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PAPAUTE

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papes Innocent, Zosime, Boniface, Célestin, comme en témoignent sa correspondance et sa polémique. Voir la lettre synodale des Pères de Milève (4 17) à Innocent I", i'/ » -, CLXxvi, /"./-. XXXlll, '583-4, faisant appel à l’autorité du Saint-Siège pour flécliir les hérétiques ; une autre lettre, Ep. CLXSVU, 764-772, sollicitant une sentence doctrinale. La réponse d Innocent afflrme l’autorité du Siège de Pierre, £/>., cixxxi, 1, 780 ; revendique la sollicitude de toutes les Eglises, Eji., CLXXxii, 2, 784 ; menace d’analhème les adhérents de Pelage, Ep., CLXxxni, 5, 788..ugustin se félicite de cette réponse, telle qu’on pouvait l’attendre du Siège apostolique, Ep., clxxxvi, 1, 2, 817 Nous trouvons dans un sermon de cette même année 417 sa pensée définitive sur toute cause portée à Rome : c’est une cause jugée. Serm., cxxx, 10, P. /.., XXXVIII, 734 : /ain eniin de Iiac causa duo concilia missa sunt ad Sedeni apostulicam ; inde etiani rescripla veneriinl. Causa finilæst : utinam aliquandt> finiatur error.' — Nous empruntons ces références au P. PoRTALlK, art. Augustin, Dictionnaire de Ihéid. cath., I, 241 5. On trouvera, sur le sujet que nous venons d’effleurer, les développements les plus nuancés et les plus complets dans le beau livre de Mgr P. Batiffol : Le Catliolicisme de saint Augustin, Paris, 1920.

Ainsi parlait l’Eglise du iv" et du v* siècle, par l’organe de ses grands docteurs.

En même temps que l’Empire d’Occident s’effondrait sous la poussée des barbares, le rôle de la Papauté allait grandir sans mesure.

Le pape saint Célrstin (4 22-432) qui, au lendemain de la mort de saint Augustin, avait consacré par une sentence dogmatique la pensée du docteur d’Hippone sur la grâce, réglait, par ses légats, la procédure du concile d’Ephèse contre Nestorius, et revendiquait devant ce concile la primauté permanente du Siège de Pierre. Mansi, Sacrorum Conciliorum A’oi’a et amphssinia Collectin, t. IV, 1296 B ; ou D. B., lia. Saint Lkon (440-461), par ses légatsencore, traçait au concile de Glialcédoine la voie orthodoxe contre Eutj’chès. Mansi, t. V, i 87 i D sqq., ou D.B., 143-4 (132-3). Il était réservé au même pape d’arrêter Attila aux portes de Rome.

Dès le début du conflit inonophysite, saint Pierre Chrysologue écrivait de Ravenne à Eutychès pour l’engager à la docilité envers le l)ienheureux Pierre, vivant dans la personne du pape de Rome. Ariiéc iig, P.l.., LIV, 743. Le concile de Chalcédoine. en sa deuxième spssion (10 oct. 451), avait acclamé l'épître dogmatique du papesainlLéon à Flavicn d’Antioclie, comme l’expression autorisée de la tradition apostolique : Pierre a parlé par Léon ! » Dans son épître sj’nodale au même pape (nov. 451). il revenait sur la même pensée en déclarant que le pape, présent en la personne de ses légats, avait mené le concile, comme la tête mène les membres (Inter Epp. S. l.eonis, xcviir, 1, P.L., LIV, 952C). Cependant le même concile, dont la détinition de foi a reçu la sanction du pape et jouit d’une pleine autorité dans l’Eglise, a promulgué des canons dont l’un, le 28", fut expressément condamné par le pape, comme une atteinte portée à la primauté romaine. Déjà le concile de Constantinople, en son 3= canon, avait revendiqué, pour l'évêque de Constantinople, une primauté d’honneur immédiatement après révêque de Rome, en invoquant la majesté de Constantinople, qui est la nouvelle Rome, Mansi, III, 560D. Les Pères de Chalcédoine renouvelèrent cette prétention, dans leur canon 28, Mansi, Vil, 869. La protestation du pape Li’iONne se lit pas attendre ; elle se produisit à maintes reprises, et d’abord dans une lettre à l’em pereur Marcien, du 22 mai 452. Le pape reiiousse la raison alléguée : la dignité de la ville impériale est ici hors de cause, Ep., civ, 3, P.L., LIV, ggSA : lia beat, sicut oplamus, Constantinopulilana civitus gloriam suam, ac protegente dextera Dei diuturno clementiae lestræ fiuatur imperio. Alia tamen ratio est rerum sæcularitim, alia divinarum ; nec præter illam petram, quam Dominus in fandaniento posait, slah : lis erit ulla constructio. Voir encore Eip., cv, à Pulcbérie, même date ; Ep., cvi à Anatole, patriarche de Constantinople, même date ; Ep., cvii, à Julien évéque de Cos. même date ; Ep., oxix, à Maxime d’Antioche, Il juin 453 ; Ep., cxxix, à Proterius d’Alexandrie, 10 mars 454 ; ^/'.i cxxvii, à

lulien de Ces, 9 juin

Cette coirespondance

manifeste, chez le pontife romain, la volonté arrêtée de ne laisser prescrire aucun des droits souverains qui appartiennent à son siège.

C'était depuis longtemps un lieu commun d’invoquer le témoignage rendu par saint Paul (Itom., i, 8) aux fidèles de Rome, dont la foi est annoncée par le monde entier. Les Pères en prenaient occasion d’alUrnier, avec la constance des Romains dans la foi, l’autorité particulière de leur Eglise. Nous avons déjà rencontré tel de ces textes ; groupons ici quelques références, commentées par Dom J. Chapman, Fides romana, dans liev. Bén.. 18g5, p. 546-557.

Saint Irénke, C.Hær., III, iii, 2, P. G., VII, 848B ; NovATiKN, inter Epp. Cypr., xxx, 2, éd. Hartel, [). 550 ; saint Cyprien, Epp., lix, 14. p. 683 ; lx, 2, p. 692 ; Origène, In Rom., 1. I, ix, P. G., XIV, 855 ; saint Jean Chrysosto.mr, In Boni., Jlom., 11, i, /". G., LX, 401 ; Thkodorbt, Epp., cxiii, P. G., LXXXIII, 1313 B ; cxvi, 1324D ; saint JiiHùME, Epp., xv, i, P. /,., XXII, 355 ; xLvi, 11, ib., 490 ; lxiii, 2, 607 ; lxxxiv, 8.750 ; cxxx. 17, 1120 ; In Gal., 1. III, prol., P. /.., XXVI. 355 B ; Apologia adv. lihr « s B.ifini, III, xii, P. /.., XXIII, 466 C ; XI, 472 A ; Adi' lofinian., II, XXXVIII, 337 ; saint.Augustin, Depêccat. orig., viii, 9, P. /.., XLIV, 389 ; Epp., XXXVI, 19, 21, P. /.., XXXIU, 145 ; LUI, 1, 195 ; cxciv, 1, 875 ; saint Léon, Serm., iii, 4, P. /.., LIV, 147 C ; évêques de la Tarraconnaise écri%-ant au pape Hilaire, nov. 465, ap. TiiiEL, Epistotæ Romanorum Puntipcum, p. |56.

Peu après le commencement du vi » siècle, le pape HoRMisDAs (5 1 4-025) proposait à la signature des évêques d’Orient et d’Occident une formule de foi qui constitue le plus solennel hommage à la doctrine immacnlée du Siège de Pierre. Voir, ap. P. B., 171 {il), a formule proposée aux évêques d’Espagne, à la date du 2 avril 517 : Prima salus est reclæ fidei regulam cuslodire et u constitutif Patrum nuUntenus deviare. Et quia non potest Domini nosiri lesu Cliristi prttetermilti sententia dicentis : Tu es Peirus et super hanc petram aedificaho Ecdesiam meam.., hæc quae dicta sunt rerum prohantur efj’ectihus, quia in Sede Aposialica citra maculam semperestcatholica servata religio… — Presque identique est la formule souscrite par Jean, patriarche de Constantinople, C.S.E.l.., XXXV, C08 sqq. — L’acte d’Horraisdas ne faisait que consacrer par une reconnaissance officielle une situation acquise.

A. d’Alôs.


III
ROLE HISTORIQUE DE LA PAPAUTE

I. la Papauté de Constantin à Charlemagne.

II. De Charlemagne à saint Grégoire VU.

III. De saint Grégoire VII à Boniface VIII.

IV. Les papes des XIV' et XV' siècles.

V. La Papauté en face de la Réforme protestante.