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PAPAUTÉ

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question, ayant lu avec soin les décrets d’Alexandre VIII el la bulle Aitctorem fidei de Pie VI, ne peuvent nullement être dans la bonne foi reijuise par la S. Coiifjrégation en 1820 et 1831… « — La Pénitencerie réitère sa réponse, et ajoute : « Les prêtres dont il s’agit peuvent cire ilans la bonne foi, et il est juste que le confesseur les croie quand ils allU-ment leur bonne t’ol, à moins que les circonstances, dans un cas particulier, l’amènent à juger autrement. » Voir les textes dans Bouix, Triidatiis de Papa, 186g. t. ii, pp. 256-258j les commentaires qu’il y ajoute ont un peu de cette exagération que l’on remarque chez quelques autres zélés défenseurs des droits du Saint-Siège, quand ils parlent des anciennes condamnations romaines de la Oéclaralion de 1682. Voir Gallicanisme, coll. 266268, surtout sur Alexandre Vlll et sur la bulle Auctnrom fidei, et notre résumé de l'épilogue de cette bulle, col. 1516.

Lamknnais avait commencé en 1819 une campagne contre le gallicanisme. En 1826, tandis que le sacre de Charles X et autres mesures en faveur de la religion étaient présentés par les libéraux comme un complot de la « Congrégation » et un triomphe du

« parti prêtre », le violent polémiste les présentait, 

lui, comme une tendance à asservir l’Eglise, comme une coopération du roi à un essai de schisme et d’Eglise nationale, — tout cela parce que la magistrature de Paris, trcsindépendantedu gouvernement, avait dit dans un arrêt que la Uéclaralion de 1682 était toujours loi de l’Elut, et parce que Mgr Frayssinous avait renouvelé pour les prolesseurs des séminaires l’obligation <renseigner les tpiatre articles. Les articles de 1682 étaient pour Lamennais un n système athée », tendant à « anéantir la société humaine ». Cette outrance irrita et les libéraux et le gouvernement, et le clergé gallican qui reprocha à l’auteur de l’Essai sur l indifférence ses erreurs philosophiques et tbéologiques. Presque seuls, les jeunes prêtres battaient des mains. Ce clergé de l’avenir rendait quelque espoir à Lamennais, découragé par le silence de Lkon XII, qu’il eût voulu conduire ; > une condamnation de la Déclaration de 1682 ; cf. Paul DuDON, l.itmennais el le Saint-Siège d’après des documents inédits, 1 911, pp. 33-43 ; 60 sq. Bientôt les pamphlets de ce prophète des temps nouveaux, à force d’attaquer le gouvernement et le vieux clergé, tournèrentau libéralisme révolutionnaire. yfc(V., pp.' ; 2-80. — D’autre part. les évéques gallicans n’avaient jamais cessé d'être attachés au Pape, comme Bossuet luimême ; plusieurs, en causant avec le nonce, renonçaient de bon cœur aux trois derniers articles de 1 682 (y compris le quatrième, contre l’infaillibilité pontificale), désireux seulement de garder le silence sur le premier : le pouvoir du Pape sur le temporel des rois heurtait trop les idées françaises. Ihid., p. 82.

Quand commence la monarchie de juillet, Lamennais a moins à exagérer pour représenter le nouveau régime comme un système antireligieux ;.mais que lui oppose-t-il ?Le droit de révolte, la liberté absolue de la presse, le principe de la séparation de l’Eglise et de l’Etat ; il craint moins le désordre et l’anarchie menaçante, que les abus de pouvoir dans les gouvernants, civils el même ecclésiastiques. Il donne à ces thèses un grand retentissement en fondant VAvenir. Mais ce n’est point ici le lieu de parler de ce journal fameux, ni du pèlerinage de Lamennais à Rome, ni de sa soumission première à l’Encyclique sous l’influence de ses disciples, suivie de fot mules inquiétantes et enûn de sa suprême révolte. Jliid., p. 110 sq., 213 sq. Disons seulement que GuéGOIRB XVI, paternel envers un génie dévoyé mais parti de bonnes intentions et méritant, n’avait relevé de ses erreurs que les plus dangereuses dans l’ordre

pratique, et sans te nommer, et à la Un d’une longue encyclique où le Pape n’avait pas ménagé les adversaires, ceux que Lamennais avait justement combattus. Ihid., p. 18g sq., 381j sq.

Notons aussi que le mouvement lancé par lui pour l’infaillibilité du Pape contre les gallicans fui heureusement continué par bien des disciples, célèbres ou obscurs, conscients ou inconscients, du puissant initiateur.

c) La seconde liépithlique et le second Empire. — Ce que nous avons à en dire rentre dans la section suivante.

E. Progrès de la doctrine infaillibiliste dans le monde catholique dès le début dn pontificat de Pie IX. — Ce progrès tient surtout à deux causes nouvelles. La première est la dévotion croissante des lidèles à la Papauté, grâce aux qualités personnelles de Pie IX el à ses malheurs : elle est très connue, et plusieurs documents que nous aurons à citer eu rendent témoignage. La seconde cause, assez ignorée el pins ellicace, c’est l’action de l'épiscopat, soit dans les conciles profinciaujc, rélîtblis sous l’induence de Pie IX, soit dans les grandes réunions rt'évêques à Home en quelques circonstances solennelles. Ces groupements passagers d'évéques, et surtout les décisions prises par eux, sont des événements ecclésiastiques qui, malgré leur importance réelle, n’intéressent pas le grand public. El pourtant, c’est eux qui expliquent historiquement la délinttion de l’infaillibilité pontificale au concile du Vatican, dont tout le monde a parlé el parle encore. Sans ces actes épi scopaux, déroules au cours dn Ion g règne de Pie IX, on ne peut comprendre, dans le grand Concile, cette majorité d'évéques demandant à traiter la question de l’infaillibilité, qui n'était pas dans le programme, et arrivant à la délinir. On va chercher une explication boiteuse dans les passions des membres du Concile, dans des articles de jcmrnaux, nu même dans une pression pontificale qui aurait enlevé aux évéques la liberté nécessaire, et qui n’a existé que dans l’imagination du schismaliqne Docllinger. Et l’on néglige la cause réelle el profonde, la certitude de l’infaillibilité pontificale chez un grand nombre des évéques, acquise longtemps avant le Concile, augmentée encore par le spectacle des malentendus et des confusions d’idées de la minorité et de ses partisans an dehors ; sans oublier la grâce du SaintEsprit, qvii a son heure dans tous les Conciles œcuméniques. — Sur les diverses espèces de conciles, voir Conciles, col. 588 à 5gi.

i" I.e rétablissement des conciles provinciaux en France, — L’Allemagne avait déjà repris des assemblées d'évéques, mais hors la forme conciliaire. La France eut une certaine initiative pour le rétablissement des conciles provinciaux en Eurofie, el c’est pourquoi nous commençons par elle (tout en donnant la palme aux Etats- t’nis : i" concile prov. de Baltimore en iSag ; voir Coll. Lacensis, t. VII, col. lOO.S).

En mars 18^i, Mgr Affrk, archevêque de Paris, pour s'être cn’endu par lettres avec ses sulTragants, fut blànié par le ministre des cultes au nom dn /<= article or « anii/ue. ainsi conçu : « Aucun concile national ou métropolitain, aucun synode diocésain, aucune assemblée délibérante, n’aura lieu sans la permission expresse du gouvernement. » Il protesta contre l’extension inouïe que le ministre donnait à cet artiete déjà odieux par lui-même, et envoya sa protestation à Mgr SiBouH, évêque de Digne, en le consultant làdessns. L'évêque, dans sa longue et savante réponse, non seulement l’appuya, mais prit la défense des