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PAPAUTÉ

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précédentes condamnations romaines d’erreurs semblables consiste en deux points surtout. — i" Elle applique à cluiqne article sa censure spéciale. IniioC( nt X l’avait fait pour les cinq propositions de Jansénius ; mais quand on avait une longue liste d’articles à condamner (Baïus, Quesnel, etc.), on y ajoutait une liste de censures ou « notes », sans déterminer d’ordinaire quelle note répondait à tel article : c'était la condamnation in gloho. 2° En face de sectiiires qui insinuaient leur pensée sous des phrases ambiguës, d’apparence dévole, sons des lambeaux de S. Augustin détournés de leur sens, il fallait préciser le sens condamné, et limiter la condamnation au sens malsain irtsinué. Par ce procédé plein de modération, dit le prologue de la bulle, on arrivera mieux à ramener les âmes dans l’unité et la paix, < S’il reste des sectateurs obstinés du synode, ils ne pourront plus, fauteurs de nouveaux troubles, tirer à leur parti, sur des ressemblances purement verbales, des écoles Ibéologiques qui, sous des mots semblables, attestent qu’elles n’ont pas la même pensée, ni les associer injustement à leur juste condamnation. D’autres, qui par inconscience et simple préjugé gardent encore une trop bonne idée du synode, ne pourront se plaindre, puisque la condamnation ne tombe que sur des erreurs dont eux-mêmes se proclament très éloignés. » Ces déterminations exactes renversaient d’ailleurs par la base l’objectioli que nous avons vue dans le premier décret de Pistoie, que les jugements doctrinaux de Home, parce qu’ils sont vagues et indéterminés dans leur objet, n’instruisent pas : d’où ils voulaient conclure que ces décrets n’obligent pas la conscience des fidèles. — Mansi, col. 1263.

Gomme spécimen du procédé, citons deuxarlicles, qui, par leur matière, ont traita notre sujet :

N" 12. « Les décisions en matière de foi rendues dans ces derniers siècles, le synode les représente comme des décrets émanés d’une Eglise particulière ou d’un petit nombre de pasteurs, sans un appui d’autorité sulPisanl, propres à corrompre la pureté de la foi et à exciter des troubles, imposés par la violence, et qui ont fait des blessures trop récemment encore. Ces assertions, si l’on prend le sens qu’elles insinuent par leur rapprochement (complexité acceptae), sont fausses, captieuses, téméraires, scandaleuses, injurieuses pour les Pontifes romains et pour l’Eglise, dérogeant à l’obéissance due aux décrets du S. Siège, schismatiques, pernicieuses, erronées pour le moins. » Voir col. 1508.

N" 85. « Quiconque connaît tant soit peu l’histoire ecclésiastique (dit le synode) devra reconnaître que la convocation d’un Concile national est une des voies canoniques pour terminer dans l’Eglise les controverses religieuses des nations respectives, n — Cette proposition — entendue dans le sens que les controverses de foi et de morale, soulevées dans une Eglise particulière quelconque, peuvent être vraiment terminées par un concile national en vertu d’un jugement irréfragable ; comme si l’inerrance dans les questions de foi et de mœurs appartenait au concile national — est schismatique, hérétique. »

Le même prologue de la constitution Auctorem fiJei nous révèle le grand travail d’où elle est sortie, et ses quatre diverses étapes. Dans les trois premières, on ne fit que suivre l’exemple de Clément XI pour la bulle Unigenitus : voir Bainvei., Etudes, juin 1912, p. 800. — I" étape : examen initial du synode de Ricci par quatre évêques, aidés de théologiens. ? » étape : examen plus approfondi par une commission de plusieurs cardinaux et évêques, où quantité de passages sont extraits, collalionnés entre eux, discutés ; puis chacun des membres transmet

son suffrage à Pie VI, de vive voix et par écrit. Us concluent tous à la condamnation générale du synode et censurent, chacun avec plus ou moins de sévérité, un grand nombre de propositions. 3" étape : examen de ces suffrages par le Saint-Père, i' étape : sous sa direction, se fait un dernier et important travail de compilation et de rédaction, pour déterminer et orJonner quelques chefs principaux, auxquels on rapportera les erreurs que Ion tient à relever à travers le verbiage du synode. Chacun de ces chefs, ou erreurs maîtresses, sera représenté par un ou plusieurs passages typiques, choisis en propres termes dans les Actes et décrets ; on lui appliquera la note ou les notes qu’il mérite. Mansi, col. 1262.

Le dernier travail est attribué à Geroil ; Moroni, Dictionnaire, t. LUI, p. 2r)4. Quoi qu’il en soit, le cardinal Gerdil a été en 1800 l’apologiste de la bulle contre le seul évêque qui ait alors écrit pour la défense de Uicci, Mgr Solari, « évêque-citoyen » de Noii en Ligurie, qui agit aussi sur le sénat de Gênes pour empêcher la publication de V Auctorem fidei. Son ofiuscule, édité en 171)6, est anonyme, mais il avoue lui-même en être l’auteur dans une lettre aux évêques constitutionnels de France, en 1801 ; Mansi, col. 997. — Les écrits de Gerdil (en italien) pour défendre la bulle sont résumés en français, avec quelques documents à l’appui, dans les Analecla juris pontiftcii, K^série, Rome, 1855, p. 626 sq. ; 3' série, 1858, p. 1432 sq.

La bulle Auctorem fidei, à cause des longues perlurbations qui suivirent, n’a pas été assez connue en Erance. Aujourd’hui même, les catholiques trouveraient dans cette infaillible décision, traduite et commentée, la lumière sur plus d’une erreur circulant encore. Dans VEnchiridion de Denzinoer-BannWART, n. I 501 sq., on ne trouve ni le prologue de la constitution, ni avant chaque article condamné la citation de l’endroit du synode d’où il a été tiré ; voir cela dans Mansi, t. XXXVIII, col. 1261 sq, en seréSérAJil&uxvdes et décrets de Pistoie qu’il a reproduits col. loii sq.

I.'épi’ogue de la bulle regarde spécialement notre sujet. PieVI y condamne « l’adoption très vicieuse n par le synode de Pistoie, de la Déclaration de 1687, adoption bien pire que la Déclaration elle-même.

« Car, dit-il. malgré les Papes qui l’ont désapprouvée, le synode la comble d'éloges ; bien plus, il

l’adopte par un acte solennel, et l’introduit insidieusement dans un décret intitulé « De la Foi », où il se sert des quatre articles pour résumer et comme sceller ce long décret, ce qui est faire une grave injure à l’Eglise de France, en lui attribuant le patronage des erreurs dont il est plein » ; D, II., 1598, sq. — En effet, le synode de Pistoie avait ajouté que les quatre articles, qu’il citait en entier, pouvaient « servir de conclusion à tout son chapitre sur la foi, et de sceau final aux vérités qui y sont enseignées ». Mansi, col. 1016. D’ailleurs, le clergé de France n’avait jamais prétendu que les quatre articles fissent partie « de la foi ».

D. Conséquences de cette crise, en France, après Louis XV, jusqu’au milieu du XIX' siècle. 1° Louis XVI. — Voir cet article. 2° Révolution. — Voir cet article. 3" Première moitié du xix' siècle français.

a) Napoléon. —.^la mort de Robespierre, la Convention vote la séparation de l'église constitutionnelle et de l’Etat, et établit la liberté des cultes, mais très restreinte et déUante à l'égard de la véritable Eglise.

La révolution de fructidor renouvelle les persécutions, suivie de celle de brumaire qui donne des