lieu même vous avez décerné solennellement le titre d’Immaculée, … en présence de ces saints, qui viennent d'être inserils par lOtre jugement suprrme au catalogue des habitants du ciel…. nous, Evêques, pour que l’impiété ne feigne pas de l’ignorer ou n’ose pas le nier, nous condamnons les erreurs que fotis ave : condamnées », etc. — Celte adresse est signée de plus de 260 cardinaux et évêques : unlrè » grand noiùbre de la France, un bon nombre de