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espérances. Dans celle silualion précaire, en somme, l’Eglise a repris beaucoup de force par sa propre vitalité ; et l’on peut parler de la « Restauration du culte en France avant le concordat », avec l’abbé Sicard, qui allègue de nombreux faits à l’appui. L’ancien clergé de France, t. III, liv. VI, p. 401, sq.

Sur le Concordat de 1801, œuvre bienfaisante ; sur les articles organiques inspirés par Talleyrand et rùdigés par Portails, ajoutés au Concordat par le pouvoir civil, et maintenus malgré les protestations du Pape, d’après les traditions ultragallicanes des légistes qui prenaient ainsi leur revanche, voir larticle Concordats, t.l, col. 638, 63g, et bihtiograpliie, col. 649. — Sur l’opposition que lit au Concordat une minorité d’anciens évéques émigrés, voir GaixioaNrsMB, t. II, col. 282. — On trouve, avec des détails historiques, une appréciation théologique de la constitution civile du clergé, du concordai napoléonien, des articles organiques et du schisme anticoncordalaire de la « Petite Eglise >, dans une notice, Conipendium ltistoricum, elc., insérée par Mionk dans son Tlieolngiæ cursus, 1841, t. VI, col. i ig’j sq. ; l’auteur de la notice est Bouvier, évéque du Mans, gallican modéré, qui d’ailleurs rend justice à Pie VI et à Pie VU.

Après la publication du Concordat (avril 1802), le nouvel épiscopat est contraire à l’infaillibilité du Pape ; car le premier consul choisit naturellement, comme plus complaisants à son pouvoir et à ses projets, des évêques des diverses teintes du gallicanisme. Après avoir lutté surtout contre la prétention consulaire d’attribuer aux constitutionnels une bonne minorité des sièges, Rome se voit contrainte, par Bonaparte, toujours menaçant de tout rompre, d’en accepter une dizaine, pris parmi les plus modérés ; à peine si on la laisse exiger une rétractation de ces prélats schismaliques ; à peine si elle obtient d’eux, par la garantie d’un intermédiaire, une soumission équivoque au chef de l’Eglise. Mais deux ans plus lard, venu à Paris pour le sacre de l’empereur, Pie vu réunira ces évêques, les gagnera par sa touchante bonté, et obtiendra d’eux une rétractation complète et une réelle soumission ; par là unira le pernicieux schisme de la constitution civile, désormais sans évêques, les autres prélats constitutionnels ayant donné leur démission sur l’ordre du premier consul au raomentdu Concordat. — Pourle prétendu concile national convoqué par Napoléon en 181 i, voir tous les documents dans Acta et décréta conciliurum recentiiiruni, Collectio Lacensis, Herder, 1878, t. IV (Gallia), col. I243, sq.

L’enseignement de l’infaillibilité du Pape était d’ailleurs prohibé dans les séminaires par le 24' des 5^ articles organiques : « Ceux qui seront choisis pour l’enseignement dans les séminaires, souscriront la.déclaration faite parle clergé de France en /6"S2 ; ils se soumettront à y enseigner la doctrine qui y est contenue ».

h) I.a Restauration et la monarchie de Juillet, l, Essais de concordat sous Louis XVIII. — Sur le nouveau et meilleur concordat de juin iSi' ; , conclu entre Pie vu et Louis XVIII, et qui amendait les articles organiques, voir Concordats, col. fiSg. Il fut mal reçu par les Chambres, qui plus tard acceptèrent un autre projet,.lors Pie VU remania déiinitivenient les limites des diocèses de France, portés à 80, et les relations entre métropolitains et suffragants. Bullarii romani continuatio, Prato, 1862, t. VU, a" part., pp. 2300-2302.Telle est la « convention de 1832 », qui fut exécutée. Le pouvoir civil s’en tint là, et laissa désormais dans l’oubli le concordat de 1817, où était inscrite l’abrogation du concordat napoléonien. Celui-ci subsista donc, mais malheureusement avec

les articles organiques, arsenal que les divers régimes, pendant toute la durée du xix" siècle, ne manquèrent pas d’utiliser plus ou moins.

2. L’infaillibilité du Pape sous la Hestauralion et le Gouvernement de juillet. — Plus d’une fois les ministres de Louis XVIII écrivirent aux évéques pour faire tenir et enseigner dans leurs séminaires la Déclaration de 1682. Us se heurtèrent à quelques résistances cpiscopales. Ainsi M. Laine, ministre de l’intérieur, s’attira en 18 17 des réponses bien motivées de Mgr d'.viau, archevêque de Bordeaux, héroïque et saint prélat. M. de Corbière, en 182^, reçut une ferme réponse du même ; le cardinal db ClehmontToNNERRE, ; irclievêque de Toulouse, dont un mandement, réclamant la suppression des articles organiques, venait d'être supprimé par le conseil d’Etal, ne daigna pas répondre au ministre, et donna semblable direction à plusieurs évoques qui le consultaient ; voir ces pièces dans La France et le Pape, 1849, par un ancien vicaire général (Mgr Villbcourt), pp. 561, et 566-569. Cf. Gallicanisme, col. 233. Mais la grande majorité des évêques céda. Beaucoup d’entre eux, par vénération pour le grand siècle et surtout pour Bossuet, restaient attachés à la fameuse Déclaration, et de bonne foi, d’autant plus qu’ils en connaissaient moins l’exacte histoire. Nombre de séminaires suivaient le manuel de Bailly, qui rejetait les théories jansénistes, mais soutenait en l’aggravant le gallicanisme de 1682, sans parler d’un grand rigorisme en morale, qui en 1852 lit mettre ce manuel à l’Index ; Dbgebt, Hist. des séminaires franc., t. 11, p. 272.

Des professeurs de séminaires, contraints à l’enseignement des quatre articles, remarquaient avec raison (à l’encontre des circulaires ministérielles) que jamais l’assemblée de 1682 n’avait présenté ces articles comme étant de foi, ni Louis XIV exigé la croyance intérieure (tenir ces articles) mais l’enseignement extérieur ; qu’on n'était pas obligé de les enseigner comme des vérités théologiques certaines, ou ayant pour elles l’assentiment unanime de la catholicité, mais comme des opinions théologiques préférées en France, rejetées en beaucoup d’autres Eglises, ce qui était un fait évident, surtout quand il s’agissait du 4" article sur rinfailliitilité du Pape ; ni tenu de les enseigner dans le sens pervers et abusif qu’y ont attaché les légistes et les gallicans extrêmes, mais dans le sens modéré de leur auteur, Bossuet. En restant dans ces limites, ils se croyaient en règle avec le chef de l’Eglise, qui n’avait point fait de son infaillibilité un article de foi, et qui n’avait pas censuré la doctrine de 168a, mais cassé et annulé les actes d’une Assemblée incompétente pour juger de telles questions. Villecourt cite les curieux raisonnements d’un de ces professeurs, ibid., p. 508 sq. ; cf. 567.

Voilà pour l’enseignement. Quant à l’adhésion intérieure de bien des prêtres à la doctrine de 168a, des consciences inquiètes consultèrent la S. Pénitencerie, qui répondit le 17 septembre 1820, que Rome n’avait jamais censuré cette doctrine ; Bouvier, Institut’iones theoL, Le Mans, 1820, p. 474- — O" consulte de nouveau en 1831 : peut-on absoudre les ecclésiastiques tenant celle doctrine ? — La S. Pénitencerie répond que « la Déclaration de 1683 a été désapprouvée par le Saint-Siège, et les actes de cette assemblée cassés et déclarés nuls ; mais aucune censure théologique n’a été infligée à la doctrine contenue dans cette Déclaration ; rien n’empêche donc d’absoudre les prêtres qui de bonne foi et par conviction adhèrent à cette doctrine, si par ailleurs ils semblent dignes d’absolution ». — Le solliciteur revient à la charge… « Il semble que les prêtres en