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foi de saint Pieri’e, uliii qu’elle ne put défaillir. liéponse à l’adxertissement adressé par le Séréntssime lioy de la Grande Bretagne à tous les princes et potentats de la chrétienté ; QBuA’res, p. 359.

Citons enfin un célèbre commentateur de saint Thomas, François Sylvius, docteur et vice-cliancelier de l’université de Douai, et chanoine delà même ville, dans ses Controten^es. publiées en 1638. « Il est de foi certaine, dit-il, que le jugement du Pontife romain dans la décision des choses de foi est infaillible ; tellement que, lors<|u’il définit e.r cathedra, c’est-à-dire lorsque, agiseani comme Pontife, il propose à l’Eglise quelque chose à croire comme de foi, il ne peut en aucun cas se tromper, soit qu’il délinisse avec le concile général, soit (]u’il détinisse sans lui. « Depræcipuis fidei contro^'ersiis, L.IV, q. 2. a. 8 ; Opéra, Anvers, 1714, t- V, p. 313.

b) Actes officiels. — En 1612, le Libellas fui condamné en France comme « contenant des propositions fausses, erronées, scandaleuses, schisraatiqueset hérétiques i>, ^ar deux conciles provinciaux ; l’un en mars, tenu à Paris sous la présidence ducardinal Duperron, archevêque de Sens et primat, dont le siège de Paris était suffragant ; l’autre en mai, tenu à Aix. Le récit des travaux préparatoires et des diverses démarchesqui précédèrentces condamnations se trouve dans Puyol, op. cit., t. I, p. 346-36 1 ; les pièces officielles, ibid., p. 36^, sq. C’est en vain que Richer voulut introduire au parlement un appel comme d’abus de la censure de son livre ; et il fut déposé par la Surbonne de sa charge de syndic la même année ; ibid., p. 873 sq.

En 1617, un autre acte officiel de la Sorbonne vint manifester sa pensée sur les graves questions théologiques soulevées par Richer. L’archevêque de Spalato, Marc Antoi.ne de Dominis, avait passé à l’anglicanisme et venait de publier à Londres son De republica ecclesiastica, où, à l’appui de plusieurs de ses idées, qui étaient celles de Jacques I"'^, il invoquait la Sorbonne elle-même. Ainsi mise en cause, et sur la requête d’Ysambert alors son syndic, la faculté de théologie examina l’ouvrage et en censura 47 propositions « choisies parmi un grand nombre d’autres ». Voir d’Argentré, Collectio…, t. ii, part.II, p. io5 sq ; cf. Duval, De suprema Hum. Pontif. potestale, Paris, 1877. p. 28 sq. Sans doute, l'évêque apostat allait en général beaucoup pins loin que Richer ; et ce dernier pouvaitn'être pasatleint quand on déclarait hérétique cette 6" pi’oposition : <i Monarchiæ formam non fuisse immédiate in Ecclesia a Christo institutam. » Mais quand on déclarait « hérétique dans toutes ses parties » la 11' proposition empruntée à Jean IIuss : « qu’il n’y a pas en l’Eglise d’autre chef suprême ni d’autre monarque que le Christ ; que par ses nomlireux ministres le Christ gouverne parfaitement son Eglise en se passant de ce monarque mortel », — ne réveillait-on pas le souvenir de cet endroit du I.ibellus où le Christ est déclaré » le seul monarque essentiel », où l’Eglise est montrée comme se passant très bien du Pape pendant la vacance du siège ? Quand on rejetait comme une imposture pure et simple contre la faculté de Paris » cette ' proposition de Dominis : « … L'école de Paris est à nous, et en réalitéelle tient pour un pouvoir aristocratique et non pas monarchique » —, cctait en effet une imposture de dire cela de la Sorbonne, ancienne ou nouvelle ; mais Richer, lui, n’avait-il pas proie à cette calomnie contre le corps savant auquel il appartenait, et ne donnait-il pasà l’Eglise » en réalité « uneforme aristocratique et non pas monarchique ? Enfin, quand on censurait comme erronée la 8" proposition visant directement l’infaillibilité de saint Pierre et indi rectement celle de ses successeurs :  ; Pierre déchut presque aussitôt de cette foi qu’il avait eue en confessant le Christ {.Matth., xvi), et ce n’est pas une seule foismais plusieurs, qu’il chancela, même après l'.scension et la Pentecôte » —, le seul fait que l’on choisit parmi beaucoup d’autres cette proposition pour la censurer ne montre-t-il pas que la Sorbonne tenait alors à la doctrine de l’infaillibilité du Pape, attaquée par Richer, aussi bien que par de Dominis ? On peut donc interpréter cet acte solennel de la Faculté dans quelques-unes de ses censures, comme une nouvelle manifestation de la pensée du grand nombre contre le gallicanisme de Richer. Un docteur de Sorbonne se proposait même de publier un livre pour montrer les rapprochements entre les erreurs de Richer et celles de de Dominis ; mais le nonce Bentivoglio l’en dissuada, dans la crainte de pousser au désespoir un prêtre et un docteur. Lettre du 17 janvier 1618, dans Puyol, 1. 11, p. 1 54

En 1620, « un Irlandais ayant soutenu publiquement dans ses thèses Vui/aillibililé du Pape, le docteur Hennequin, richérisle, se plaignit au syndic qu’il eût permis d’imprimer et de soutenir une semblable thèse ; mais le syndic riposta qu’il l’avait approuvée et l’approuverait encore en toute autre occasion. Dans l’assemblée de Sorbonne qui suivit, le syndic Besse se plaignit des richéristes…, lit apporter les registres de la Faculté et lire solennellement deux anciens décrets faits à des époques différentes, conformes de tous points à la thèse récemment soutenue sur l’infaillibilité du Pape… Ces décrets furent approuvés de tous, sans aucune opposition… On a connu en cette occasion la grande faiblessedes richéristes. Si on en fût venu aux votes, pour un mauvais, il 3' en aurait eu dix bons. » Lettres de Rentivoglio du 28 mai et du 3 juin 16ao ; ibid.. p.155-158.

3" Quels sont les résultats de l’initiative de Ricber ? — De son temps, il n’a pu retourner toute la Sorbonne vers les idées gallicanes : mais il est arrivé à en détruire l’union el à la diviser en deux camps. Il n’a pu gagner tout le clergé de France : mais il a rendu au gallicanisme en décadence un commencement de vogue dans les milieux ecclésiastiques.

Vers un avenir plus éloigné, l’influence de Richer a eu un double prolongement :

a) En se faisant l'éditeur et l’apologiste de Gerson, en invoquant à tout propos « l’ancienne tradition » gallicane — combien peu ancienne à vrai dire et combien rapidement déchue, nous l’avons vu —, Richer a travaillé sans le savoir pour un gallicanisme plus modéré que le sien, et qui en 1682 réussira à s'établir en France.

b) Par le caractère outrancier de son gallicanisme personnel, il a préparé les voies aux révoltes et aux essais de schisme qui apparaîtront de loin en loin après lui dans l’histoire, surtout chez lesjansénistes qui ne tardèrent pas à se rallier au richérisme.Ainsi en 1717, quatre évêques jansénistes appellent de la bulle Unigenitus au futur concile, avec adhésion de la Sorbonne, du Parlement et de plusieurs prêtres et laïques : les « appelants » tendent à provoquer un schisme national ; voir Jansénisme, col. Il 7g et Gallicanisme, col. 230. C’est lamême racede jansénistes révoltés et d’ultra-gallicans qui, au commencement de la Révolution, élabore la Constitution civile du clergé et introduit le schisme en France, voir Jansénisme, col. 1184. On comprendra mieux l’influence de Richer en ces occasions, si l’on prend garde à deux points secon<lairesde son système, secondaires parce qu’ilss’y font moins remarquer, mais importants par leurs conséquences. Il laisse une porte ouverte sut