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PAPAUTE

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tupeurà la vue des noms augustes qui se rencontrenlS ur les listes de la secte perverse. Quant à Vlndex, )om Guéi-anger faisait remarquer, il y a déjà longemps, qu'à cette époque, où l’autorité de la religion tait encore respectée dans l’ensemble des familles, l pouvait sulUre à préserver la société clirétienne ; ue de fait il avait protégé l’Espagne et l’Italie, qui e furent infectées profondément que plus tard, à la uite des guerres de la Révolution..Mais en France Index n'était pas reçu ; c'était une des libertés de Eglise gallicane, qui s’en remettait, pour l’interiction des écrits impies ou immoraux, à la cenure royale. Or, quand on songe qu’au moment ù les philosophes donnèrent leur assaut décisif, la ?nsure se trouvait entre les mains de Malesherbes,

: nr disciple ; quand on songe que pendant vingt

as il ne s’occupa que d’aider leur propagande, rservant ses sévérités aux quelques écrivains couigeux qui les combattaient, on ne peut s’empêcher

! penser que nos dévots ancêtres, avec leur idée

instante de se garder contre les empiétements de urne, avaient pris tous les moyens de se livrer à ennemi.

Tout cela ne sullisail pas encore ; pour que le plan s sectes put réussir, il fallait que les défenseurs de l’ancien ordre de choses détruisissent euxèmes leurs citadelles. Est-il exagéré de dire que tte trahison suprême était au bout de la pente où le gallicanisme avait placé les rois ? Ce Hait plus d’ailleurs une maladie particulière à la ance ; sous le nom de régalisme il s'épanouisil partout. Partout les souverains avaient tenace à étendre indéûniment leurs attributions, même matière religieuse, aux dépens de l’autorité de glise, quand ils n’allaient pas jusqu'à considérer droits de l’Eglise comme émanant de leur bon lisir. De là à certaines conceptions révolutionnaires, l’y avait pas très loin. Si le pouvoir royal est l’orile de tout, il peut aussi tout détruire. En défiance lire l’Eglise, lescouronnes catholiques se laissaient convenir par les philosophes et séduire par leurs anges perlides. Bientôt, sous cette influence, la issance publique s’orientait vers les a destructions iessaires » et l’on voyait apparaître, sous le nom

« despotisme éclairé », une sorte de politique radie pratiquée par les rois.

ja. première institution que les novateurs devaient er, c'était la Compagnie de Jésus. Maîtresse d’une nde partie de l’instruction de la jeunesse, peute eût-elle pn à elle seule paralyser tous leurs >rts. Mais ils trouvaient pour l’attaquer beaucoup Iliés : les protestants, les jansénistes, et de plus s ceux qui, à un degré quelconque, étaient hoss à l’influence romaine. Les princes catholiques, î les Jésuites avaient si bien servis, tout spécialent les Bourbons, se laissèrent égarer par des ïistres gagnés eux-mêmes aux plans de l’impiété, après avoir supprimé la Compagnie dans leurs ts.ils n’eurent de cesse qu’ils n’obtinssent du pape )olition de l’Ordre dans tout l’univers. 1 la même époque on voyait en France une Comision des réguliers, nommée par le roi, sous prête de réformer les abus, préluder aux séculariionsrévolutionnaires. En Allemagne se propageait lystème de Fébronius. Cet auteur avait poussé si 1 la défiance vis-à-vis de Rome que l’assemblée du gé de France, effrayée de son radicalisme, avait cononé son ouvrage. Gela ne l’empêchait pas de compde nombreux disciples de l’autre c6té du Rhin, omme toujours, en réclamant la liberté à l'égard pape, on se préparait à recevoir des chaînes delà in de l’Etat. Le fcbronianisme en effet frayait la e an joséphisme. Ami des philosophes et passa blement imbu de leurs maximes, Joseph II considéra réellement les matières ecclésiastiques comme des matières d’Etat. Sans plus de respect pour la législation canonique que pour les coutumes immémoriales de ses peuples, il prétendait tout réglementer et toiit bouleverser, même et surtout dans le domaine religieux, pour rendre tout conforme à ces grands principes abstraits de liberté, de tolérance et de bienfaisance dont on lui rebattait les oreilles, et qui convenaient à cette époque d’affranchissement et de lumières. En vain Pie VI voulut-il faire en personne le voyage de Vienne pour l’amener à résipiscence ; il ne put rien obtenir.

Pauvres souverains ! ils inauguraient dès lors cette politique, si souvent reprise par leurs successeurs au xix' siècle, d’exécuter de leurs propres mains le travail de la Révolution, comme pour se faire pardonner de régner au nom du droit chrétien et d’avoir reçu sur leur front l’onction sainte. Peine inutile, d’ailleurs ! les sectes, après s'être servies d’eux, devaient tôt ou tard les briser. Malgré toutes leurs avances, ils restaient les descendants des rois protecteurs de la croix, ils pouvaient un jour se souvenir de leurs ancêtres, des serments de leur sacre, ou du moins comprendre leurs propres intérêts. Aussi l'œuvre de destruction commencée par eux ne devait pas épargner leurs trônes. Il fallait arriver à tout confier à la masse et à l’opinion anonyme. Alors les sectes, connaissant les moyens, peu reoommandables du reste, de fabriquer cette opinion souveraine, jiourraient être vraiment maîtresses. Mais alors aussi, par un concours providentiel de circonstances, la Papauté apparaîtrait en face d’elles, investie d’une force toute nouvelle, et bien résolue p<iur son compte à ne leur rien céder.

Mais revenons au xviii* siècle ; c’est peut-être la période la plus ingrate qu’ait connue la Papauté ; la qualité même de l’action pontificale semble quelque peu s’en ressentir. Ce n’est point qu’on ne puisse citer à cette époque plus d’un beau trait de courage apostolique. Tel le décret par lequel Benoit XIII étendaitàl’Egliseuniverselle la fête de saintGrégoire Vil avec un oflîce qui proclamait les vérités les plus opposées aux erreurs gallicanes ; telle surtout la bulle Apostolicum munus(i’j6b), par laquelle Clément XIII décernait à la Compagnie de Jésus la glorification la plus magnifique, au moment oii toute l’Europe était conjurée contre elle. C’est par de semblables actes qu’au milieu des époques les plus sombres on réserve l’avenir. L’on peut citer aussi, dans ce siècle sceptique, un pontife dont le nom rayonne d’un vif éclat. Benoit IV, l'éminent canoniste, par sa haute culture et ses grandes qualités d’esprit, sut s’attirer l’admiration même des philosophes. Ajoutons que, par sa politique prudente, il parvint, mérite plus solide, à pacifier l’Eglise de France, agitée par le Jansénisme. Cependant déjà chez lui on peut signaler la tendance à plaire aux couronnes par des concessions parfois excessives. Ainsi, n’y a-t-il pas lieu de s'étonner quand on le voit étendre encore les prérogatives déjà si exorbitantes du Portugal dans les pays de missions, au moment où le gouvernement de cette nation s’apprêtait à entrer en lutte avec l’Bglise ? Clkmbnt XIV poussa cette tendance plus loin encore. Pour le bien de la paix, il se crut obligé de sacrifier la Compagnie de Jésus à l’odieux parti pris des cours bourboniennes. Encore la mesure en elle-même pourrait-elle se justifier, s’expliquer au moins, par l’extrême difficulté delà si tuation.Mais la rédaction du bref de suppression est vraiment attristante. On souffre de voir le pape désavouer l’acte le plus glorieux de son prédécesseur. En vérité, cette fin de l’ancien régime prenait, pour ainsi dire, à tâche